26/11/1999 – Interview de Georges-Henri BEAUTIER, Président de la ligue Belge des D.H. par Istvan FELKAI

Cela se passe au bout du monde dans un pays dont on ne parle jamais. Djibouti, un ancien territoire français de la corne de l’Afrique. A l’entrée de la mer rouge. Des prisonniers politiques ainsi que des droits communs mènent en ce moment une grève de la faim pour protester contre leur condition de détention dramatique. Ils exigent des avocats et de passer devant un juge, bref, les conditions minimales d’une justice démocratique. Une mission de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme à laquelle participait une magistrate française et l’ancien directeur de la Prison de la Santé, était récemment à Djibouti où elle a pu visiter les prisons.

Le Président de la Ligue Belge des Droits de l’Homme, Georges-Henri BEAUTIER participait aussi à cette mission. Istvan FELKAI l’a rencontré à Paris.

G-H BEAUTIER
A Djibouti, il y a une grève de la faim à laquelle participent une centaine de détenus d’abord parce que le système politique et économique est un système colonial, médiéval ; c’est une ancienne Colonie de la France qui sévit toujours, dans une très grande dépendance de la France et parce que les conditions d’incarcération sont absolument des violations flagrantes aux Droits de l’Homme : on a pu le voir en allant sur place.

I. FELKAI
Pourquoi parler de Djibouti aujourd’hui, un pays quasiment inconnu du grand public ?

G-H BEAUTIER
Justement la corne de l’Afrique, c’est un sous-continent dont on en parle que quand il y a des fléaux, vous savez Djibouti est un carrefour entre l’Éthiopie, l’Erythrée, le Soudan et la Somalie ; c’est la misère à l’état pur.

I. FELKAI
Vous espérez faire pression essentiellement sur la France qui entretient environ 3.000 soldats sur place, qui dirige le pays par coopération interposée ?

G-H BEAUTIER
Les conditions de détention, le système de Justice ne fonctionnent pas. Vous ne pouvez pas cautionner, vous État français ou vous Europe, une telle situation de non-droit, de violation telle des Droits de l’Homme.

Donc, vous devez trouver autre chose pour venir en aide aux populations djiboutiennes que de soutenir un régime dictatorial et qui se remplit les poches.

Il faut être clair, on ne peut pas accepter que dans cette partie de l’Afrique, il y ait des violations aussi importantes et qu’on ne parle pas.