01/04/02 Un scoop : Guelleh reçoit les journalistes de l’Observatoire à Djibouti, pour leur annoncer, en exclusivité mondiale, qu’il renonce définitivement à la dictature.

Incroyable
: Guelleh nous a invités, par courrier, à le
rencontrer chez lui à Djibouti.

Lorsque
nous avons reçu l’invitation officielle sur papier
à en-tête aux armes de la République de
Djibouti, nous n’y avons pas cru. Guelleh nous invitait, tous
frais payés, à séjourner à Djibouti
pour le rencontrer !

Aussitôt,
nous avons appelé l’Ambassade qui nous a confirmé
que nous étions attendus et que tout serait mis en
œuvre pour nous faciliter le séjour. Il suffisait
que nous apportions nos passeports pour recevoir un visa et
pour nous faire remettre nos billets d’avion en première
classe.

La surprise
passée, après une longue concertation, nous
décidâmes de répondre positivement.

Les formalités
à l’Ambassade Rue Emile Menier furent expédiées
en quelques minutes sous l’autorité même de l’Ambassadeur
qui nous assura de son dévouement pour rendre notre
voyage et notre séjour le plus agréable possible.

Nous avons
pris le vol régulier au départ de Charles de
Gaulle. A peine l’avion immobilisé sur le Tarmac de
l’Aéroport de Djibouti, une hôtesse est venue
pour nous informer que nous étions attendus officiellement
au pied de la passerelle.

En descendant
la passerelle, nous vîmes que nous étions attendus
par un détachement militaire. Un officier très
décoré qui commandait ce détachement
vint aussitôt à notre rencontre pour nous saluer
et pour nous assurer de sa protection " Hassan Saïd,
se présenta-t-il ". Ce nom nous disait quelque
chose ; c’était quelqu’un de très important
dans la République.

Il nous
informa que nos bagages seraient pris en charge par ses services
et qu’il nous conduisait aussitôt au Sheraton pour prendre
nos chambres et pour nous mettre à l’aise. Le président
nous attendrait personnellement le lendemain même à
9 heures dans son bureau pour un premier entretien.

Nous avons
pris place dans une gigantesque Mercédes noire et le
cortège s’est ébranlé : motards, voitures
de police avec gyrophares. Au moins huit voitures toutes sirènes
hurlantes dans les rues de la capitale.

Arrivée
triomphale au Sheraton sous les applaudissements de la foule
qui était massée à l’entrée pour
tenter de nous apercevoir. Nous avons essayé de saluer
timidement tous ces gens, parce que nous n’étions pas
préparés à recevoir un tel enthousiasme
populaire : enthousiasme spontané ou commandé
?

Le lendemain,
nous étions attendus dans le hall du Sheraton, vers
8h45, par une délégation composée de
plusieurs ministres qui nous conduisirent au Palais de l’Escale
où Guelleh en personne avait tenu à nous accueillir
sur le perron.

IOG "
Messieurs, bienvenue à Djibouti. Comme je suis heureux
de vous y accueillir ! J’espère que vous avez fait
bon voyage ? "

L’Observatoire
: " Nous sommes très sensibles à votre
accueil et nous vous en remercions "

IOG "
Allez, entrez dans mon bureau. Nous n’avons pas de temps à
perdre, car nous allons faire du bon travail ensemble "

L’O :
" Comment cela du bon travail ensemble ? "

IOG "
Eh oui, je vous dois des explications. Si je vous ai fait
venir, c’est pour faire la paix avec l’Observatoire. Notre
conflit ne doit pas durer une minute de plus ! "

L’O "
Mais nous n’avons jamais eu l’impression d’être en conflit
avec vous ! "

IOG "
Allons, Messieurs, pas de faux-semblants entre nous …
Il y a quatre ans que vous vous acharnez à dévaloriser
mon image et à diffuser au grand jour toutes mes arnaques
secrètes. Il y a un temps pour tout et nous devons
mettre un terme à cette lutte injuste, car je ne dispose
pas d’armes aussi efficaces que les vôtres dans le domaine
de la communication. Je ne sais pas qui vous finance, mais
vous devez certainement utiliser des moyens techniques énormes
que je ne peux pas me permettre d’acquérir… "

L’O "
Pourquoi pas un armistice ! Mais nous aurions des conditions
préalables avant même d’engager la négociation
"

IOG "
Mais je les accepte d’avance. Tout ce que vous me demanderez
vous sera accordé. "

L’O "
Comment cela, seriez-vous à renoncer à la dictature
par exemple "

IOG "
Mais certainement et à bien d’autres choses encore.
Je veux rendre Djibouti aux Djiboutiens "

L’O "
En effet, c’est un scoop, mais il faut envisager les choses
point par point "

IOG "
Très certainement. Sachez qu’en retour, j’exige simplement
que l’ARDHD ferme son site Internet qui m’empoisonne la vie
et qui passe son temps à me tourner en ridicule. Suis-je
un bouffon, moi l’homme qui terrorise un peuple depuis plus
de dix ans ? "

L’O "
Justement, c’est de cela que nous aimerions parler ! "

IOG "
Pas besoin de perdre du temps. Quel est votre prix ? J’ai
accumulé des réserves financières que
vous n’imaginez même pas et je peux me permettre d’acheter
ma tranquillité. Combien voulez-vous ? On discutera
après des points de détail … "

L’O "
Nous n’avons pas besoin d’argent …. "

IOG "
Comment cela, je ne comprends pas. Personne ne m’a jamais
répondu sur ce ton. Voulez-vous des filles ? Les djiboutiennes
sont très belles et particulièrement dociles
et j’en connais un rayon, croyez-moi. Paulette imagine, mais
elle ne sait rien !"

L’O "
On n’achète pas les membres de l’ARDHD, ni avec de
l’argent ni avec le sexe. Nous avons des objectifs précis
pour aider le peuple djiboutien et nous voulons les atteindre
"

IOG "
Ah bon ! Avec vous, je vais donc faire des économies,
tant mieux au fond. Ca me plaît. Cela me change de mes
proches. Il faut toujours les payer … pour un oui, pour
un non, pour un silence.. Si vous saviez combien l’affaire
Borrel m’a coûté ? "

L’O "
Etes-vous prêt à organiser des élections
libres et transparentes ? "

IOG "
Mais certainement, je prends l’engagement formel devant vous
de plus jamais pratiquer la fraude électorale. Seuls
mes candidats se présenteront et nous n’imprimerons
que leurs bulletins. Mathématiquement, ils ne pourront
obtenir que 100 % des suffrages exprimés et tous les
observateurs internationaux pourront vérifier cela.
Vous voyez que j’ouvre mon régime à la démocratie
la plus large. "

L’O "
Ce n’est pas ce que nous attendions .. Parlons maintenant
des prisonniers politiques : quand les libèrerez-vous
? "

IOG "
Ce matin même et c’est vous qui irez les accueillir
à leur sortie de Gabode "

L’O "
Merci beaucoup pour le geste, que nous apprécions !"

IOG "
Vous l’apprécierez encore plus tout à l’heure.
Ne perdez pas de temps, Hassan Saïd va vous y conduire
en personne "

Arrivés
devant la sinistre prison de Gabode, nous avons remarqué
une présence policière importante. Nous étions
devant la porte : elle s’ouvrit et nous vîmes sortir
les douze prisonniers, faibles, fatigués, mais libres
…. "

Tout d’un
coup, nous fûmes encerclés par des militaires
qui nous poussaient brutalement à l’intérieur
de la prison et pendant que la porte se refermait derrière
nous, nous entendîmes distinctement Hassan SaÏd
hurlant de rire et disant : " Ca y est, on en a terminé
avec ces petits journalistes fouineurs. Bon débarras,
dans un an, ils seront plus dociles. Soyez contents, Messieurs,
vous remplacez ceux pour lesquels vous vous êtes battus
avec efficacité." Et il ajouta avec une voie de
dément : "Jamais Gabode ne sera vide. Tout sortant
doit être remplacé par un entrant".

C’est
comme cela que nous nous sommes laissés piéger
comme des gamins le jour du 1er avril par Guelleh. Comme tant
d’autres, nous avions cru un instant, à ses promesses
alléchantes et à ses engagements, alors que
nous savions qu’il n’en a jamais respecté le moindre…
Et nous allions vivre dans l’enfer pendant un an !!! SOS !!!
Sauf si l’Ambassade de France intervenait pour nous … Mais
rien n’est moins sur ! Notre diplomatie ne voudrait surtout
pas faire de peine à Guelleh.

 

Mais l’ARDHD
continuera quand même ses publications, car nous sommes
nombreux, bénévols et totalement indépendants.

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P.S.
Comme vous l’avez compris, c’est le traditionnel canular que
nous vous offrons en guise de poisson d’avril.