02/03/2000 – DEUX PROCESSUS DE PAIX EN DANGER ?

Depuis quelques semaines, nous avons assisté à plusieurs représentations médiatiques, à l’instigation de M. Guelleh, autour du thème de la Paix : la Paix en Somalie et la Paix à Djibouti.

M. Guelleh, qui avait certainement besoin de détourner l’attention de l’opinion internationale sur des affaires qui pourraient le concerner de près, de très près .. a initié deux processus de Paix .

Qui pourrait lui reprocher d’oeuvrer pour la Paix ?
Personne … et de nombreusesinstitutions internationales lui ont apporté leur appui et leur soutien.

Malheureusement le bilan, aujourd’hui, est décevant :

le processus en Somalie ne rencontre pas l’adhésion des différentes parties et il pourrait se conclure sur un échec.

l’accord avec le Frud n’est suivi d’aucune mesure concrète ni dans le domaine de la démocratie ni sur le plan des Droits de l’Homme. La déception fait progressivement place à l’enthousiasme des premiers jours : le blocus dans le Nord n’a pas été levé, …., nous n’enregistrons aucune avancée dans les faits (libertés individuelles, liberté de la presse, etc.. le seul point positif est la libération de 29 prisonniers politiques et la condamnation/libération de 10 autres.

La Paix est exigente : c’est une démarche difficile qui impose une « bonne dose » de sincérité. Il faut la conduire sérieusement et avec conviction, sinon les tentatives sont vouées à l’échec. Utiliser la Paix pour des considérations personnelles peut se révéler dangereux : elle peut se retourner contre la fourberie !

Si M. Guelleh avait besoin de calmer une urgence politique / judiciaire, était-il pour autant animé par une volonté sincère de faire la Paix et de développer le climat politique, social et judiciaire nécessaire ? La réponse à cette question pourrait expliquer les échecs prévisibles qu’il devrait alors assumer.

Nous serons rapidement fixés … sur l’avenir de ces deux processus de Paix !

En dépit de nos doutes, nous voulons toujours y croire, car la cause des Droits de l’Homme n’a rien à gagner dans un échec de ces processus de Paix. C’est la raison pour laquelle nous demandons une nouvelle fois au Gouvernement djiboutien de prendre les mesures nécessaires pour rassurer l’opinion en montrant qu’il y a une évolution véritable du régime :

arrêt définitif de toutes les violations des Droits de l’Homme : torture, arrestations arbitraires, en particulier dans le Nord à l’encontre des populations civiles,

restauration des libertés fondamentales : liberté de voyager librement à l’intérieur et à l’extérieur, liberté de s’exprimer, liberté de la Presse,

libération de tous les prisonniers politiques et vote d’une amnistie générale pour tous afin de mettre un terme aux instructions menées contre eux dans des conditions plus que critiquables,

rétablissement d’un système juridique équitable avec des juges et des avocats libres et indépendants,
cessation des harcèlements policiers à l’encontre des personnalités de l’opposition et des responsables des Associations de Défense des D.H.,

(a suivre)