05/12/02 (B174 / 2) Affaire Borrel : a l’appui des nouvelles révélations de ces derniers jours, une mise en cause des principaux dirigeants djiboutiens par la justice française, semble inévitable … mais des dirigeants français pourraient être aussi concernés.

Durant
les trois derniers jours, nous avons appris beaucoup de choses et en particulier
qu’il pourrait y avoir des implications djiboutiennes et françaises.
A quel niveau ?

Nous savons désormais
de façon quasi-certaine :

– que la réunion,
dont avait parlé Alhoumekani, a bien eu lieu au Palais de l’Escale
et qu’Hassan Saïd y participait, puisqu’il le reconnaît. Cela ne
prouve pas encore (de façon certaine) la présence à cette
réunion, ni de Guelleh, ni d’Adouani, ni d’Awalleh Guelleh, ni de Romani,
ni du Colonel Madhi. Mais il y a quand même de très fortes présomptions
maintenant … (implication djiboutienne)

– que le juge Bernard
Borrel a bien été assassiné. Il aurait été
frappé à la tête et c’est ‘mort’ ou inconscient qu’il
a été transporté au Goubet, puis aspergé d’essence
avant que son corps ne soit enflammé.

– que le juge est parti
en voiture, avec un ‘européen’ et qu’il a acheté de quoi remplir
un bidon d’essence, ce qui est curieux …

– qu’un convoi de deux
voitures venant de Djibouti a franchi deux postes de contrôle : un qui
est tenu par la Légion française à Ouea et un autre tenu
par les militaires djiboutiens. Qu’une seule voiture est repassée dans
le sens inverse.

– que le corps du juge
n’a pas fait l’objet d’une autopsie à l’hôpital Bouffard où
il avait été transporté, ce qui est pourtant la procédure
en cas de mort suspect ou violente (c’est une décision française)

– que les registres de
passage, aux deux postes de contrôle, ont été subtilisés.
Il est important de noter que le registre de la Légion étrangère
a aussi disparu. Lorsque l’on connaît l’organisation de la Légion
et le respect absolu des procédures administratives, on imagine que
seul un officier (très supérieur et uniquement Français)
a pu permettre ‘de donner l’ordre de perdre le registre’,

On comprend aisément
que le dossier n’est pas facile à démêler. Il impliquerait
sinon une complicité, au moins un bon accord et une bonne communication
entre les autorités françaises et djiboutiennes, qui pouvaient
avoir des intérêts convergents dans la disparition du Juge.

A quel niveau ? Côté
Djibouti, il semble confirmé que c’est au plus haut niveau. Côté
français, nous devrions le savoir dans l’avenir, mais c’est une affaire
d’État.

Les
plaintes déposées par Me Morice permettront-elles de faire la
lumière par exemple, sur l’attitude des juges français et de
Mme Lecomte, de l’institut médico-légal ?

La nouvelle juge en charge
du dossier, Sophie Clément, a du travail … Nul doute que les plaintes
déposées par Me Morice au nom d’Elisabeth Borrel, à l’encontre
de ceux qui ont entravé la marche de la justice en subornant (ou en
tentant) de suborner des témoins, devraient aussi permettre de faire
avancer le dossier.

On ne s’explique pas comment
des Juges français, tels que M Leloire ou Mme Morrachini aient pu s’accrocher
aussi longtemps à la thèse impossible du suicide et que la directrice
du laboratoire médico-légal de Paris (Mme Lecomte) ait pu accréditer
cette thèse, sous la foi du serment, alors que de nombreux experts
disent le contraire. Vont-ils devoir s’en expliquer devant la justice française
?

Quels étaient les
objectifs ou les missions de ces personnes ? Indépendance des juges
ou dépendance (?). La question mérite d’être posée.
D’autant plus que des témoins affirmeraient que le juge Leloire aurait
pu déjeuner chez Guelleh lors de la reconstitution qu’il avait effectuée
sur place, sans la présence de la partie civile …. N’ayant aucune
information précise, nous ne pourrions pas accréditer ces témoignages,
que nous considérons au mieux, que comme de vagues mais persistantes
rumeurs.

L’instruction
de ce dossier pourrait conduire à de nouvelles révélations
dans le cadre d’autres affaires, qui pourraient aussi aboutir à la
découverte d’intérêts français et djiboutiens convergents.

La connaissance de ce
dossier va certainement conduire à examiner plusieurs affaires, dont
l’attentat du Café de Paris et certainement d’autres, comme des détournements
de fonds, des trafics interdits et/ou des commerces illicites.

Il est hautement probable,
même si les auteurs présumés du meurtre étaient
des djiboutiens, que des français et même des fonctionnaires
français à haut niveau, puissent être impliqués
aussi, si ce n’est dans l’élimination physique, au moins dans un accord
et dans des décisions ayant pour but de conforter la thèse du
suicide pour maquiller un meurtre.

L’affaire
fait grand bruit au Palais de l’Escale. Iftin pourrait être devenu la
cible prioritaire des tueurs …

Comme nous l’avions ‘prévu’
dans un article humoristique de fiction qui est paru récemment, le
Palais de l’Escale est en ébullition. IOG serait fou de rage et il
aurait convoqué les trois personnages impliqués dans les révélations.
Ça doit chauffer pour Hassan Saïd, le Chef tant craint
de la puissante SDS, qui, aux yeux d’IOG, s’est fait avoir comme un débutant
..!

Plusieurs thèses
s’affronteraient …. Une, parmi d’autres, aurait en ce moment, la faveur
d’IOG : celle d’éliminer au plus vite Iftin, parce qu’il a conforté
tous les témoignages et qu’il refuse de revenir en arrière ! Même établi à Bruxelles, il devra faire
attention désormais à se protéger et à ne pas
accepter du feu de la part d’un inconnu. En effet des tueurs se prépareraient
à quitter Djibouti pour Bruxelles et un accident est si vite arrivé. Alhoumekani serait moins visé
actuellement ? Pourquoi ?

Canal
+ dispose-t-il d’autres informations. Y a-t-il une autre version de l’émission
qui serait plus longue et encore mieux documentée avec en particulier
d’autres témoignages des ‘barons’ du régime ?

Un bon journaliste qui
fait une investigation sérieuse, comme Bernard Nicolas et son collègue,
ramasse énormément d’information. Mais il ne publie pas tout
… pour deux raisons :

– les contraintes de temps.
Le reportage dure plus de trente minutes et pourtant on a l’impression qu’il
est court …. Il y avait tellement de choses à évoquer.

– la nécessité
d’assurer sa défense personnelle en cas d’attaque judiciaire. Il doit
être en mesure de prouver ses affirmations en utilisant d’autres témoignages.
On peut imaginer que d’autres ‘barons’ du régime aient parlé
eux aussi. Leurs enregistrements font partie soit des archives de Canal +
soit d’une hypothétique version longue du reportage, dont certains
évoquent l’existence…

L’affaire est désormais
lancée. Toute la presse française s’en fait l’écho !
Il sera plus diffcile de l’étouffer.