02/12/1999 – Aprés avoir encaissé les premières subventions du FMI …
M. Isamël Omar Guelleh relance la guerre.

La majorité des Associations concernées par la situation à Djibouti avaient alerté le FMI et son directeur général M. CAMDESSUS, pour lui demander de ne pas accorder de nouveaux prêts au régime djiboutien. Nos appels étaient motivés par le fait que ces subventions avaient toutes les chances d’être détournées de leur destination et de servir à réactiver la guerre.

Nos craintes étaient fondées, puisque dès les premiers versements, M. Guelleh s’est empressé de relancer de nouvelles opérations militaires d’envergure dans le Nord-Est. Outre les combattants des deux camps : l’Armée Nationale Djiboutienne, la Police et la Gendarmerie d’un côté, les résistants du FRUD de l’autre, ces combats sont dévastateurs pour les populations civiles. On cite de nombreux cas d’exécutions sommaires, de tortures, de viols, de destructions d’habitation, de cheptels et de point d’eau par les forces gouvernementales.

Ainsi l’argent du FMI, au lieu de profiter aux populations civiles, est utilisé pour les anéantir.

I.O. GUELLEH : la recherche illusoire du pouvoir absolu !

Monsieur Guelleh, Président élu grâce à une fraude électorale sans précédent, cherche à instaurer un pouvoir absolu sur Djibouti. Il est probablement le seul avec son entourage proche à être persuadé qu’il y arrivera. L’histoire a montré qu’il était impossible d’enfermer indéfiniment tout un peuple sous une chape de plomb.

1 – Il n’est plus possible d’empêcher que les nouvelles de l’extérieur parviennent dans un pays : les progrès réalisés en terme de transport de la communication ont fait tomber les frontières les plus étanches.

Monsieur Guelleh a fait arrêter et emprisonner tous les journalistes de l’opposition et interdire leurs journaux. Un nouveau journal a été immédiatement lancé sur Internet…

Monsieur Guelleh a fait interdire l’accès à ce journal à partir de Djibouti : le journal est diffusé désormais par abonnement dans les boites E-Mail, etc…

2 – Toutes les personnalités de l’opposition sont victimes d’un harcèlement permanent :

nombreux sont ceux qui sont emprisonnés à Gabode souvent sans jugement et sans même le début d’une instruction judiciaire,

nombreux sont ceux qui sont convoqués régulièrement par la Police ou par la Gendarmerie pour être entendu dans des affaires montées de toutes pièces,

nombreux sont ceux qui se sont vu retirer leur passeport,tous sont placés sur écoute téléphonique permanente et le pouvoir fait couper périodiquement leurs abonnements (parfois pendant 2 à 3 jours …)

nombreuses sont les familles qui sont victimes de ce harcèlement : refus de bourses scolaires, emprisonnement, convocation à la police, etc…

3 – Le barreau de Djibouti ne compte plus un seul avocat libre et indépendant. Les avocats n’assurent plus la défense des opposants. Les seuls avocats encore libres ont été radié du barreau par ordre du pouvoir et les autres ont peur de perdre leur situation, fort rémunératrices pour certains ….

4 – Les conditions de détention dans la Prison de Gabode et dans celle d’Obock sont effroyables : les détenus sont entassés sans hygiène et n’ont pas accès aux soins. Mohamed KADAMY, le seul à avoir été hospitalisé à la suite d’une campagne internationale de protestation, n’a pas été soigné réellement … Il survit, menotté à son lit d’hopital sous bonne garde, mais aucune analyse médicale n’a été pratiquée pour comprendre les raisons de son insuffisance rénale … Son épouse se débat depuis la France pour essayer de faire pratiquer des analyses dans un laboratoire privé, mais aux dernières nouvelles, elle se heurtait toujours à un refus officiel.

Il est temps d’arrêter les massacres et les simulacres.

Tous les faits dénoncés ci-dessus ont été confirmés par des rapports émanant d’associations ou de personnalités incontestables : Avocats Sans Frontière (ASF), Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Observatoire International des Prisons, Organisation de l’unité africaine (OUA), Union interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH), Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT), Union des Avocats Européens (UAE), Comité international des Juristes (CIJ), Amnesty International, Alliance Francophone etc…

Nous demandons aux hommes politiques français et européens de ne plus se contenter de condamner le régime djiboutien, mais de mettre en place des sanctions économiques et un arrêt des subventions en conformité avec les termes de la convention de Lomé.

Ces subventions sont utilisées exclusivement pour asservir un peuple et pour enrichir ses dirigeants, qui se maintiennent au pouvoir par la terreur. A Djibouti, comme dans un certain nombre d’autres états, il est malheureux de constater que les aides internationales, consenties de bonne foi, produisent l’effet inverse de celui qui est recherché. Elles contribuent dans les faits à l’appauvrissement des populations.

La république de Djibouti, déjà discréditée sur le plan de la démocratie et des Droits de l’Homme, est maintenant discréditée sur le plan économique. Que va-t-il lui rester, après une campagne militaire violente dans le Nord ?

Le régime est déjà contraint après quelques jours de combat à demander l’appui de son voisin : l’Ethiopie pour obtenir des renforts militaires … mais à quel prix, pour Djibouti ???

Jean-Loup SCHAAL
ARDHD