22/02/03 (B186) Décidément, Guelleh ne devrait certainement pas conserver un bon souvenir du sommet France-Afrique de Paris. (J-L Schaal)
Ce sommet n’était
pas fait pour lui. Pour quelles raisons ?
Parce qu’il n’a pas compris
que le monde évoluait, que les idées évoluaient et que
les attentes des citoyens ne sont plus les mêmes.
Quel que soit le niveau
de développement d’un pays, le temps s’achève pour les bandes
de prédateurs qui accaparaient toutes les richesses à leur seul
profit et qui traitaient les citoyens comme des sujets, voire souvent comme
des esclaves.
La mentalité et
la culture des citoyens des pays en voie de développement évoluent
; ils s’informent et ils se forment. Ils comprennent qu’ils ont été
bernés pendant des années. Dans un avenir prohce, si rien ne change dans leur pays,
ils se révolteront, pour exiger des gouvernements démocratiques,
entièrement mobilisés pour le développement économique
et social.
De plus et ce phénomène
est relativement récent, ces peuples sont désormais soutenus
et encouragés, non plus par un cercle restreint d’intellectuels, mais
par la majorité des opinions internationales qui tolèrent de
plus en plus difficilement les dictateurs, les criminels et les violeurs …
des Droits de l’Homme à la tête des Etats.
Jusqu’à maintenant,
comme l’écrivait si justement le Sergent Ariko dans sa dernière
chronique, Guelleh a essayé de faire perdurer, contre vents et marées,
un système dictatorial, criminel, autoritaire et dépassé,
pour son seul bénéfice personnel et pour celui de ses inféodés
ou des opposants repentis.
Ca ne pourra plus durer
longtemps. S’il a encore un minimum de sens de l’analyse et de la critique,
il est bien possible qu’il en ait pris conscience lors du sommet de Paris
où il n’a pas vraiment été ‘à la fête’.
- Sa photo avec celle
de 22 autres Chefs d’Etat exposée à la moquerie populaire
parisienne, placardée sur des camions publicitaires qui tournaient
en permanence autour du Palais des Congrés …. des affichettes distribuées
par de nombreux militants de Reporters Sans Frontières pour dénoncer
son régime liberticide,
- Les paroles engagées
de Jacques Chirac et les menaces non voilées de faire intervenir
la Cour pénale internationale pour réprimer les dictateurs
et pour protéger les peuples, qui ont du l’interpeller … ! On peut
imaginer que des inculpations puissent être prononcées rapidement
à l’encontre de personnalités proches de lui, dans les prochaines
semaines, soit émises par la Justice française, soit dans le
cadre de plaintes devant la Cour pénale internationale,
- La nouvelle orientation
de l’aide internationale qui devrait être attribuée aux populations
et non plus aux gouvernements ou directement aux dictateurs, comme cela
est trop souvent arrivé dans le passé à Djibouti. Cela
lui compliquera les détournements et le privera donc d’une partie
des recettes pour acheter des soutiens cupides, qui le lâcheront alors,
à la première occasion
Où sont donc passés
les fonds américains, les aides françaises ou les dons des pays
arabes ? En majorité dans le tiroir caisse de Guelleh et de sa famille,
avec une part donnée aux suppots du régime ou consacrée
à acheter des engagements ou des témoignages mensongers, des
fausses déclarations par exemple.
Même des avocats
reconnus (djiboutiens et français) ont cédé aux charmes
des versements alloués par Guelleh, au détriment de la population.
Donc Guelleh ne devrait
pas garder un bon souvenir de ce Sommet qui n’était pas fait pour lui
…. Changera-t-il pour autant ? Nous ne le pensons pas, car il est prisonnier
de son système et qu’il sait qu’en tentant des ouvertures ou des assouplissement,
il sera aussitôt submergé par une immense vague populaire, qui
n’attend qu’un signe de faiblesse pour le destituer et pour lui demander des
comptes.
Au contraire, nous craignons
qu’il ne se sente contraint de radicaliser le régime et
d’alourdir un peu plus la pression et la terreur qu’il exerçait déjà
sur les citoyens djiboutiens. Faute de changer et d’ouvrir le pays aux nouveaux
modes de relation entre l’Etat et les citoyens, il n’a plus d’autre alternative
que de donner un nouveau tour de vis. Il s’appuiera sur une fausse légitimité
que lui conférerait le maginifique résultat des élections
législatives massivement fraudées et des 100 % de députés
en sa faveur à l’Assemblée nationale, pour justifier ses nouveaux
méfaits, les assassinats politiques à craindre, la remise en
marche à un niveau industriel des usines de torture et le musèlement
des opposants.
Combien de temps pourra-t-il
durer en poursuivant une politique à contre-courant ?
Le temps que voudront
bien lui laisser les états puissants dans la région : la France
en premier, mais maintenant aussi les USA, qui se sont rapidement implantées
de façon pérenne dans le pays.
On peut penser que le
cas Guelleh ne sera pas évoqué avant la fin de cette terrible
guerre de l’Irak qui se prépare malheureusement et que nous regrettons vivement en raison des risques qu’elle fera courir aux populations civiles.
Les forces occidentales
et en particulier les USA semblent avoir besoin d’une base à Djibouti
pour lancer des offensives arrières (en dépit des affirmations
publiques de Guelleh qui n’aura pas son mot à dire et qui sera contraint
au silence moyennant l’attribution, le moment venu, d’un beau chèque
personnel libellé en US dollars…)
En conclusion, ce qui
est rassurant mais aussi porteur d’inquiétude, c’est d’imaginer que
Guelleh va faire, comme d’habitude, l’inverse de ce qu’il devrait mettre en
oeuvre et que son régime radicalisé, se rapproche de la fin,
voire malheureusement de l’implosion, qui pourrait faire des dégats
au sein de la population.
Jean-Loup
Schaal