20/02/03 (B185) La vérité sur la transmission du pouvoir.entre Gouled et Guelleh (La chronique du Sergent Ariko)

Durant les dernières
années de son règne, le vieux Gouled n’était pas
le Général de son armée ni un homme au dessus de
la mêlée mais il était devenu le levier indispensable
pour faire changer les rapports de force au sein du RPP, le parti unique.

Une sorte de congrès,
qui ne disait pas son nom, avait été organisé par
les ténors du régime pour sauver la face d’un parti, en
pleine déliquescence, qui ne tenait plus que par son nom.

Gouled, sous le prétexte
d’une maladie qu’Allah lui avait envoyée pour le punir, lui qui avait
tant fait souffrir les Djiboutiens sous sa férule, prit la décision
de coopter le célèbre policier, issu du moule colonial et installé
à la Présidence de la République. Face au refus des congressistes
qui ne voulaient pas qu’il devienne le candidat de ce parti orphelin (dans
la mesure où aucun parti de l’opposition n’avait plus d’existence légale)
Guelleh tançait et haranguait la foule.

En réalité,
loin de tenir encore la barre, Gouled était en désaccord profond
non seulement avec un bon nombre de ses anciens compagnons de lutte mais aussi
avec une partie de l’équipe de l’indépendance qui contestait
la lenteur de ses décisions. Il avait voulu rester, jusqu’au bout,
le maître absolu de toutes les instances du pays : Armée, Gendarmerie,
FNP, Éducation nationale, Économie, Jeunesse, SDS, ….

Bref, Gouled voulait être
considéré comme le Chef de tout et de chacun – le chef des chefs
!

Et pourtant la réalité
était bien différente : de nombreux indices démontraient
le contraire. Prenons par exemple, les farouches divisions internes dans son
entourage proche. En fait, même s’il faisait semblant de les ignorer,
il en avait pris conscience et il avait senti qu’il devait sauver à
tout prix, à la fois les meubles lézardés de son autorité
mais aussi la cohésion de sa vieille garde conservatrice.

C’est cette crainte d’une
menace imminente de dislocation de son édifice devenu fragile ou d’une
vague de contestation qui le submergerait qui avait engendré en lui
une sorte de syndrome politico hybride. Le résultat fut qu’il brilla
par son absence lors de congrès de février 1999.

Les conséquences
ont été lourdes. Des déchirements, un bras de fer entre
les mouvances d’IOG, celle de Barkhat et finalement tous ceux qui affirmaient
que la direction du parti était devenue une affaire exclusive de famille.

La lutte était
quotidienne mais elle n’était pas dévoilée à l’extérieur.
La population l’ignorait totalement. Aujourd’hui un débat est ouvert,
car la démocratie aura pour effet de confisquer la suprématie
absolue et totale que se réservait le parti au pouvoir.

Pour contrôler et
pour maîtriser l’apprentissage de la démocratie, de la transparence
et du pluralisme, beaucoup d’évènements se sont déroulés
dans l’antichambre d’Ismail Omar, car on n’est jamais mieux servi que par
soi même

Le résultat est
éloquent ! Au cours de cette remise en cause, on aurait du constater
une sorte de renaissance morale et d’épanouissement.

Hélas ! Lors du
congrès RPP de mars 2000, IOG a refusé que les militants puissent
débattre des thèmes et des orientations abordés par les
170 membres du Comité central.

La décision a été
prise par le Président du parti, influencé par un certain Cheik
Mogueh Dirir Samatar, qui ne brillait pas par sa vision de l’islam et qui
prônait le maintien des structures sociales et étatiques créées
par IOG en personne. C’est surtout l’arbitraire qui a été défendu
ce jour-là.

Ah ! Si IOG avait la capacité
intellectuelle pour mesurer à quel point son jugement était
incompatible avec les idéaux en vigueur dans le monde, il aurait peut
être compris que son système n’avait fait jusque là que
la preuve de sa nocivité indiscutable.

Le système Guelleh
ne repose que sur des illusions et il n’a aucun fondement historique. Ses
méthodes de gestion de l’Administration n’aboutissent qu’à des
échecs répétés, qui sont masqués superficiellement
par de la poudre aux yeux répandue au fil des jours sans aucune stratégie
de moyen / long terme.

On peut affirmer, sans
risque de se tromper, que ce comportement est uniquement dicté par
les intérêts personnels d’une minorité résistante,
conservatrice et égoïste. C’est la garde rapprochée qui
trouve normal de vouloir vivre dans le luxe et de s’enrichir, toujours aux
frais des contribuables djiboutiens. Ce sont toujours les mêmes qui,
refusant absolument de regarder la réalité en face, soucieux
de ne rien changer à leur mode de vie, lancent des appels désespérés
au secours en direction des Institutions financières internationales
et des États occidentaux.

C’est le quotidien de
la petite nomenklatura qui dirige le RPP et qui veut maintenir le plus longtemps
possible cette fausse idée de la Nation. Malheureusement pour eux,
le contexte s’est dégradé de façon dramatique puisque
les changements qui s’imposaient et qui étaient indispensables, n’ont
jamais été entrepris.

Ces changements sont inéluctables,
car le pays, le système et la société sont confrontés
à d’énormes difficultés, que le système de Guelleh
est incapable de résoudre.

Mais, inch allah, Guelleh
devra bien s’y résoudre, car le peuple l’exige. Le peuple a l’énorme
avantage de savoir ou il veut aller alors que le lobby Rppiste n’a aucun objectif
sauf celui de faire perdurer la situation dans lequel il trouve confort, intérêt
et enrichissement. En dehors de cela, ce petit groupe ne veut rien d’autre
que de n’aller nulle part.

On ne peut pas dire que
cela constitue un programme novateur et motivant, après 23 ans de dictature
!

Le Peuple de Djibouti
demande le rétablissement de la vérité historique. C’est
la seule base sur laquelle on pourra avancer, car seule cette connaissance
constituera une garantie contre un retour aux anciennes pratiques et aux dégâts
considérables (et jamais encore chiffrés) qu’elles ont engendrés.


Ce sera la fin des rituels institutionnalisés par Ismail Omar pour
occulter le déroulement d’une histoire convulsive et truffée
de mensonges. Prenons par exemple la décision, en 1992, de promulguer
une constitution qui réduit l’espace réservé à
la démocratie à une peau de chagrin.

Pendant ce temps, on essaie
de diffuser, dans l’environnement régional de la petite République
qui subit le joug d’un policier avide de sang et de pouvoir, une image de
HAVRE DE PAIX voire de paradis moderne et progressiste. A l’intérieur
c’est la guerre et la ruine économique conséquence de l’absence
d’un État de Droit.

Après le hold-up
électoral commis lors de l’élection présidentielle du
9 avril 1999, l’opposition pourtant interdite et bâillonnée,
triomphait dans la rue. La volonté du peuple se ressent déjà
dans le climat. On peut estimer que les réformes souhaitées
par les djiboutiens auront certainement une portée historique et un
grand retentissement.

La rapidité et
l’ampleur de ces réalisations dépendront essentiellement des
nouveaux rapports de forces politiques qui prévaudront dans les mois
à venir. Nous vivons à Djibouti un affrontement entre l’ancien
esprit sorti du moule colonial et les nouvelles aspirations populaires, entre
les survivances de la mentalité conservatrice, clanique qui sont toujours
tenaces et qui pensent être capables de résister aux défis
du 21 siècle.

Les adeptes des conceptions
dogmatiques sont lents a céder … même au contraire, ils
sont toujours prêts à entreprendre toutes les tentatives pour
préserver les vieilles méthodes de gestion par le haut (Le palais
de beitelwali, le RPP ou plutôt le plagia de la France et en particulier
de l’UMP – le choix contestable de ce nom pour l’amalgame de quatre partis
issus de tous les horizons, y compris, pour certains, d’une certaine forme
de trahison de l’opinion publique).

Mais la nouvelle génération
vigoureuse commence à se faire entendre et à s’affirmer. Elle
réclame, bientôt elle exigera un processus démocratique
et exemplaire dans la République. Une véritable révolution
par rapport au système actuel qui engendrera un réveil des hommes
et des femmes avides de retrouver leur dignité bafouée par les
héritiers du moule colonial.

La preuve éclatant
qu’il y a une place dans ce pays pour un système qui marquera le triomphe
de l’intelligence, de la créativité et de l’innovation. Cette
nouvelle conscience sera représentée à Djibouti par des
esprits libres et sincères qui y sont présents, mais qui ont
été privés de toutes les formes légitimes d’expression.
C’est ainsi qu’une infrastructure compétente pourra être mise
sur pied pour que renaisse une véritable identité nationale,
un patriotisme serein, un rythme d’évolution sociale permettant de
rejeter le tribalisme, le clanisme, en gros le nationalisme dénaturé
et haineux.

Ces conditions permettront
d’abolir cette forme d’apartheid social et de mobiliser autour de ces idées
nouvelles pour le pays, les hommes et les femmes qui ont toujours refusés
d’être intégrés dans le vieux système de l’Etat-parti
qu’Ismail Omar continue à diriger, qui n’aboutit qu’à des querelles
intestines et qui ne porte plus aucune espérance.

Certes les vagues permanentes
de répressions et le climat de terreur et de délation ont fortement
enracinés la peur, la méfiance et la docilité. Elles
ont fait accepter, comme inéluctable, l’auto-sélection au profit
de responsables sélectionnés sur les bases de la souplesse de
leur échine et d’un dosage d’appartenances ethniques et/ou claniques.

Seule l’option nationale
pour constituer une communauté réellement patriotique et solidaire
capable de rassembler tous les démocrates peut générer
la promotion unitaire du pays et permettre la naissance de la vraie notion
de souveraineté du peuple, de la suprématie des Lois, de la
distribution du pouvoir, de la création d’un système politique
reflétant les attentes et les diversités de la société.

En synthèse, un
système visant à faire cesser l’aliénation du peuple
par l’homme fort qui a accaparé le pouvoir au profit du pouvoir rendu
au peuple sur la base de la Loi et de la justice et non plus de l’arbitraire.

Sergent
Ariko
Tilburg – Hollande.