30/08/03 (B210) L’ultimatum aux clandestins expire dimanche. Catastrophe humanitaire et désorganisation de la vie à Djibouti. (AFP)

DJIBOUTI, 29 août
(AFP) – Les autorités djiboutiennes ont donné jusqu’à
dimanche aux clandestins vivant à Djibouti, essentiellement des Ethiopiens
et Somaliens, pour quitter le pays avant que des rafles ne soient organisées
début septembre.

En moins d’un mois, la
capitale de ce petit Etat de la Corne de l’Afrique semble s’être subitement
vidée de sa population avec des rues quasiment désertes. Chaque
jour, des véhicules ou des trains surchargés transportent des
gens empressés de partir.

Des milliers de réfugiés
somaliens vivant à Djibouti-ville ont d’autre part commencé
à être regroupés vendredi dans un nouveau de camp de refugiés
à Aour-Aoussa à 120 km au sud de la capitale djiboutienne, a
constaté le correspondant de l’AFP.

Cette opération
est organisée par l’Office national d’assistance aux réfugiés
et sinistrés (ONARS) et le bureau du Haut commissariat des Nations-Unie
pour les Refugiés (HCR).

« Suite aux mesures
prises par les autorités djiboutiennes à l’endroit des ressortissants
étrangers en situation irrégulière, le gouvernement,
en accord avec le HCR, procèdera au transfert des demandeurs d’asile
détenteurs d’attestation », indique un communiqué du HCR.

Ces départs
massifs, pour des raisons « sécuritaires » et économiques
comme l’a reconnu le ministre de l’Intérieur Abdoulakader Doualeh Waïs,

commencent à avoir des répercussions sur le quotidien de la
vie des djiboutiens et également sur la vie économique du pays.

Alors que de milliers
de personnes en situation irrégulière continuent de partir par
route ou par train vers l’Ethiopie, la Somalie ou l’Erythrée, les
Djiboutiens commencent à comprendre l’utilité d’une main-d’oeuvre
étrangère bon marché.

Ils sont contraints
désormais à effectuer seuls les travaux quotidiens à
domicile dont la préparation des repas, le nettoyage et le repassage
du linge.

Les commerces et le
boulangeries manquent de personnel, ce qui a eu une incidence sur la qualité
du pain. Aujourd’hui on ne trouve plus à Djibouti-ville ces livreurs
qui tournent autour des maisons pour vous proposer trois à quatre fois
par jour du pain frais.

Les gardiens, laveurs
de véhicules ont également disparus. Les « cantines volantes »,
les petites échoppes et même les vendeurs de khat (drogue) ont
perdu une grande partie de leur clientèle.

Le ministre de l’Intérieur
a demandé aux Djiboutiens d’occuper les emplois laissés vacants
par les personnes en situation irrégulière mais les demandes
de salaire ont augmenté du simple ou double.

Pour répondre à
cette situation d’urgence, certaines familles aisées ont eu recours
à l’achat de nouveaux appareils électro-ménagers dont
les machines à laver, les cuisinières ou les frigidaires.

« On n’a jamais vu
un nombre aussi important d’Ethiopiens partir volontairement et aussi rapidement »,
souligne un fonctionnaire ayant requis l’anonymat.

Sur les quais de la gare
de Djibouti, chaque jour des centaines de personnes attendent un train pour
Diré-Dawa ou les localités éthiopiennes situées
tout au long de la voie de chemin de fer djibouto-éthiopien.

Certains sont là
depuis près d’une semaine, souligne Mahdi. « Il y a eu même
une femme qui a accouché sur place », souligne-t-il.