18/07/03 (B206) Lettre ouverte de DAF au Ministre Djiboutien de la Justice.

Monsieur Daher Ahmed
Farah
Président du Mouvement pour le renouveau démocratique et
le développement (MRD)
Directeur de publication du Renouveau djiboutien
Détenu à la prison dite Centrale de Gabode (Djibouti)
Domicile : cité Cheik Osman, Djibouti
Tél : 34 16 57

à
Monsieur Ismaël Ibrahim Houmed

Ministre de la Justice et des Affaires musulmanes de Djibouti
chargé des Droits de l’Homme

Objet
: Protestation contre une détention qui relève de la mise à
mort


Djibouti, le 12 juillet 2003

 

Monsieur le Ministre,

Inexplicablement, tandis
que j’étais sous mandat de dépôt pour une prétendue
affaire de diffamation émanant du numéro deux de l’armée,
le général Zakaria Cheik Ibrahim, j’ai été détenu,
du 20 avril au 23 juin 2003, dans des condition inhumaines, dans la cellule
13 du bloc dit de 13 cellules. J’étais la première et seule
personne à être détenue dans ce quartier de haute sécurité
nouvelle formule. Mes protestations répétées et celles
de mon avocat, Maître Stéphane Zerbib de France, n’y ont rien
fait.

J’ai sérieusement
souffert de la chaleur, de la pénurie d’eau, des moustiques ainsi que
des nuisances sonores et atmosphériques de la proche centrale électrique
qui alimente la capitale.

Relaxé par la chambre
correctionnelle, le 23 juin 2003, j’ai vu mon supplice cesser pour une quinzaine
de jours.

De nouveau arrêté
le 9 juillet 2003 sur décision de la cour d’appel qui, saisie par le
procureur de la République et les parties du jugement du premier juge,
m’a condamné à, entre autres lourdes peines, trois mois d’emprisonnement
ferme, je me suis retrouvé, sur instructions du directeur de la prison,
dans la même cellule 13. Où les conditions de détention
ont gravement empiré du fait de la grande chaleur d’été.
Avec une température à l’ombre d’au moins égale à
40°, une offre d’eau tarie, les insupportables nuisances de la centrale
électrique, le Khamsin qui recouvre la cellule de poussière
pathogène et un dangereux isolement (le bloc 13 se trouve loin du reste
de la prison), il ne s’agit plus aujourd’hui de détention mais de mise
à mort lente. Or, que je sache, je n’ai pas été condamné
à la peine capitale assortie de mon exécution sous la torture
de Gabode.

Aussi, ai-je l’honneur
de vous demander de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires
pour mon affectation à un quartier de détention. C’est une question
de vie ou de mort.

Dans l’attente de votre
réponse, je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, l’assurance
de ma considération distinguée.

Monsieur
Daher Ahmed Farah

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Copies à :
– Monsieur Dileita Mohamed Dileita, Premier ministre ;
– Monsieur Ismaël Omar Guelleh, Chef du gouvernement, de l’État,
des Forces armées, du conseil supérieur de la magistrature et
du parti RPP au pouvoir ;
– Reporters sans frontières ;
– la Ligue djiboutienne des droits humains ;
– la Fédération Internationale des droits de l’homme ;
– l’Observatoire International des prisons ;
– Amnesty International ;
– Human Rights Watch.