25/08/03 (B209) En expulsant, sans accompagnement international, des milliers d’étrangers établis à Djibouti, parfois depuis une ou deux décennies, le régime de Guelleh ne risque-t-il pas de créer un déséquilibre dans la région ?

Les raisons de cette décision
ne sont pas officiellement connues. Elles sont probablement multiples :

– répondre à
une demande des américains, qui craignent pour la sécurité
de leur régiment nouvellement implanté à Djibouti. Il
y a certainement un enjeu financier pour Guelleh,

– utiliser un nouvel expédient
pour gagner du temps et faire survivre ce régime et son système
moribond,

– détourner l’attention
sur les vraies responsabilités de la catastrophe économique
que subit le pays,

– …

Le fait est que l’opération
semble avoir été minutieusement préparée, scientifiquement
même sur le plan de la répression et de la conduite des rafles
:

– concours des forces
spéciales de Police et coopération affirmée de la Gendarmerie,

– recensement des étrangers
à exclure (sur quels critères ? La transparence n’est pas
au rendez-vous non plus sur ce plan)
par tous les moyens, y compris surtout
l’appel à la dénonciation, en faisant croire aux plus pauvres
djiboutiens qu’ils profiteront des petits emplois. (Une aubaine, disait
le Ministre de l’Intérieur dans une récente déclaration)

Mais rien n’a été
préparé sur le plan humanitaire :

– accompagnement de cette
exode par des ONG, capables de venir en aide à ces hordes qui vont
errer sur les routes,

– aide au retour dans
leurs pays respectifs : qui accueillera chez eux, des malheureux qui ont quitté
leur village depuis 10, 20 ans et qui n’ont plus de papier ?

– octroi d’une aide financière
: certains menacés d’expulsion, n’ont même pas les moyens de
se payer un transport collectif jusqu’à la frontière. Et après
la frontière, ils auront besoin d’argent pour se réinstaller.

Les risques sont énormes
et les conséquences peuvent être dramatiques à plusieurs
niveaux :

– nul ne sait si certaines
communautés à Djibouti vont accepter, sans broncher, de se rendre
à l’ultimatum du Ministre de l’Intérieur. Le risque d’une résistance,
dans les rues de Djibouti, pourrait conduire à des combats violents
et sauvages, voire à un massacre (souvenez-vous d’Arriba, c’était
déjà Guelleh, à l’époque, qui donnait les ordres)

– cet afflux de personnes
sans ressource ni moyen, de retour dans leur pays (déjà pauvre)
va créer un déséquilibre important dans les économies
locales, ce qui est toujours à l’origine de conflit ou de luttes. Et
d’ailleurs, les villages d’origine, vont-ils accueillir avec le sourire, ces
nouvelles bouches à nourir, qui avaient émigré depuis
des années ? Pas toujours aussi sur !

– on risque de voir des
colonnes de réfugiés affamés, mal accueillis, voire même
refusés par leurs villages d’origine, errant à travers les pays
voisins et générant, volontairement ou pas, des désordres.
La région déjà instable, avait-elle besoin, de cette
nouvelle cause de déséquilibre ?

Pourquoi ne pas avoir
conduit cette opération, dans la dignité et dans le respect
des personnes et des droits humains ?

Si cette opération
présente des justifications légitimes (que nous ne connaissons
pas,et que nous n’avons pas imaginées)
, elle aurait du être
conduite dans le respect des droits de l’homme :

– définition claire
de la citoyenneté,

– (à titre d’exemple)
la naturalisation de tous ceux qui sont présents depuis cinq ans, qui
disposent d’un emploi et qui n’ont commis aucune faute,

– création d’un
fond pour remettre à chaque partant, une somme lui permettant non seulement
d’assumer les frais de voyage, mais aussi de s’établir dans son pays
d’origine,

– organisation de convois,
avec l’assistance des ONG : nourriture, médicaments,

– analyse des situations
pour éviter une catastrophe économique à Djibouti, même,
par manque de main d’oeuvre acceptant les ‘petits boulots’ mal payés
et pénibles, mais nécessaires.

– étalement dans
le temps pour éviter un afflux incontrôlable … sur les routes
et les pistes.

Le fait que ces précautions
minimum n’ait pas été prises et la rapidité qui a pris
tout le monde de court, en pleine période estivale, montre que le régime
se radicalise et qu’il se moque éperdument, non seulement des drames
humains qu’il déclenche, mais aussi des conséquences sur la
stabilité interne.

Djibouti : pays raciste
?

Ce serait faire injure
au peuple djiboutien qui n’a jamais été raciste ni xénophobe,
ni aujourd’hui, ni dans son passé et qui a toujours accueilli avec
chaleur, générosité et humanité, les étrangers
de passage et même ceux qui s’installaient. Les Français, par
exemple, ne pourront pas dire le contraire …..

Djibouti : régime
raciste ?

Les décisions prises,
les menaces et les méthodes semblent donner raison à cette affirmation.

Et quand on sait que
le Chef de l’Etat est un étranger à Djibouti, natif de l’Ethiopie
! On dit aussi qu’il dispose de deux nationalités (en contradiction
avec la constitution du pays, qui précise que le Président ne
doit avoir que la nationalité djiboutienne …)

ARDHD