05/11/1999 – la paranoïa de M. Guelleh aura-t-elle pour conséquence l’effondrement du régime ?

Après son élection obtenue grâce à une fraude électorale sans précédent, M. Guelleh s’est installé au pouvoir.

Il aurait pu choisir de rompre avec le régime de M. Gouled et d’agir pour le bien du peuple, en modernisant le pays et son système politique. Beaucoup d’électeurs et d’observateurs l’espéraient.

Un durcissement … incompréhensible
Au contraire, M. Guelleh a choisi de durcir le régime dictatorial et de laisser l’économie djiboutienne se désagréger.

Le durcicement :

Ouverture de grands procès contre tous les opposants politiques,

emprisonnements de complaisance,
tortures et refus de soins médicaux aux prisonniers,

menaces de mort adressées aux personnalités encore en liberté,

anéantissement de la liberté de la presse – Interdiction des journaux,
– emprisonnement des journalistes,

– expulsion des journalistes de France 2 et saisie du matériel et des cassettes,
– récente interdiction d’accès à notre site …..
La désagrégation de l’économie :
Même si l’économie djiboutienne n’était pas brillante, le régime pouvait compter sur l’augmentation des recettes du port et du train, pour réduire sensiblement le déficit du budget.
Or nous constatons que les charges de gestion de l’Etat ont augmenté de plus de 30 % au premier semestre 99.

Que s’est-il passé ?

Les dépenses personnelles de M et Mme Guelleh ont été stupéfiantes : voyages … séjours à Paris dans l’hôtel le plus cher pendant un mois avec une suite de 10 personnes environ, …

l’enrichissement personnel du dirigeant qui constitue une véritable fortune à l’étranger et qui doit entretenir une somptueuse Villa et une armée de personnel à Djibouti-Ville – Il envisage d’ailleurs une acquisition immobilière de première importance à Paris (Quelle est la provenance des fonds ?)

la pratique du clientélisme pour acheter des soutiens politiques.
La situation est telle que la Coface, toujours bienveillante envers les pays défavorisés, a décidé de ne plus garantir les exportations vers Djibouti….

La France vient de fermer son Poste d’Expansion Economique …. le 1 er Octobre 99, ce qui ne s’était jamais vu !

Aujourd’hui, après six mois de Présidence de M. Guelleh, la République de Djibouti est totalement discréditée sur le plan économique, comme elle l’est sur le plan des Droits de l’Homme.

On parle beaucoup du prêt du FMI.
Qu’est ce que Djibouti a obtenu ?
Une miette de la part du FMI : 26,5 millions de Dollars sur trois ans, soit 60 millions de FF par an.

Cela paraît beaucoup, mais c’est très peu dans la réalité : environ 120 FF par an et par habitants. C’est beaucoup pour M. Guelleh qui en accaparera certainement une fraction importante, mais c’est peu pour les Djiboutiens et cela ne changera pas leur vie quotidienne.

Le régime est-il en train
d’engendrer sa perte ?
Manifestement M. Guelleh a peur !
Il a focalisé sur sa personne la haine et le désir de vengeance d’une majorité de Djiboutiens.
Même au sein de ses troupes, il est contesté. Ses plus fidèles soutiens commencent à penser qu’il en fait trop et la contestation larvée pourrait éclater dans les prochains mois. Elle a déjà commencé au sein de l’Armée et probablement dans d’autres cercles.

Par ailleurs les institutions internationales en charge de la répression des crimes contre l’humanité commencent à se mettre en place et les dictateurs seront de plus en plus impliqués et punis. Le cas Pinochet est un premier exemple et il sera suivi par d’autres.

M. Guelleh échappera-t-il toujours à la justice internationale ? Les dossiers constitués par les Associations sont accablants et il aura beaucoup de difficultés à se défendre le jour venu.

Il a certainement bien raison d’avoir peur ….

Saura-t-il renverser la vapeur et le style dictatorial de son régime avant qu’il ne soit trop tard pour Djibouti et pour les Djiboutiens ?

Jean-Loup Schaal
ARDHD