30/08/03 (B210) LA VOIX AU CHAPITRE par AÏNACHÉ

 

LA
FAUTE

L’emploi
du mot  » RAFLE  » fait grincer les dents, j’en suis persuadé,
à beaucoup de Djiboutiens. J’ai beau chercher dans tous les sens,
je n’arrive pas à croire qu’un Djiboutien, quelle que soit sa
fonction ou sa responsabilité ait pu employer cet horrible mot
qui nous rappelle une période terrible de notre histoire.

Nul ne peut contester,
que la situation des réfugiés dans notre pays est alarmante,
et que la recherche d’une solution humaine, intelligente, en concertation
avec les pays voisins s’imposait. Comme personne ne peut nier, que la responsabilité
en incombe au tenant du pouvoir actuel, qui a privilégié l’appel
aux réfugiés pour de multiples raisons non avouables et sordides.

La méthode vexatoire
que pratique le tenant du pouvoir en poussant les nationaux à l’exil
et en voulant les remplacer par des étrangers ne pouvait qu’engendrer
cette situation qui déplait aujourd’hui pour d’autres raisons au nouveau
protecteur.

De là à
employer un vocabulaire avec des mots qui donnent la nausée à
tout Djiboutien consiste à commettre une  » FAUTE  » vis à
vis de notre histoire, de nos martyrs, une honte pour nos amis réfugiés,
et une incorrection à l’égard des pays voisins ainsi qu’à
leurs dirigeants.

Entendre le Ministre
de l’Intérieur ordonner : Rafle, Regroupement dans un stade, Expulsion,
Déportation etc.…. Réveille des souvenirs que tout Djiboutien
aurait espéré oublier à jamais. Faut-il aller jusqu’à
imaginer que nos dirigeants actuels ignorent cette pénible période
de notre histoire ?

Est-il nécessaire
de rappeler à Monsieur Le Ministre de l’Intérieur la manière
dont les gendarmes et l’armée coloniale RAFLAIENT, des hommes, des
femmes et des enfants.

Je vois encore le débarquement,
surprise des forces coloniales dans les (Makahis)  » cafés « ,
les habitations, avec une brutalité sauvage, cassant les postes de
radio autour desquels se regroupait la population pour écouter Radio
Caire qui diffusait des émissions en langue Somalie. Ces émissions
à l’attention des Djiboutiens, avaient pour thème dominant la
libération du pays. Les gendarmes et les militaires n’hésitaient
pas à poursuivre, ceux qui réussissaient à s’échapper,
jusqu’à l’enceinte même des moquées.

Bien entendu, ces émissions
déplaisaient énormément au colonisateur et le mettaient
en rage. Ces Rafles brutales se poursuivaient par un regroupement à
la  » poudrière  » de triste souvenir et se terminaient par
des expulsions inhumaines, sans ménagement.

Ainsi des familles entières
ont été disloquées à jamais. Les tenants du pouvoir
actuel ont-ils oublié, l’isolement de la ville de Djibouti du reste
du territoire, par le fameux barrage tristement célèbre, dû
à la volonté de l’occupant ?

Rien n’autorise, Le Ministre
de l’Intérieur, d’imiter aujourd’hui le colonisateur que nous dénoncions
hier pour sa brutalité. Il n’est pas admissible de reproduire à
l’égard de nos amis et voisins, la même méthode que nous
avons subie.

L’exécution de
la nouvelle politique dictée par le nouveau maître n’autorise
pas, de violer les Droits de l’Homme et de salir notre tradition d’accueil
et notre histoire.

Nul ne peut mettre en
doute la Loi d’entrée et de séjour dans le pays, encore faut-il
que la loi soit claire et appliquée équitablement.

D’autres méthodes
plus humaines sont possibles.

AÏNACHÉ