14/03/03 LE FRUD PLIE MAIS NE ROMPT PAS (Lecteur)

En signant l’Accord
de Paix du 12 mai 2001, IOG a pensé que la parenthèse
FRUD était transformée, que la boucle était bouclée,
que c’était la fin de l’histoire. C’est mal connaître
un mouvement démocratique, les ressorts, les ressources d’un
mouvement de libération, fruit de 30 ans de luttes populaires
pour la démocratie.
Son passé de flic ne le predispose pas à une telle compréhension.
L’apport fondamental du FRUD dans le paysage politique djiboutien
jusque là, marqué par les rivalités de personnes,
sera l’approche collective de la chose politique.

Des hommes et
de femmes s’organisent pour atteindre des objectifs élaborés
en commun. La politique est une chose trop sérieuse pour la
laisser aux mains d’une seule personne. Des milliers de gens se sont
engagés dans ce mouvement pour atteindre des objectifs de démocratie,
d’égalité, de justice et de progrès social, et
non pour suivre tel ou tel chef. Le FRUD n’est pas un parti de clientèle
ni un parti d’Etat comme le R.P.P., fonctionnant grâce aux subventions
et aux fonctionnaires, ni un groupuscule. Il s’agit d’une organisation
de masse avec des pratiques et une culture démocratiques.

Si quelques personnalités
comme le docteur Abaté, Mohamed Adoyta ou Ahmed Dini ont incarné
à un moment donné cette organisation, c’est parce qu’ils
ont defendu avec plus ou moins de succès les objectifs fondamentaux
du FRUD. Dès l’instant où elles ont abandonné
les objectifs du mouvement, ils se sont maginalisés, parfois
broyés par le système qu’ils ont combattu.

Le FRUD a continué
sa marche altière malgrès la défection de certains
de ses dirigeants…

Le FRUD, qui a
payé un lourd tribut pour la démocratie, n’a pas dit
son dernier mot. Tel semble être en tout cas le message des
membres du FRUD qui se sont réunis dans le District de Tadjourah
pour les Assises Nationales au début du mois de mars 2002.

Ces combattants,
ces militants ont pris une décision historique en maintenant
contre vents et marées la ligne politique initiale du FRUD
qui refuse tout compromis avec la dictature.

Dans un environnement
regional troublé, et un contexte local marqué par un
pourrissement politique, social et économique le FRUD, en restant
debout dans ses montagnes et ses plaines, offre un sanctuaire salutaire
aux démocrates, aux opposants tétanisés par le
système, et redonne l’espoir à toute une population.

La volonté
du FRUD de continuer la lutte contre la dictature de Guelleh a trouvé
des échos favorables parmi toutes les tendances politiques
sauf le R.P.P. Cette volonté de la majorité des militants
du FRUD de ne pas plier malgrè les pressions inouies, merite
le respect et le soutien de la part de tous les démocrates
qui aspirent à un changement profond dans ce pays.

Note de
l’ARDHD : après trois défections, le petit noyau vital
du FRUD semble renaître de ses cendres. Nous félicitons
les membres de ce noyau qui ont décidé de ne pas trahir
ni leurs idéaux ni leurs convictions et qui repartent à
l’action.

Cependant,
comme l’écrivait un lecteur, nous sommes persuadés que
la lutte armée, qui n’a jamais été une fin en
soi, n’est plus de mise aujourd’hui, car il serait criminel de provoquer
de nouvelles victimes dans les deux camps. Mais ce n’est pas une raison
pour laisser le terrain libre à l’usurpateur, au dictateur

A notre
avis, comme nous l’avons souvent dit et écrit, la lutte contre
Guelleh passe par une alliance des opposants autour de deux objectifs
communs : renverser Guelleh et établir un gouvernement d’union
nationale qui organise des élections libres. Les querelles
intestines, les luttes d’influence et les vandetta tribales doivent
cesser pour atteindre cet objectif.

Le choix
entre les vrais opposants et les opposants de façade, ralliés
en sous-main, ne sera pas une chose facile et nous sommes convaincus
que ce sera l’un des obstacles à surmonter. De toutes les façons,
nous avons l’impression que la jeunesse djiboutienne ne se trompera
pas, car elle a déjà classé les personnalités
dans l’une ou l’autre de ces catégories. Ne restera plus que
les cas litigieux de ceux qui ont mieux caché leur jeu que
les autres …

Nous formulons
le voeu de voir se réunir tous les opposants autour d’une bannière
commune. Qu’ils se mettent au travail pour publier des propositions
communes concrètes et un échéancier pour extraire
l’usurpateur de sa synécure, de préférence, en
lui demandant de rendre l’argent et d’accepter un jugement pour établir
son niveau de responsabilité dans les crimes commis sous son
autorité.