28/02/02 Droit de réponse d’un djiboutien déçu par  » les miroirs des alouettes » (Mohamed Quaya s’exprime à propos de l’échange entre Freeman et A. Waberi)

Le premier
mot qui vient a l’esprit à son sujet, quand j’ai
lu cette lettre, est nonchalance. Ajoutons-y quelques synonymes
: indifférence, insensibilité, mollesse, paresse
intellectuelle etc.

Il est caractéristique
que, dans cette lettre d’Abdurahman A Waberi, le sentiment
soit allié à l’image dynamique d’un
trajet.

A maintes
reprises, la biographie d’ Abduraman nous (les djiboutiens)
a donné l’impression d’une perpétuelle
fuite en avant.

Tous les
personnages de ses écrits, y compris l’auteur n’ont
pas tant cherché un lieu ou être bien qu’un
chemin pour se fuir.

C’est
peut-être aussi pour traduire ce désir de fuite
qu’Abdurahman se montre tellement hanté par les
interpellations.

Un Abdurahman
A Waberi ironique qui étrille, roule et boule ses interlocuteurs
dans le grand rire dévastateur de la satire.

C’est
peut-etre, précisément, cet écartèlement
qui l’a fait écrivain.

Cette lettre
résume parfaitement, dans une concision étonnante,
le personnage, la personnalité et le parcours de son
auteur.

Ressort
bien ainsi la part de démonstration liée a la
fabrication de son personnage et le message se lit assez clairement
: l’échec est consubstantiel à la génération
de 1977 puisque des origines, des tempéraments, des choix
opposes et des voies divergents y conduisent pareillement. On
ne peut que voir dans cet échec inéluctable l’affirmation
d’un pessimisme notoire.

Il est difficile
d’évaluer la sincérité tenue dans
cette lettre lorsque l’on sait ses propos tenus dans la
Nation (c’est toujours la faute de ces jeunes journalistes
et non celle de lui).

Si elle
ne s’avère pas sincère (ce n’est qu’une
hypothèse), nous serions dans le pur registre d’une
séduction démagogique ou notre cher écrivain.
va dans le sens d’une partie du public sans partager pour
autant l’opinion qu’il défend, afin d’en
attirer les dividendes sur sa personne.

“Être
interpellé” est devenu pour lui actuellement l’équivalent
d’avoir un échange forcement désagréable.

Pour être
franc avec lui, c’est rompre (avec la politique ), un euphémisme
pour une horrible altercation.

Dans la
langue courante, cela veut dire “démolir”.

Je ne prétend
pas détenir la vérité comme vous le mentionnez
dans votre lettre en adoptant la stratégie de rupture-discrediter
les autres-qui me parait, vouée a l’échec

Comment
l’osez-vous prétendre alors que vous savez que “
A chacun sa propre vérité”

De quel
enseignement tirez-vous cela ? De quel droit jouissez-vous pour
pouvoir nous cracher cela ?

Autant de
questions qui demeurent sans réponses. . .

Je pense
que les internautes sont assez lucides pour s’en rendre
compte de la réalité djiboutienne et ce ne seront
pas ces miroirs des alouettes qui les empêcheront de dire
ce qu’ils en pensent.

Il serait
intéressant d’assumer la faillite de votre mission
plutôt que d’en rejeter la responsabilité
sur les autres.

On pardonne
plus facilement à son auteur de ne pas répondre
aux questions qu’on se pose, que d’en soulever d’importantes
qui ne nous (les djiboutiens) concernent pas, et qui pourtant
devraient intéresser tout djiboutien.

Abdurahman
le dit et le redit : “Engagement ! Engagement ! Engagement
de qui ? Auprès de qui ? Avec qui ? phrase ou le mot
“ engagement ” est peut-etre le plus important.

A-t-il ouvertement
nie l’existence de son non-engagement ? Chacun reste juge
de son opinion.

Mais cette
attitude qui consiste a ne pas se prononcer quand on ne peut
prouver son engagement, c’est-a-dire à ne pas affirmer
et à ne pas nier non plus, n’est-elle pas celle
de l’agnostique que celle de l’athée qui affirme
qu’aucun dieu n’existe ? Etait-ce la un non-engagement
déguisé.

Sa dernière
formule est néanmoins un chiasme.

Ce chiasme
signe le retournement de situation auquel est parvenu Abdurahman
A Waberi grâce a la manipulation du débat dont
il peut se poser, une fois de plus, en victime.

Il part
d’une position défensive pour terminer sur une reconquête
presque totale des positions.

Combien
de temps faudra-t-il attendre, après Omar Osman Rabeh,
Ali Couba, DAF, pour retrouver ce courage chez un écrivain.
?

On est surpris
de voir par exemple leur intolérance à ce régime
mafieux se traduire par des mots aussi forts que ceux qu’ils
choisissent pour invectiver.

Très
amicalement


Mohamed Qayad