09/08/02 Du conflit afaro-Issa en Éthiopie : halte à la propagande des milieux Issas. (Gulub-Kena : Cellule de Réflexion sur le Devenir des Afars à Djibouti )

Note
de l’ARDHD :
Merci pour cette information que nous allons publier, comme une nouvelle
contribution, sous votre responsabilité.

Ce que vous
devriez comprendre, c’est qu’il est extrêmement difficile pour nous
de faire la part des choses. Nous ne privilégions ni tel ou tel
groupe.

Mais nous avons
besoin d’informations …. et nous publions celles que nous recevons.
Si vous ne communiquez pas, votre avis, votre vision ne seront pas diffusés.

Quant vous prenez votre plume dans un esprit positif comme vous le faites,
mais relativement critique quand même, imaginez qu’il serait encore
plus profitable à vos thèses, d’écrire une contribution
pour expliquer vos positions.

A partir du moment où nous développons un journal pour rendre
service à la communauté djiboutienne toute entière
sans aucun souci d’appartenance ethnique, nous ne pouvons pas passer sous
silence les informations sur un conflit qui touche de près ou de
loin des communautés ayant des liens avec Djibouti.

Depuis Paris, il nous est difficile de savoir ce qui se passe. La vérité
n’existant pas, nous privilégions la publication des avis des parties
qui veulent bien nous écrire, afin que chacun puisse se faire une
opinion. Il est évident qu’en dépit de nos efforts, si une
partie ne communique rien, nous ne pouvons pas inventer son point de vue
….

Il est inutile
que cette partie se plaigne d’une sorte de préférence en
faveur d’une autre. Nous n’avons pratiquement jamais refusé aucune
contribution de personne…. Alors écrivez pour expliquer votre
point de vue …

Nous référant
à la prudence que vous nous reconnaissez, nous publions votre texte
dans son intégralité, mais en ayant soin de préciser
qu’il s’agit d’un point de vue, le vôtre, mais qu’il y en a d’autres.

Nous rappelons
aussi que nous sommes opposés à toute forme de tribalisme
et que nous militons pour la réconciliation de toutes les composantes
djiboutiennes (même si on ne peut ignorer une réalité).
Le Tribalisme a été utilisé massivement et exacerbé
par Gouled puis par Guelleh pour diviser et pour régner.

S’il a une importance
non négligeable sur les plans culturel et familial, il est néfaste
dès lors qu’il divise les Djiboutiens et qu’il fait oublier les
objectifs prioritaires : le rétablissement de la démocratie,
de la justice et de la liberté à Djibouti, pour tous, sans
exception et la fin de la domination par un Groupe restreint de courtisans
enrichis par la corruption et la brutalité.

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Depuis ces derniers
temps, des informations parues sur votre site ont attiré notre
intention. Il s’agit d’un conflit séculaire qui oppose en Éthiopie
voisine les clans Afars et Issas, ce dernier groupe appartenant à
la famille des peuples Somalies.

Cette guerre, c’est
de cela dont il s’agit, entre deux peuples voisins, également présents
en République de Djibouti où ils forment l’essentiel de
la nation du pays était jusqu’à là passée
sous silence, loin, très loin de l’engouement médiatique
qu’elle connaît aujourd’hui.

Pourquoi actuellement
donc, la presse régionale et votre journal "La liberté"
sen font-elles échos ? Elle est là problématique
de ce conflit au-delà d’une réalité que l’on ne peut
nier, à savoir l’existence du conflit voire même la recrudescence
dans sa forme la plus engagée de cette guerre. Quelles données
ont changé pour que l’on jette la lumière crue des projecteurs
très souvent déformante de la réalité ?

A ce sujet, nous tenons
quand-même à vous féliciter pour votre prudence quant
aux tenants et aboutissants à l’origine de cette guerre fratricide.
Vos appels mantes fois réitérés pour l’apaisement
des sentiments tribaux et du tribalisme en règle général
en république de Djibouti en sont certes la preuve la plus éclatante.

Toutefois, voyez-vous,
sans remettre en cause votre esprit partisan en faveur de telle ou telle
communauté djiboutienne, nous avons été abreuvés
à travers les pages webs de votre journal à l’unique source
des interventions émanant des milieux Issa qui, on le comprendra
bien volontiers, ont un regard très particulier sur ce conflit.
Disons-le carrément, un regard hautement subjectif, faisant passer
les Issas pour des victimes et les Afars éthiopiens pour des vils
agresseurs.

Hélas, pour
les internautes qui visitent votre site, la réalité est
bien différente. Et c’est en cela que nous avons estimé
nécessaire d’apporter notre point de vue. Celui des membres de
la communauté afar.

Notre lecture sur
cette guerre pour aussi subjective qu’elle soit devait ou devrait contrebalancer
des contre-vérités aussi grossières qui nous sont
offertes dans les colonnes de votre journal.

Les Afars et les Issas
se sont toujours opposés pour l’extension de leurs aires de parcours
respectives. D’origines nomades et guerrières leurs tempéraments
les ont, les uns et les autre, pousser à agrandir leurs territoires.
Cependant, l’équilibre des forces avait figé pour des décennies
voire des siècles la frontière traditionnelle entre ces
deux peuples. Frontière traditionnelle qui allait des environs
du golfe de Tadjourah en république de Djibouti, en passant dans
un axe quasi-linéaire, jusqu’au pied du plateau de Harrar près
d’un village appelé Errer (en Éthiopie).

Cet équilibre
de force fut brutalement rompu dans les années soixante à
la suite de l’indépendance de la Somalie à la quelle appartient
ethniquement, nous l’avons dit, le peuple Issa.

Que s’est-il passé
à cette période ? Les dirigeants somaliens dans leur quête
d’extension du territoire des peuples Somalies en vue de l’annexion du
tiers sud-est de l’Éthiopie, ont sur-armées diverses tribus
somalies de ce pays pour rendre possible à l’avenir la réalisation
de ce dessein.

Les Afars tout comme
un grand nombre des clans Oromos en firent grandement les frais. Ils durent
céder du terrain face à la nouvelle réalité
militaire. C’est pourquoi, les nomades Afars malgré leur courage
abandonnèrent au Issas le village du errer dans les années
soixante puis celui de Mulloh au milieu des années. Malgré
tout, bien que moins armés, les Afars furent capables de stopper
par la suite l’expansion des Issas à la limite de la Vallée
de l’Aouach : Objectif final des Dirigeants somaliens dans cet axe.

Malheureusement, pour
eux ( les Afars), leur calvaire ne s’arrêta pas à la défaite
somalienne qui mit fin au rêve de la grande Somalie à l’issu
de la guerre Somalo-Ethiopienne à la fin des années soixante-dix.
Les dirigeants de la toute nouvelle république de Djibouti dans
une très large mesure provenant de la communauté Issa continuèrent
cette politique d’expansion au détriment des Afars éthiopiens
en apportant toute leur aide aux Issas, mais cette fois-ci à leur
propre compte, entendez par-là aux seul compte des Issas. Cette
politique instiguée par Moumine Bahdon, Idriss Guelleh, le frère
défunt de l’actuel président Djiboutien, n’eut malgré
toute la volonté des Dirigeants Issas qu’un effet limité.
Les Afars bien que démunis mais farouchement déterminés
ne cédèrent que peu du terrain depuis.

Mais quel était
l’objectif à terme de ces leaders issas dans ce conflit ? Étendre
au maximum le territoire de la communauté issa en Éthiopie
pour lui permettre de se constituer en tant que peuple à part entière
et en cela se démarquant du nationalisme pro-somalien, objectif
tacitement accepté par les anciens dirigeants éthiopiens.
Mais, surtout essayer d’affaiblir les Afars en Éthiopie pour qu’ils
n’aient plus la possibilité de venir aux secours de leurs frères
Djiboutiens lorsque les dirigeants Issas de Djibouti mettraient en application
en république de Djibouti même leur politique de marginalisation
des Afars Djiboutiens au moment où ils le décideraient.

Cependant, et heureusement
pouvons-nous dire, beaucoup d’éléments de la géopolitique
régionale ont changé cette dernière décennie.
La constitution de l’Éthiopie en une nation fédérale
a énormément apporté à nos frères Afars
de ce pays. L’édification de la région afar en Éthiopie
leur a été bénéfique à plus d’un titre.
Les Issas n’ont plus à faire à des nomades isolés
mais à une véritable organisation institutionnelle qui met
en avant la défense de l’intégrité du territoire
du peuple Afar et si possible la reconquête d’anciennes contrées
naguère perdues.

Si l’ONU reconnaît
officiellement à certains peuples le Droit de se réinstaller
dans un espace géographique abandonnée depuis plus de deux
milles ans (NDLR Israël), on doit reconnaître à plus
juste titre aux Afars éthiopiens le Droit légitime de récupérer
un territoire perdu que depuis à peine quarante ans, soit l’équivalent
d’une génération.

Par ailleurs, les
dirigeants actuels de l’Éthiopie doivent également garder
à l’esprit que les Issas ne sont au fond qu’un rameau du peuple
Somalie. L’expansion des Issas en Éthiopie au détriment
des Afars est tout autant une grande brèche ouverte en son sein
qui facilitera d’autant demain – si la Somalie se reconstitue (nous n’y
sommes naturellement pas opposés ) et si ses futurs dirigeants
caressent encore le rêve de la grande Somalie – l’introduction du
cheval de Troie somalien à quelques encablure de sa capitale Addis-Abeba.

Faut-il pour autant
chasser tous les clans Somalis de l’espace géographique éthiopien,
les privant ainsi de leur terre ancestrale ? Bien sur que non. Les Éthiopiens
en seraient-ils capables d’ailleurs ? Cependant, les dirigeants éthiopiens
seraient bien avisés de s’impliquer davantage dans ce conflit entre
Afars et Issas en fixant à jamais les territoires des deux protagonistes
sur la ligne de démarcation telle qu’elle a été avant
l’avènement de l’indépendance de la Somalie. Avènement
qui a bouleversé de tout en tout l’équilibre géopolitique
respectif de ces deux peuples malgré tout frères.

Pour revenir à
la problématique du départ, la médiatisation à
outrance de ce conflit apparaît à la lueur de ce qui vient
d’être dit plutôt comme une bonne nouvelle pour les Afars.
Tant que ces derniers étaient spoliés de leur terre et massacrés
comme des animaux de boucherie personne n’en faisait état à
commencer par leurs propres leaders. Mais maintenant qu’ils reprennent
du poil de la bête et assument leur destin en Éthiopie dans
la défense de leurs intérêts on les prend en considération.
Tant mieux.

Le FRUD djiboutien
n’en est pour rien dans cette guerre, il a d’autres chats à fouetter
chez lui à commencer par Guelleh. Les soldats afar d’origine Djiboutienne
qui se rendraient tranquillement en Éthiopie pour combattre les
Issas là-bas n’est que pure fantasme et contribue à la diffusion
de cette contre-vérité orchestrée par les nationalistes
Issas. Les Officiers Issas qui ont la réalité du pouvoir
dans les forces armées nationales les laisseraient-ils réintégrés
les rangs sans broncher ? Ceci est parfaitement ridicule pour qui serait
au courant de l’exacerbation du sentiment clanique dans la société
somali.

Ensuite, l’affirmation
selon laquelle les Afars seraient mieux armées que les guerriers
Issas ne tient pas une seule seconde la route. Où est-ce que les
pauvres nomades afars même organisés en milices régionales
pourraient-ils se procurer en armement lourds ? Les Afars ne sont pas
connus pour leur richesse, ce n’est un secret pour personne, et de surcroît
les Afars d’Ethiopie ne bénéficient pas contrairement aux
Issas d’un pays qui leur entièrement acquis. C’est le cas de la
république de Djibouti acquise à la cause issa depuis l’indépendance
du pays. Leurs dernières victoires ils le doivent avant tout à
leur courage, à une prise de conscience nationale et à leur
volonté farouche de récupérer leur dû.

Enfin, cette explication
gentiment risible "d’un IOG armant les Afars" pour massacrer
ses frères Issas d’Éthiopie que faut-il en penser sérieusement
?

Si Guelleh aime tellement
les Afars, il trouvera mille occasions de leur démonter cet Amour.
En commençant par retirer ses troupes du Nord et de l’Ouest du
pays ; en acceptant une décentralisation effective ; en nommant
nombre de jeunes Afars aux postes clefs de l’administration et surtout
en instaurant une véritable démocratie à laquelle
aspirent tous les Djiboutiens.

Voilà, chers
amis un autre regard sur ce conflit.

Gulub-Kena
:
Cellule de Réflexion sur le Devenir des Afars à Djibouti