11/11/02 (B171) Suite de notre reportage sur la ville. Les problèmes de l’eau à Djibouti – Contrastes.


Les Ets Coubeche – Photo RAWT

On ne parle que rarement
d’Ali Coubeche et pourtant il est omniprésent dans l’économie
et dans la politique locale. Par exemple, il manque rarement un déplacement
officiel de Guelleh.

Peut-on considérer
que Monsieur Ali Coubeche fait partie de la mafia locale ? Il est à
la tête d’un empire qui produit et qui distribue des marques prestigieuses
et très vendues à Djibouti : Coca-Cola, Fanta, Miko, Crystal
(eau minérale), …etc.

On dit qu’il exploite
ses employés en leur donnant des salaires de misère (35.000
FD, soit 200 euro mensuels) et qu’il exige un travail acharné. Ce serait
plutôt le type d’entreprise qui fonctionne au fouet plutôt qu’à
la motivation.

Mais il faut reconnaître
que l’entreprise est prospère en dépit des ponctions qui sont
réalisées par l’État dès que Guelleh a besoin
d’argent. A la veille du 25ème anniversaire de l’Indépendance,
Ali Coubeche avait fait ‘une sortie’ pour dire que les entreprises ne pourraient
plus assumer tous les paiements extra-fiscaux qui leur étaient imposés

Ali Coubeche est depuis
des années, le Président immuable de la Chambre de Commerce
et d’Industrie de Djibouti où il règne en véritable propriétaire.
De ce fait, il abuse assez souvent de son pouvoir, en sélectionnant
les adhérents de la Chambre sur la base de critères qui sont
assez éloignés de l’objectivité ….

La Chambre de Commerce
et d’Industrie de Djibouti, à l’image de l’Assemblée nationale
est monocolore – le Parti, rien que le Parti.

Les projet des petits
commerçants, s’ils risquent d’être compétitifs et concurrents
des activités des ‘gros’ adhérents, sont impitoyablement torpillés.

Combien de gens ont-ils
fait faillite à cause de lui ? Il ne reste plus qu’à espérer
que ce système véritablement maffieux soit mis au grand jour,
car il a contribué à ruiner l’économie du pays en empêchant
la constitution d’un tissu de petites entreprises ou de petits commerces,
employeurs de main d’oeuvre.

Récemment, il paraît
que le propriétaire du restaurant ‘ 22 ‘ ( d’origine Issa) avait financé
la construction d’une usine ultramoderne d’eau minérale.

Aussitôt, Monsieur
Coubèche à développé un projet concurrent : Crystal
( eau minérale ). A l’arrivée, seul le projet d’Ali Coubeche
a été agréé …. Au propriétaire du restaurant
’22’, il ne lui reste plus que ses yeux pour pleurer. Combien d’argent a-t-il
perdu ?

Said Ali Coubèche
ne se soucie pas de la santé des Djiboutiens. La matière première
est gratuite, puisqu’il puise l’eau dans la mer …. Or des déchets
extrêmement toxiques ont été récemment déversés
pas très loin de son établissement. Il s’agit des récipients
contenant des produits dangereux commandés par l’entreprise Éthiopienne
d’électricité pour assurer la protection des poteaux. Mal choisis,
les récipients s’étaient dégradés sous l’action
chimique du produit …. créant une catastrophe écologique de
première gravité pour la mer et pour la faune. Le pouvoir en
a minimisé les effets … pour éviter d’engager les dépenses
qui auraient été nécessaires … et pour ne pas gêner
les activités d’Ali Coubeche.

Aucune précaution
… aucune explication. Coubeche conserve son monopole et il continue à
vendre son eau. Fait-il réaliser des analyses ? On peut en douter.

Combien de Djiboutiens
sont-ils devenus malades, combien de nourrissons ont-ils été
empoisonnés ? Personne ne le dira, personne ne le saura, car Coubeche
tient l’information secrète. Lui, il doit boire une autre marque d’eau
qui est plus chère. A la différence des pauvres Djiboutiens,
il peut se l’offrir…

Vraiment les Djiboutiens
n’ont pas de chance : l’eau de la ville n’est plus potable, à cause
des malversations et de la mauvaise gestion du patron de l’ONED. Maintenant
la solution alternative n’est pas plus sécurisante …..

Dans les années
cinquante, Monsieur Coubèche s’était distingué en militant
pour que la nationalité française ne soit donnée uniquement
aux arabophones et aux francophones. Une idée perverse pour exclure
les "indigènes".

La réaction avait
été très rapide et son frère fut tué par
ce qu’il considérait comme un ‘indigène’ .

On murmure que l’homme
nourrit une certaine rancune à l’égard des Issa. Il est vrai
que le nombre des Issa adhérents à la Chambre de Commerce et
d’Industrie est relativement limité, ce qui créé des
tensions.

Le père d’Ali Coubeche,
qui nous dit-on, avait milité en faveur de la parité fixe du
Franc Djibouti avec le Dollar US, vient de se voir attribuer le nom d’une
rue. C’est dire si les relations avec le dictateur sont cordiales.

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Cité d’Enguela

A voir cette
photo, personne ne pourrait dire que Djibouti manque d’eau ! Si Djibouti manque
d’eau, c’est parce que les fonds d’investissement et d’entretien des réseaux
ont été détournés par le Directeur de l’ONED.
Il en est de même pour les réseaux d’assainissement : mais là,
c’est le Maire qui a détourné l’argent.

Bref, l’eau
qui stagne n’est pas de l’eau de pluie, mais ce sont les eaux usées
qui ne parviennent plus à s’écouler et qui remontent à
la surface, générant des odeurs pestilentielles et des risques
graves de maladie … pour les malheureux qui habitent le quartier. Ce problème
est étendu à la majorité de la Ville, comme vous avez
pu le constater tout au long de ce reportage.