31/12/02 (B178) Avec ses voeux, Maître AREF nous demande de lui communiquer les coordonnées des lecteurs, qui ont écrit des articles qu’il juge injurieux à son endroit. L’ARDHD refuse de lui communiquer les noms des lecteurs qui souhaitent conserver l’anonymat et lui propose d’attaquer son Président, devant la justice française, comme cela semble être son droit.

___________________ Message
de Me AREF

Venant de prendre connaissance de 2 textes injurieux et diffamatoires a mon
égard et publiés sur le site ARDHD, je te serais reconnaissant
de me donner les noms et adresses de leurs auteurs afin de me permettre de
les traduire devant la justice française.

J`ai eu connaissance de
ces injures et diffamations grâce aux nombreux messages de soutien et
d`amitiés qui me sont parvenus. (…)

____________________ Réponse
de l’ARDHD

Bien reçu votre
message. Il faudra que vous nous précisiez les textes que vous visez
particulièrement, parce qu’il a été souvent question
de votre revirement en faveur de la dictature sur le site de l’ARDHD.

Sauf pour Canal+, nous ne disposons que des adresses E-Mail des lecteurs :
elles ne vous seraient d’aucune utilité.

Nous nous sommes engagés à ne jamais communiquer d’identités,
ni à établir un fichier nominatif, afin de protéger les
Djiboutiens et leurs familles.

Vous savez très bien qu’en nous demandant les coordonnées de
nos lecteurs, vous prenez le risque de leur faire subir (à eux ou à
leur famille) des violences à Djibouti. Je m’étonne vraiment
que vous le fassiez, car vous ne pouvez pas ignorer le climat de terreur dans
lequel est plongé la population.

Cest la raison pour laquelle nous n’enregistrons jamais les coordonnées
des auteurs et nous ne souhaitons surtout pas les connaître. En revanche,
pour Canal+ et pour Bernard Nicolas, vous n’avez pas besoin de notre aide
puisque les coordonnées de la chaîne sont publiques.

La Loi française vous donne, à mon
avis, les moyens d’attaquer l’ARDHD et son Président, qui vous ont
défendu pendant des années.

Faute de vous donner des éléments précis concernant les
sources des articles / messages, je crois que la Loi vous permet de m’attaquer
personnellement en tant que Président de l’ARDHD.

Si vous deviez choisir cette voie, je serai légitimement contraint
de demander, en particulier à Me Calatayud et à Me Montebourg,
de bien vouloir assurer ma défense et celle de l’ARDHD. D’ores et déjà,
vous pouvez les contacter, si vous le jugez nécessaire pour conduire
une éventuelle action judiciaire à notre encontre.

Si vous preniez cette décision, sachez qu’il sera dans nos intentions
d’étendre le débat sur le fond et d’évoquer de façon
plus médiatique tous les crimes commis à Djibouti, pour justifier
notre position. Nous ne sommes pas certains que cette médiatisation
puisse servir véritablement les intérêts de MM Guelleh
et consorts ?

Je dois vous dire personnellement combien je suis navré de constater
à quel point vous avez changé en quelque temps. Cela m’attriste
beaucoup … de découvrir :

– qu’un homme unaniment
reconnu, autrefois, par la communauté internationale, comme un défenseur
des Droits de l’Homme, membre d’Amnesty (ex ?),

– qu’un homme qui a souffert dans les geôles du régime dictatorial,

– qu’un homme qui a failli être empoisonné à Ali Adde
et qui nous a appelé au secours,

– qu’un homme que nous avons défendu contre vents et marées
en 1991, puis en de nouveau en 1999,

– qu’un homme qui avait été proposé pour le prix Ludovic
Tardieux et dont nous avions soutenu avec force la candidature,

– qu’un homme qui nous avait demandé de préparer le dépôt
d’une plainte pour crimes contre l’humanité à l’encontre de
M Gouled et de M Guelleh,

– qu’un homme qui nous transmettait régulièrement des informations
confidentielles pour dénoncer les dérives du régime
dictatorial,

ait pu devenir aujourd’hui
à la fois l’avocat et aussi le soutien médiatique de ce même
pouvoir, qui n’a rien modifié à ses comportements et qui de
plus, est bien chancelant maintenant, compte-tenu de tous les problèmes
qui s’accumulent derrière et autour de lui :

– affaire Borrel relancée
après les expertises médicales récentes et les déclarations
sur Canal + du Chef des services secrets Djiboutiens,

– affaire du Café de Paris,

– massacre d’Arriba (et de vos frères Afar),

– tortures dans la Villa Christophe,

– exécution extra-judiciaires,

– disparitions et morts inexpliqués (dont celle du Major Diheyié
il y a quelques semaines),

– menaces et pressions sur la vie des gens et sur celles de leurs enfants,
etc…

Comment
pouvez-vous défendre cela après ce que vous aviez fait et prôné
autrefois ?
(Cf vos écrits et vos déclarations publiques
et vos lettres personnelles dénonçant les violations des D.H.
commises à Djibouti sous l’autorité de MM Guelleh et Gouled)

Nous nous sommes parfois demandés si c’était une manifestation
du syndrome connu, qui conduit la victime de mauvais traitements à
éprouver des sentiments de respect et d’admiration pour son bourreau
? Nous n’en savons rien, mais la question pourrait être posée.

Nous espérons surtout que vous avez bien mesuré l’ampleur des
dommages que vous causez à la liberté et aux Associations qui
luttent pour la défense des Droits de l’Homme.

Nous souhaitons surtout que vous n’ayez pas à en souffrir personnellement,
car le régime achète des bonnes volontés pour les utiliser
le temps qui lui est nécessaire et ensuite il les rejette plus ou moins
violemment, lorsqu’il n’en a plus l’usage. Y aurait-il une raison particulière
pour qu’il agisse de façon différente avec vous ?

Bien à vous.