17/02/03 (B185) Un procès politique maladroit qui pourrait se retourner contre Guelleh.

Intenter un procès
politique à Mohamed Saleh Aloumekani dans les circonstances actuelles,
est une maladresse extrême de la part d’IOG.

Pour quelles raisons
?

  • en annonçant,
    à l’avance, que le procès se déroulera par contumace(*),
    le pouvoir reconnaît ainsi qu’il n’a aucune envie de voir M. Alhoumekani comparaître
    en personne. Cela le dérangerait trop, dans la mesure
    où les déclarations claires d’Hassan Saïd (l’un des accusateurs)
    sur Canal +, confirment que la réunion décrite par Alhoumekani
    a bien eu lieu. Alhoumekani ne peut donc pas être accusé de mensonge, puisque
    son principal accusateur a reconnu publiquement les faits… Au risque de
    susciter une émotion internationale, IOG serait mal venu à exiger
    la condamnation d’Alhoumekani présent au Palais
    de Justice, avec son avocat belge.
    En revanche, en l’empêchant de se rendre à Djibouti, IOG a les moyens d’imposer à la Cour de prononcer une condamnation par contumace, puisque
    Alhoumekani ne pourra pas se défendre !
  • quel est l’objectif
    du procès ?
    Au fond, ce n’est pas la condamnation d’Alhoumekani,
    qui est accessoire pour Guelleh, mais c’est bien de tenter de prouver à
    l’opinion internationale et en particulier à la France, que la réunion
    qui accuse le locataire du Palais de l’Escale n’aurait pas eu lieu. Dérisoire,
    car personne ne le croira.

Guelleh, une nouvelle
fois, en fait trop et ce procès a toutes les raisons d’atteindre des
objectifs diamétralement opposés, dans la mesure où :

  • les procès politiques
    n’ont jamais bonne presse et qu’ils ont toujours un parfum de dictature,
  • le procès ne
    convaincra personne et qu’il renforcera la conviction des juges français,
    qui verront de la part de Guelleh, une nouvelle tentative honteuse de se
    soustraire à ses responsabilités pénales.

De plus, nous savons que
le Procureur de la République a tenté, à plusieurs reprises,
de faire pression sur le témoin. Hormis la photo que nous avons diffusée
sur le site, nous avons tout lieu de croire qu’il pourrait exister des enregistrements sonores et audibles où il expose les conditions du chantage …. Les conditions
du marché proposé par le Procureur pourraient bien être du style :  » Ou bien Alhoumekani
revient sur son témoignage, ou bien il sera jugé pour déclarations
mensongères « .
Le chantage est pénalement punissable, mais il est agravé lorsqu’il est exercé par le Premier personnage du Parquet
…. Tout cela montre que le procès n’est monté que pour assouvir à la fois la
vengeance de Guelleh et son besoin de se disculper. C’est un peu léger pour faire du pénal
et pour prononcer les condamnations indispensables aux yeux du dictateur sanguinaire pour se refaire une virginité pénale !

Il ne faut pas perdre de vue que s’il n’y avait pas condamnation
d’Alhoumekani, cela prouverait que la réunion a eu lieu et que Guelleh est impliquée dans l’affaire du meurtre du magistrat français. Il en ressort que Guelleh aurait probablement tort de laisser le procès se dérouler
: quelle qu’en soit l’issue, il sera perdant de toutes les façons. Alors, allons-nous vers un
renvoi aux calendes grecques ?

IOG a contre lui deux
faits indiscutables, qui condamnent .. son procès politique et qui le ridiculisent :

  • les déclarations
    d’Hassan Saïd sur Canal +,
  • les tentatives de
    subornation de témoin exercées par Djama Souleiman.

Ces deux points font que
le procès ne pourra être rien d’autre qu’une mascarade. Mais
IOG devra être prudent, car ce genre de mascarade se retournera inévitablement
contre lui et il a beaucoup plus à perdre qu’Alhoumekani dans cette affaire douteuse.

Une maladresse qui pourrait
conduire IOG à de graves difficultés personnelles et à
une réaction des pays occidentaux.

Jean-Loup
Schaal

(*) En affirmant à l’AFP, huit jours à l’avance (?), que le jugement serait prononcé par contumace, les services judiciaires de Djibouti ont maladroitement anticipé les évenements.

A ce jour et jusqu’à preuve du contraire, rien ne permet d’affirmer qu’Alhoumekani
ait l’intention de se soustraire à ce procès. Des sources
généralement bien informées confirment qu’il aurait fait
réserver pour son avocat et pour lui, une chambre dans un hôtel
de Djibouti.

Reste à savoir si Guelleh le laissera franchir la frontière avec son avocat belge ?

Pour les raisons données ci-dessus, nous pensons qu’il ne les laissera pas entrer, car il se condamnerait lui-même.