11/11/1999 – La croisée des chemins pour M. Guelleh. A-t-il encore la liberté de décider un changement de politique ou est-il l’otage des personnalités ?

Le durcissement du régime, en particulier depuis le mois de juillet, a surpris et déçu les observateurs, les gouvernements et les Associations.

Comme nous l’écrivions la semaine dernière, le régime s’enfonce dans une forme dictatoriale de la pire espèce. Les mise en garde et les menaces de sanction n’ont pas tardé à venir. Après avoir été placé au banc des nations sur le plan humanitaire, Djibouti voit poindre à l’horizon des menaces économiques graves, qui sont probablement nécessaires, mais qui seront subies une nouvelle fois par la population civile.

Mercredi 10 novembre, le débat à l’Assemblée Nationale sur l’amendement 117 défendu par Me MONTEBOURG est le signe d’une évolution sérieuse de la bonne volonté des parlementaires à l’égard de Djibouti. L’amendement a été repoussé  » in extremis « , mais les députés ont exprimé leur réprobation et leur condamnation des pratiques de M Guelleh. On lui donne encore une chance, mais qu’en sera-t-il lors de l’examen du prochain budget ?

Aujourd’hui le régime est placé face à une alternative :
· soit intensifier la répression en utilisant les fonds internationaux pour acheter des armes et des mercenaires (contrairement aux engagements de démobilisation) et en incarcérant tous les opposants politiques ou en les tuant avec leur famille : les menaces à l’encontre de Me AREF et de Moumin BAHDON sont prises très au sérieux,

· soit changer radicalement d’attitude pour se rapprocher de la communauté internationale, qui ne veut que du bien à Djibouti et surtout à son peuple. Ce changement passe forcément par les soins médicaux à tous les prisonniers, la libération des prisonniers politiques détenus sans jugement, par une amnistie en faveur de tous les journalistes, par l’annulation des décisions d’interdiction des journaux d’opposition, par la restitution de tous les passeports confisqués arbitrairement, par la fin des exactions policières et par la rénovation d’un système judiciaire efficace et indépendant.

Monsieur Guelleh a-t-il encore la liberté de changer ses orientations ou est-il déjà sous la coupe de certaines personnalités qui l’ont soutenues jusqu’à présent, mais qui le tiennent en otage pour l’empêcher de changer de politique, afin de protéger leurs intérêts personnels et de continuer à amasser des fortunes à l’étrange.

Nous espérons vivement qu’il n’en soit rien et nous engageons M. Guelleh à donner rapidement des signes de changement réels et non des faux-semblants comme il l’a déjà fait dans le passé.
Faute de quoi, nous pouvons lui prédire, sans prendre de risque, un avenir difficile tant pour la République de Djibouti qui en souffrira, que sur le plan personnel.

On a rarement vu des dictateurs aussi sanguinaires finir confortablement et tranquillement leur existence.

Jean-Loup SCHAAL
ARDHD