18/12/1999 – L’ÉTAU SE RESSERRE AUTOUR DE M. GUELLEH. C’EST MAINTENANT LE PARLEMENT EUROPÉEN QUI EXIGE LA LIBÉRATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES INCARCÈRES A DJIBOUTI.

Un pas de plus vers l’application de l’Article 5
de la convention de Lomé au régime djiboutien ??

PARLEMENT EUROPÉEN
Texte intégral de la résolution

14. Droits de l’homme : Conditions de détention des prisonniers politiques à Djibouti

B5-0348, 0372, 0385 et 0392/1999

Résolution du Parlement européen sur les conditions
de détention des prisonniers politiques à Djibouti

Le parlement européen

– rappelant ses précédentes résolutions sur la situation à Djibouti et notamment celle du 6 mai 1999

A. vivement préoccupé par le rapport de mission en août 1999 par la Fédération Internationale des ligues des droits de l’homme sur les conditions régnants dans les prisons de Djibouti, qui fait état des conditions inhumaines de détention, notamment de l’absence d’hygiène et de soins médicaux appropriés.

B. relevant avec inquiétude que 80% des personnes détenues le sont en vertu de la fameuse loi nationale relative à la détention préventive entrée en vigueur en 1991 et n’ont pas comparu devant un tribunal depuis leur arrestation,

C. considérant qu’un grand nombre de personnes détenues déclare être des prisonniers politiques

D. rappelant que les détenus politiques ont entamé une grève de la faim à plusieurs reprises pour protester contre leurs conditions de détention et pour demander l’accès aux soins médicaux ainsi que leur libération à défaut d’un procès équitable,

E. rappelant que deux détenus ont trouvé la mort à la suite de grèves de la faim

F. considérant que parmi ces prisonniers malades se trouve Mohamed Kaadami Youssuf, représentant du FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie) en Européen, illégalement extradé de l’Éthiopie en 1997, menacé aujourd’hui de cécité,

G. rappelant que Djibouti est signataire de la convention Lomé, qui stipule dans son article 5 que l’aide au développement est subordonnée au respect et à la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentaux de l’homme,

1. renouvelle sa condamnation des violations des droits de l’homme de Djibouti,

2. demande aux autorités de Djibouti de respecter les droits des prisonniers y compris l’accès aux soins médicaux,

3. prie instamment le gouvernement de Djibouti de relâcher tous les prisonniers politiques ainsi que tous les détenus de longue date qui n’ont pas encore fait l’objet d’une inculpation et de mettre un terme à la pratique de la détention préventive qui s’effectue sans instruction judiciaire,

4. demande aux autorités djiboutiennes de garantir la liberté d’expression et le pluralisme politique et de mettre fin à la répression contre les opposants

5. invite le gouvernement de Djibouti à permettre le retour des populations réfugiées ou déplacées dans leur régions d’origine,

6. demande à la Commission et au Conseil de suivre attentivement la situation des droits humains à Djibouti en général et les conditions de détention des prisonniers politiques en particulier, dans le cadre du respect de l’article 5 de la convention de Lomé.

7. Charge sa Présidente de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, aux co-présidents de l’Assemblée paritaire ainsi qu’au gouvernement de Djibouti

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Note de l’ARDHD :
nous constatons que les condamnations du régime de M. Guelleh se multiplient à un rythme accéléré. Jamais nous n’avions enregistré autant de condamnations provenant de structures ou d’organisations incontestables.

Cette nouvelle condamnation du Parlement Européen (la 3ème en deux ans) intervient après celle de la FIDH, de l’Observatoire Internationale des Prisons, d’Avocats Sans Frontières, de Reporters Sans Frontières, de l’OUA -DH, de l’UIDH (etc…), de six députés français représentant les différentes composantes de la majorité plurielle, du Président de la Commission des A.E. à l’Assemblée Nationale Française.

La levée de boucliers a été provoquée par le durcissement progressif du régime de M. Guelleh depuis sa prise de pouvoir. L’impact international de LA LIBERTÉ sur Internet n’y est pas étranger non plus, dans la mesure où notre journal rassemble sur un même support toutes les informations sur la situation des D.H. à Djibouti et que son audience est considérable aujourd’hui.

M. Guelleh bafoue la Constitution, viole les Droits de l’Homme, emprisonne de façon absolument arbitraire tous ceux qui osent émettre un avis différent du sien, mène une guerre absurde dans le Nord, etc..

Bientôt la marge de manoeuvre de M. Guelleh pourrait se réduire considérablement, car il ne disposerait plus d’aucun soutien financier ni diplomatique. Nous espérons toujours un changement de cap en faveur de la liberté et de la démocratie. Il devrait être pris rapidement et il devrait être assorti de gestes forts : arrêt de la guerre dans le Nord et libération de tous les prisonniers politiques.

Sinon, le régime pourrait s’effondrer rapidement, entraînant dans sa chute tous les membres de son entourage ; ces derniers devraient faire preuve de prudence désormais. On peut imaginer à ce moment-là, tenant compte de l’évolution du contexte international en la matière, qu’une action pénale soit engagée véritablement et de façon efficace contre MM. Guelleh et Aptidon et leurs complices pour « Crimes contre l’Humanité ».

L’avenir est sombre pour M. Guelleh, c’est un constat; mais il ne nous touche pas fondamentalement ! ! Le vrai drame, c’est qu’il est surtout sombre pour tous les djiboutiens innocents qui souffrent aujourd’hui du régime et qui souffriront davantage de son effondrement. Eux n’ont pas de réserves financières à l’étranger, comme celles que M. Guelleh et ses proches ont constitué avec l’argent public et les subventions internationales.