13/03/02 FRONT POUR LA RESTAURATION DE L’UNITE ET DE LA DEMOCRATIE -F.R.U.D.-

Note
de l’ARDHD : l’appel, que nous avions lancé hier, a été
entendu et Kadamy nous a fait parvenir le communiqué du 8 mars
2002, ainsi qu’un article paru dans la revue Afrique Asie.
Nous publierons certainement un commentaire demain à ce sujet
qui est important dans le contexte actuel et qui annonce la poursuite
des actions du FRUD.

COMMUNIQUE
DE PRESSE


Le 5 et 6 mars 2002 se sont déroulées dans le District
de Tadjourah au Nord de Djibouti, les Assises Nationales du FRUD,
précédées par de nombreuses réunions des
militants, combattants, cadres dirigeants de l’Organisation dans différents
endroits du pays et à l’extérieur.
Les membres du FRUD ont analysé la situation politique du pays
ainsi que la crise interne qui paralyse leur mouvement.

TENANT COMPTE
du refus quasi pathologique du Président djiboutien Ismael
Omar Guelleh à toute ouverture et concession politique,

CONSIDERANT le
caractère partiel de l’Accord de paix dit de réforme
et Concorde civile signé le 12 mai 2001 entre le gouvernement
et Mr Ahmed Dini pour le FRUD,

RAPPELANT que
cet Accord ne contient ni les réformes démocratiques
et institutionnelles ni celles des forces armées et de Sécurité
sans lesquelles la sortie de la dictature reste impossible.

CONSTATANT qu’après
9 mois cet Accord de Paix n’a fait que renforcer la mainmise personnelle
et clanique d’ et de son lignage sur le pays qui ne cesse de se dégrader.

CONSIDERANT la
paralysie du FRUD due à l’attitude anti organisationnelle de
Mr Ahmed Dini qui a accepté l’inaccessible en signant l’Accord
mutilé du 12 mai 2001 sans être mandaté par les
instances dirigeantes du mouvement,

CONSCIENTS, que
l’existence d’un FRUD fort est un élément indispensable
pour un changement démocratique de cette citadelle clanique.

LES PARTICIPANTS
ONT PRIS LES RESOLUTIONS SUIVANTES :

1- de continuer
les luttes multiformes contre la dictature clanique et mafieuse d’Ismael
Omar Guelleh jusqu’à une transition vers la démocratie
et un Etat national,

2- de maintenir
la structure politico militaire du FRUD et la désignation d’un
Comité provisoire de 5 membres présidé par Mohamed
Kadamy Youssouf jusqu’à la tenue du Congrès prévue
pour août 2002,

3- de lancer un
appel aux forces démocratiques pour un large rassemblement
autour d’un pacte de transition vers la démocratie,

4- de proposer
une conférence nationale souveraine pour permettre une sortie
pacifique de cette crise et asseoir une paix, une authentique démocratie
et la conciliation nationale.

Fait à
Bruxelles le 8 mars 2002

Mohamed
Kadamy Youssouf
Président
du comité provisoire du FRUD

CONTACT : + 32
/(0)4 77 68 61 37
Tel : + 33 /(0)6 68 28 12 90

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Extrait
de la revue N° 150 – MARS 2002 LE NOUVEL AFRIQUE ASIE

DJIBOUTI :
Après dix ans de guerre entre le Frud et le régime en
place, le pays et exsangue et l’économie sinistrée.
Deux traités de paix n’ont pas pu changer le système
politique, né de l’indépendance, qui reste réfractaire
à tout changement.


Guelleh : victoire à la Pyrrhus

PAR MAMO
ZELEKE

Le dernier accord
signé le 12 mai 2001 entre Ahmed Dini pour le Frud (Front pour
la restauration de l’unité et de la démocratie) et le
gouvernement de Djibouti illustre l’intransigeance du président
Guelleh, qui a refusé les réformes démocratiques
et institutionnelles. Il risque de nourrir des conflits plus durs
et d’anéantir tout espoir de sortie de crise par des négociations.

Mais selon Ahmed
Dini il faut agir vite, afin que l’élection présidentielle
de décembre 2002 puisse se dérouler démocratiquement
parce que si, comme précedemment, c’est encore le ministère
de l’Intérieur et le gouvernement central qui organise tout,
où donc sera le changement que le peuple désire ?

Optimiste. Ahmed
Dini pense que le mouvement afar devrait se transformer en un large
parti polotique, qui ne s’appellerait plus Frud ‘armé’ ni ‘combattant’.
Selon Dini, le Frud doit devenir tout simplement le Frud national
et comprendre toutes les composantes de la population de Djibouti.

Néanmoins,
une partie importante du Frud rejette cet accord entre Dini et Guelleh
et désavoue son président qui aurait agi ‘sans l’aval
du Conseil national’. La fracture du Frud a suscité une grande
déception parmi les Djiboutiens. La tendance Frud qui a dénoncé
l’accord du 12 mai 2001 va tenir ses assises en avril 2002. Son principal
coordinateur est Mohamed Kamady Youssouf, un des membres fondateurs
du Frud. Représentant en Europe de l’organisation, il a été
emprisonné de septembre 1997 à février 2000 après
avoir été extradé d’Ethiopie, avec son épouse
Aicha Dabale et d’autres dirigeants du Frud. Malgrè l’accord
de paix signé entre Dini et Guelleh, le Frud ‘armé’
n’est donc pas mort et la présence des éléments
armés dans le Nord du pays peut gêner le déplacement
de l’armée française. Le 16 janvier 2002, le Frud a
demandé aux éléments de l’armée française
qui réparaient la piste de Tad-jourah-Terdo (Mabla) de regagner
leur caserne.

SI CETTE PRÉSENCE
ARMÉE DU FRUD SE TRANSFORME EN CONFLIT
, cela peut mettre
en danger la présence de la marine allemande qui, dans le cadre
de la lutte internationale contre le terrorisme, va déployer
un fort contingent (environ mille huits cents soldats) sur le territoire
djiboutien conformément à un accord cadré paraphé
le 10 janvier entre l’Allemagne et Djibouti. Le gouvernement central
essaye en fait par tous les moyens de se placer comme centre logistique
des éventuelles opérations anti-Somalie, ce qui, pense-t-il,
lui vaudrait le soutien financier et politique de Washington.

Cependant la situation
intérieure demeure sans changement, la pagaille persiste et
la crise est profonde.

Si Ahmed Dini
estime que des difficultés persistent dans la mise en œuvre
de l’accord du 12 mai 2001, il n’est pas prêt à accepter
l’existence d’une fracture sérieuse au sein de son mouvement.
La réalité montre néanmoins que l’opposition
est divisée, et rien de tangible n’a suivi l’accord signé
par Dini avec Guelleh. Les deus factions du Frud peuvent seulement
se conforter du fait que si Guelleh, le chef de ce régime corrompu,
crie victoire, il ne s’agit que d’une victoire à la Pyrrhus,
c’est-à-dire par défaut.