02/07/02 Le poids économique grandissant de Dubaï à Djibouti. Les fonctionnaires djiboutiens accusent en même temps des retards de salaire de plusieurs mois …. (AFP)

AFP International
– Lundi 1er Juillet 2002 – 07:53 GMT – 09:53 Heure Paris

Djibouti-économie

Dubaï fait une entrée en force dans l’économie de Djibouti
(PAPIER D’ANGLE) par Christophe PARAYRE.

DJIBOUTI, 1er juil (AFP). En prenant en l’espace de deux ans le contrôle
de la gestion du port et de l’aéroport de Djibouti, Dubaï
(Emirats arabes unis) a fait une entrée en force dans l’économie
de ce petit pays situé dans une région stratégique
entre Afrique et Orient.

Pour les autorités locales, Dubaï fait désormais figure
de "modèle", et elles se prennent à rêver
de Djibouti comme point de passage obligé des marchandises de la
région, grâce au port et aux 65 millions d’Ethiopiens privés
d’accès direct à la mer, reliés par fer et par route
à l’ex-colonie française.

"Nous n’aurions
pas été obligés de nous soumettre au FMI si ces entreprises
avaient été gérées correctement", a déclaré
le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, dans un entretien
avec l’AFP le 30 juin à Djibouti.

"Djibouti est
né pour être une zone franche avec une monnaie librement
convertible", liée au dollar et non pas au franc français
comme c’était le cas pour les autres colonies françaises
en Afrique, a-t-il rappelé.

"Mais après,
dans les années 60, Djibouti est devenu une caserne, sans plus.
Nous voulons reprendre cette ambition. Dubaï est devenu notre modèle",
a souligné le chef de l’Etat. Djibouti accueille la principale
base militaire française en Afrique, soit plus de 2.700 hommes.

"En 1998, nous
avons signé un accord avec Dubaï Port International pour le
port. Et nous constatons une nette amélioration de la gestion,
de l’administration. Les clients sont de plus en plus impressionnés
par nos services", a-t-il assuré.

Le président
djiboutien n’a donné aucun chiffre sur l’activité du port.
L’opposition lui demande régulièrement plus de "transparence",
pour connaître les recettes de l’Etat dans ce domaine.

Les observateurs soulignent
que Djibouti, qui se trouve sur une grande route de commerce international,
a une carte à jouer. Mais moderniser le port actuel et en créer
un autre en eau profonde nécessite des investissements très
lourds. Après le port, l’aéroport, "qui avait beaucoup
de difficultés", a souligné M. Guelley. "Nous
avons fait en sorte que Dubaï puisse également voler au secours
de Djibouti pour son aéroport", a-t-il précisé.
Depuis juin, Dubaï Airport Authority assure sa gestion.

"Nous avons créé
un port sec et une zone franche", a souligné le président
Guelleh. L’objectif est d’attirer des entreprises de Dubaï pour qu’elles
se délocalisent à Djibouti ou y ouvrent des filiales.

Interrogé sur
cette ouverture soudaine vers Dubaï, le président djiboutien
a répondu: "nous sommes de la famille, de la nation arabe,
membre de la Ligue arabe".

"Notre économie,
en matière de projets de développement, après la
Banque mondiale, est entièrement financée par d’autres fonds
de développement, le Fonds saoudien, le Fonds arabe, le Fonds koweïtien…",
a-t-il poursuivi.

Il n’a pas cité
les Forces françaises de Djibouti qui, selon les chiffres de l’armée
française, ont un impact considérable sur l’économie
de ce petit pays, puisque les dépenses des Forces et des familles
des militaires représentent quelque 25% du PIB de Djibouti.

Alors, Dubaï
sauveur de Djibouti? L’avenir le dira. Pour l’instant, les opérateurs
économiques se plaignent du coût exorbitant de l’énergie,
des télécommunications, sans parler des demandes de contribution
du pouvoir, par exemple pour les festivités du 25ème anniversaire
de l’indépendance, le week-end dernier.

Selon les données
officielles, près d’un habitant sur deux vit en dessous du seuil
de pauvreté, est analphabète et sans emploi.

Le pays est sous ajustement
structurel depuis 1996. Aujourd’hui, le président Guelleh affirme
avoir réduit de 40% les dépenses de l’Etat, comme l’exigent
la Banque mondiale et le Fodns monétaire international (FMI).

Mais les fonctionnaires
ont toujours plusieurs mois d’arriérés de salaires.