07/12/1999 – En publiant leur communiqué du 27/11/1999, les magistrats djiboutiens se sont-ils défintivement discrédités ?

COMMUNIQUE DU PROCUREUR GÉNÉRAL

ET DU PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE D’ACCUSATION DE DJIBOUTI

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Note de l’ARDHD :
Nous ne savons pas le but recherché par les magistrats djiboutiens qui ont publié ce communiqué le 27 novembre. Mais il apparaît qu’ils se sont complètement discrédités en le diffusant. Deux hypothèses sont possibles :

soit ils ont écrit ce texte de leur propre initiative. Le monde entier les considérera comme des hommes peu fiables, capables d’affirmer des informations absolument fausses, contredites par des experts internationaux et des associations dont la rigueur est incontestable,

soit, et c’est le plus vraisemblable, ils ont obéi à des pressions gouvernementales. Cela confirme qu’ils n’ont aucune indépendance et que leurs jugement sont soumis aux volontés du pouvoir dictatorial.
Dans les deux cas de figure, ils confirment qu’ils ne sont pas dignes de confiance pour juger des hommes et des affaires : manque d’indépendance, refus de la vérité, etc..

Nos lecteurs peuvent consulter sur le site, en particulier :

le rapport de la FIDH,

les éléments d’information complémentaires de la FIDH

le Rapport d’Avocats Sans Frontières.

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MINISTÈRE DE LA JUSTICE DES AFFAIRES PÉNITENTIAIRES ET MUSULMANES RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI
Unité – Égalité – Paix

LE PARQUET GÉNÉRAL

URGENT

Djibouti, le 27 novembre 1999

COMMUNIQUÉ

L’ensemble des magistrats djiboutiens près toutes les juridictions djiboutiennes de droit commun, outrés par les termes et conclusions du rapport d’une commission d’enquête, internationale sur les  » conditions de détention à Djibouti, ainsi que les déclarations  » des auteurs du rapport dans la Presse, déplorons vivement le caractère partiel, outrageants et diffamatoires de tels propos au demeurant dénuées de tout fondement.

La magistrature djiboutienne qui a autorisé et facilité en toute transparence le déroulement de cette mission sans entrave aucune, ne peut cependant tolérer sans réagir, les égarements inacceptables et injurieux à leur endroit, des auteurs d’un rapport dont le caractère partisan et malhonnête obéit plus des considérations extrajudiciaires qu’à la manifestation de la vérité objet initial de cette mission.

Même si les magistrats djiboutiens (toutes juridictions confondues) ne prétendent nullement à la perfection dans leurs domaines d’attribution respectifs, il n’en demeure pas moins que la justice djiboutienne est rendue quotidiennement malgré, ses moyens hélas limités dans les délais / égaux raisonnables et dans le respect absolu des droits de la défense et des victimes et ce conformément aux textes en vigueur compte tenu de nos engagements internationaux et stipulations onusiennes en la matière.

De plus, contrairement aux allégations excessives et abusives des rédacteurs du rapport, les conditions de détention à la Prison civile de Gabode et celle d’Obock, sont des plus clémentes et conviviales quand on sait que le droit de visite des familles de détenus est aussi large que sans limites avec le plus souvent possibilité pour elles de remettre elles-mêmes en main propre les gamelles de nourriture et discuter au besoin avec eux le tout sous le regard complice des gardiens qui ne rechignent nullement en outre aux libres exercices des promenades ou de sport exception faite de quitter le périmètre de la prison.

Dès lors, les prétendues « lutte de clan, manque de soins ou absence de suivi médical supposé, violences, détention abusive ou arbitraire, corruptions, déni de recours ou absence de contrôle judiciaire de la détention alléguée de mauvaise foi et sans preuve aucune, ne sont en réalité que les fruits de l’imagination assurément fécondes des membres de la mission ayant à l’évidence une idée préconçue ou un souvenir indélébile des justices et systèmes pénitenciers africains, sommes toutes similaires pour un esprit occidental en mal de sensation. Une simple concertation avec les délégués de la Croix Rouge Internationale qui visitent régulièrement et librement les centres de détention de Djibouti aurait sans doute évité à la mission de pêcher par ignorance vu son temps de séjour très limité et d’outrepasser ses compétences d’attribution en portant gratuitement et injustement le discrédit sur notre système judiciaire fusse-t-il étayé à tort ou à raison par un membre de la justice djiboutienne, parmi une multitude des magistrats ayant une opinion contraire curieusement non rapportée.

II est par conséquent de notoriété publique, comme confirmées par d’autres missions nationales et internationales que les conditions de détention à la Prison civile de Gabode et dépendances, dépassent largement les normes minima des Nations Unies en matière de détention. La volonté des pouvoirs publics de l’améliorer encore plus par la dotation en moyens qui manquent cruellement en cette période de crise ne peut que nous satisfaire.

En conclusion, notre démarche a pour objectif en premier lieu d’exprimer notre révolte face à cette mise en cause intolérable, ensuite de rétablir dans ses droits toute la vérité sur la justice djiboutienne à notre sens discréditée sans la moindre justification et à l’insu de ceux la même qui la rendent quotidiennement, par des personnes sans doute de mauvaise foi, alors même que nous attendions de leur part concours et coopérations susceptibles de nous frayer durablement les voies de la consolidation de notre jeune état de droit.

POUR LA MAGISTRATURE DJIBOUTIENNE :

LE PROCUREUR GÉNÉRAL
ALI MOHAMED ABDOU

LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE D’ACCUSATION
MOHAMED WARSAMA RAGUEH