05/07/02 RSF : Djibouti – Rapport annuel 2002. Les persécutions contre DAF.

Le directeur du
Renouveau est également président de l’un des principaux
partis de l’opposition djiboutienne. Deux raisons, aux yeux des autorités,
de le harceler. En 1999, il avait déjà passé plus
de trois mois en prison.

Un journaliste interpellé

Le 15 janvier 2001,
Daher Ahmed Farah, directeur de publication de l’hebdomadaire privé
Le Renouveau, est interpellé à son domicile par des agents
de la brigade criminelle. Une plainte a été déposée
contre lui par Daher Ismaël Kahin, préfet de Djibouti. Le
journaliste est aussitôt déféré au parquet,
puis libéré après son inculpation pour "diffusion
de fausses nouvelles et diffamation". Le juge ordonne également
la suspension provisoire de l’hebdomadaire et interdit au directeur de
publication de "sortir des limites du territoire de la République
de Djibouti". Le Renouveau avait publié, le 11 janvier, un
article intitulé "Chideh [surnom de Daher Ismaël Kahin]
charge le marché central". L’hebdomadaire dénonçait
la destruction d’un marché sur ordre du préfet et l’accusait
d’être responsable de la mort d’un boucher lors de cette descente
de police. Le 30 mars, Daher Ahmed Farah est reconnu coupable de "diffusion
de fausses nouvelles". Il est condamné à 300 000 francs
djiboutiens d’amende (environ 1 900 euros). Le Renouveau est suspendu
pour trois mois. Cet hebdomadaire est le journal du Parti du renouveau
démocratique (PRD – opposition), dont Daher Ahmed Farah est
le président.

Mi-juin, Daher Ahmed
Farah est placé sous mandat de dépôt à la prison
centrale de Gabode (Djibouti), en compagnie de deux agents du Trésor
national, Hachi Abdillahi Ahmed et Mohamed Sougueh Waiss. Le ministre
de l’Economie et des Finances a porté plainte après la publication,
le 7 juin, des copies de deux mandats du Trésor national d’un montant
total de 6 millions de francs djiboutiens (environ 40 000 euros) représentant
une "avance exceptionnelle accordée au ministre". Le
directeur du journal et les deux cadres du Trésor sont inculpés
de "recel d’information" et de "détournement d’acte
contenu dans un dépôt public". Ils sont relâchés
après vingt-quatre heures de détention, et placés
sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur procès.

Le 3 août, le
procureur de la République interdit à Daher Ahmed Farah
de quitter le pays. Le journaliste devait se rendre à Washington
pour participer à une conférence organisée par le
gouvernement américain.