20/02/02 LA JUSTICE A LA RECHERCHE D’UNE INDÉPENDANCE. (Lecteur)

«
l’indépendance des Magistrats » l’une des priorités
du Ministère de la Justice

Le glaive
de la justice Djiboutienne fonctionne à deux vitesses,
estime-t-on généralement. L’iniquité a
atteint un tel seuil, que l’institution qui préside aux
destinées du droit n’a plus aucune crédibilité
aux yeux du commun des citoyens. Pis, elle est perçue
comme un cerbère aux ordres du pouvoir.

Avoir affaire
à la justice est une mésaventure sans fin, et
même quand on arrive à sen sortir, on en garde
des stigmates profonds. Ceux qui en ont fait l’expérience
l’ont conclut dans la douleur.

L’une des
tâches noires qui marque l’histoire du système
judiciaire djiboutien reste incontestablement la désormais
affaire des proches du général injustement incarcérés,
initiée durant la campagne de chasse aux sorcières
juste après le coup de Gueule du général
Yacin Yabeh, l’ami d’enfance.

La furie
avec laquelle étaient traités le clan du général
a provoqué le dégoût et l’indignation de
la société civile. Les dérives qui ont
accompagné ces arrestations ont préfiguré
de la mauvaise foi de la parodie de justice. Les gens ont été
écroués sans même bénéficier
de la présomption d’innocence. La saignée a touché
tout un clan et toute une ville comme Ali-Sabieh. Plus d’une
centaine de Djiboutiens seront acquittés après
avoir été malmenés, dépossédés
de leurs biens et traités comme de vulgaires criminels.

Ceux qui
croupissent encore en prison verront leurs droits les plus élémentaires
bafoués. Les autres, dont la réhabilitation tarde
à voir le jour, ont perdu confiance en la machine judiciaire.
L’âme en peine, ils se disent être dans un état
de mort civile. Il faut dire que même après l’acquittement
Dun bon nombre d’entre eux, la majorité a choisi l’exil,
les autres n’ont pas encore regagné leurs postes de responsabilité
ni touché les indemnités effectivement dues. Dans
cette affaire, la détention préventive qui, au
plan législatif, doit être l’exception, a été
la règle sur injonction du ministre de la Justice de
l’époque.

Certains
avocats djiboutiens, dont je ne citerai pas le nom, par mesure
de sécurité avaient, à cette occasion,
tenté d’alerter l’opinion publique sur les dangers qui
guettent la justice.

Ils diront
à propos de la procédure entachée d’irrégularités
que «le droit a encore une fois reculé devant l’arbitraire,
c’est une fois de trop…Ces graves dérives renvoient
de l’État djiboutien, une caricature d’État de
droit.»

M. DAF est
l’autre Don Quichotte qui se bat corps et âme contre les
moulins de la justice. A l’origine de son dernier combat, un
rapport effectué sur les faussaires placés dans
la haute hiérarchie de l’État En dépit
de la véracité des faits retenus contre eux, ils
continuent à jouir, sans être inquiétés,
de leurs privilèges au moment où lui, menacé
de représailles, connaît les affres de l’incertitude
et du désarroi.

Ce ne sont
là, malheureusement, que quelques échantillons
des injustices institutionnalisées car la corruption
est une gangrène qui ronge l’État du sommet jusqu’aux
bas- fonds. Le rapport fusionnel qui fonde la mainmise des cercles
politico-maffieux dans les stratégiques structures du
système en place est une lapalissade que nul ne peut
nier.

Alors ,
Monsieur le Ministre quand on voit le nombre de prisonniers,
dont l’innocence est avérée, qui croupissent dans
les geôles sombres de Gabode à attendre la délivrance
, il est difficile d’expliquer cela par « la lenteur qui
caractérise la justice djiboutienne ».

Il est vrai,
et je vous l’accorde, que « votre justice vit en décalage
avec ces événement-là».