11/12/1999 – LETTRE OUVERTE SIGNÉE PAR SIX DÉPUTÉS DE LA MAJORITÉ PLURIELLE AUX MEMBRES DE LA COMMISSION MIXTE FRANCE-DJIBOUTI QUI DOIT SE RÉUNIR A PARIS A PARTIR DU 13/12/1999

(Extraits)

Lettre ouverte de six députés de la Majorité plurielle adressée le 9/12/99 aux membres de la commission mixte France Djibouti qui doit se réunir le 13/12/1999 à Paris

« … à cette occasion, il est important de rappeler la situation à Djibouti, et de réfléchir aux conséquences de l’aide française dans ce pays.
La situation est dramatique depuis plusieurs années, et le conflit dans le nord du pays ainsi que l’étendue de la corruption et des détournements sont considérables.


(..) Une résolution du parlement européen du 7 mai 99 sur la situation des droits de l’homme à Djibouti rappelle que Djibouti est signataire de la convention de Lomé qui stipule, dans son article 5, que l’aide au développement est subordonnée au respect et à la jouissance des droits et libertés fondamentales .

.. Aussi nous vous suggérons de prendre en considération les moyens que vous jugerez opportuns pour
– assurer la transparence de l’aide française,
– vérifier qu’elle ne soit pas détournée à l’avenir,
– poser la question de l’opportunité de cette aide dans un pays engagé dans une guerre meurtrière « ,

Les signataires :
Marie Hélène Aubert – Les verts
Jean Claude Lefort – PCF
Noël Mamère – Les Verts
Jean Pierre Michel – MDC
Arnaud Montebourg – PS
Chantale Robin-Rodrigo – PRG

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Note de l’ARDHD :
Il s’agit d’une nouvelle mise en garde extrêmement sérieuse pour M. Guelleh. Après la condamnation par le Parlement Européen, le vote ‘in extremis’ des budgets de la coopération pour Djibouti (rejet de l’amendement 117), les réserves émises par le FMI pour l’attribution d’un nouveau prêt, ce sont des députés représentant toutes les composantes de la majorité plurielle (PCF, Les Verts, PS, MDC, PRG) qui demandent au Ministère de la Coopération de subordonner l’aide française au retour à la démocratie et à la fin du conflit dans le Nord.

Monsieur Guelleh a toutes les raisons de prendre cette nouvelle alerte très au sérieux.

Les hommes politiques français avaient toujours fait preuve dans le passé, d’une rare complaisance à l’égard des régimes de dictature à Djibouti (d’abord celui de M Hassan Gouled Aptidon, puis celui de M; Ismaïl Omar Guelleh) ; ils prennent en compte, désormais, toutes les violations des Droits de l’Homme qui sont dénoncées par toutes les Associations françaises et internationales.

Le « politiquement correct » et « la bonne gouvernance » constituent maintenant des critères discriminants pour l’attribution des aides internationales et l’établissement de relations économiques et d’entreprises. Ce mouvement est irréversible et il va se renforcer très rapidement.

Nous espérons que Monsieur Guelleh comprenne le message fort qui lui est envoyé dans cette lettre ouverte et qu’il se décide enfin à changer de cap.

Nous attendons toujours des signes pour confirmer les premières libérations de trois journalistes la semaine dernière : en particulier la libération de tous les prisonniers politiques avant le 31 décembre 1999 et l’arrêt du conflit fratricide dans le Nord.