28/03/02 « Mais quelle opposition djiboutienne ?.. » (lecteur)

Quand Guelleh siffle
le matin les partis politiques, leur demande de laisser tout tomber pour
la journée et de se la rappliquer en après-midi pour discuter
autour d’un parti de Khat, c’est dans la logique du système.

Le régime pense
pouvoir disposer à sa guise des formations politiques. Et, apparemment,
il a raison de penser cela. Puisque, dès le coup de sifflet, ils
étaient tous là, excepté DAF.

Cette "discipline"
est dans l’ordre des choses lorsqu’il s’agit des partis dites «
de la coalition » ou tout simplement des bras politiques du système.
Bien dressés, ils ne pouvaient que se pointer au rencard. Mais
là où je tique, c’est lorsque des partis opposés
au régime, des formations qui appellent au départ des dinosaures
s’attablent eux aussi autour des petits fours. Je fais peut-être
preuve de naïveté, mais je reste convaincu que la politique
c’est aussi le respect d’un certain nombre de principes. Je ne peux pas,
par exemple, dénoncer le caractère dictatorial des dirigeants
et leur prêter une oreille plus qu’attentive. Je ne peux pas marteler
à longueur de meetings (mabrazze) qu’il n’y a plus rien à
espérer de Guelleh et de sa clique pour aller ensuite écouter
quasi religieusement la partition que me joue la clique sous la conduite
de son chef d’orchestre.

Je ne peux pas expliquer
à des sympathisants de plus en plus désorientés que
IOG joue la montre et cherche à gagner du temps dans la perspective
des élections et en même temps l’aider par ma présence
à mieux huiler les rouages de son horloge infernale. Je ne peux
pas non plus appeler de toutes mes forces à la moralisation de
la vie politique et réduire celle-ci à un fonds de participation
dans lequel je tente jalousement et férocement de garder des actions
et un bout d’orteil.

A ce jeu du "j’y
suis sans vraiment y être", du "j’y vais, j’y vais pas",
du "un pied dans le palais, un autre en dehors" ou encore du
"un coup, on bouffe ensemble, un autre je me fais porter pâle"
il y a un risque majeur, celui de perdre son âme et de se tromper
de combat. Encore une fois.