18/10/02 LA CENI AU BANC D’ESSAI… DES PERFORMANCES PITOYABLES !! (LDDH)

EDITORIAL
: SOYONS SERIEUX !

Un régime
politique, c’est comme un baril de pétrole : plus il est vide, plus
il fait du bruit.

Ainsi, contre toute apparence, le vide remplit, occupe de l’espace, surtout
dans les dictatures qui monopolisent l’accès aux médias en interdisant
l’expression pluraliste des opinions.

Cette inanité sonore remplit donc une fonction idéologique précise
: interdire le vrai débat en mettant artificiellement sur la place
publique de fausses problématiques se parant de tous les signes extérieurs
de sérieux.

Ainsi en est-il du dernier numéro de l’émission " Gros
Plan " durant laquelle le téléspectateur a eu droit à
une pénible séance de danse du ventre et de langue de bois.
Le présentateur lui-même ne s’y est pas trompé, qui remerciait
son invité en lui souhaitant " bon vent ! "

La platitude des propos,
conjuguée à quelques petites insinuations malveillantes, le
tout assaisonné d’un culte du chef qui n’étonne personne, tout
cela nous amène à nous poser une question : quelle malédiction
frappe donc le téléspectateur djiboutien pour être obligé
de voir défiler certains clones pathétiques et bouffons boulimiques
plus préoccupés à justifier leurs positions qu’à
expliquer une situation ? Pourquoi cherche-t-on à faire croire au citoyen
que la lutte entre les générations est devenue le moteur de
la vie politique nationale, au mépris de toutes les formes d’intolérable
injustice ?

Cette version locale, pauvre en matière grise, de la " fin des
idéologies ", constitue le fondement du parti au pouvoir en même
temps que notre malédiction commune : un régime qui n’a que
la bouffe comme programme politique et l’esbroufe comme méthode de
gouvernement n’a, par définition, aucun intérêt à
susciter un vrai débat d’idées sur les vrais problèmes
de société.

Or il y a de quoi débattre, il y a des thèmes méritant
réelle réflexion, qui concernent la vie et les préoccupations
quotidiennes de nos concitoyens.

A l’heure où une polémique s’engage à la suite du Congrès
de l’Union Djiboutienne du Travail (UDT), c’est la situation sociale qui vient
à l’esprit : LA CRISE ou plus exactement les moyens d’en sortir. Car
ses origines sont connues, l’effort de guerre (?) multiplié par une
gestion aussi mauvaise qu’opaque.

Quant aux remèdes,
tel ministre a le droit (il ne peut en être autrement) d’applaudir des
deux mains la conception miraculeuse de son chef qui considère que
la survie passe par l’agropastoral. C’est court même si c’était
vrai !

La fin du conflit devait normalement avoir une incidence positive sur le niveau
de vie des ménages djiboutiens. Or, les retards de salaire s’accumulent,
comme volontairement organisés puisque, de l’avis même de certains
responsables concernés, ce ne sont pas les liquidités qui font
défaut. Un impôt dit patriotique, que plus rien ne justifie,
continue pour sa part, sous une autre appellation, à ponctionner les
maigres ressources des rares salariés et des entreprises survivantes.

Le Programme d’Ajustement
Structurel (P.A.S.) au chevet du malade ne produit pour le moment aucun miracle
et pour cause : les effets négatifs du remède, notamment son
coût social, sont nettement plus lourds que la prétendue restauration
des grands équilibres.
En fait, il n’y a pas de remède miracle. Et ce n’est certainement pas
par la méthode Coué actuellement choisie que le régime
convaincra que son bilan est positif.

" La démocratie,
c’est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises " : cette
sentence de Mitterrand prend tout son relief à Djibouti, surtout lorsque
l’inanité sonore prétend incarner une nouvelle génération,
mais dont l’apport au développement du pays se réduit pour le
moment à l’animation d’un fan-club sonnant et trébuchant.

Seule condition d’adhésion pour être accepté dans cette
secte nomenclatrice : renier un idéal pour lequel tant de combattants
sont morts et démentir une réalité politique et sociale
qui contribue activement à entretenir la misère devenue générale.