04/09/03 (B210) Djibouti: 6.000 demandeurs d’asile s’entassent au camp d’Aour-Aoussa. Le PAM et le HCR refusent toute aide alimentaire dans l’attente d’une distinction entre « réfugiés » et « migrants économiques » ??? (AFP)

AOUR-AOUSSA (Djibouti),
4 sept (AFP) – Ils sont 6.000 à 8.000, entassés dans un camp
à Aour-Aoussa, à cent kilomètres de Djibouti-ville, qu’ils
ont fuie après l’ordre d’expulsion lancé aux immigrés
clandestins, et ils espèrent obtenir le statut de réfugiés.

L’Office national djiboutien
d’assistance aux réfugiés et sinistréset deux agences
des Nations-Unies, le Haut-commissariat au réfugiés (HCR) et
le Programme alimentaire mondial (PAM), ont entrepris jeudi de les recenser.

Le camp est à une
centaine de kilomètres au sud de la capitale, aisément desservi
par l’axe routier emprunté chaque jour par les centaines de semi-remorques
et camions-citernes éthiopiens ravitaillant Addis-Abeba à partir
du port de Djibouti.

« Nous avons regroupé
les gens par nationalités, les Ethiopiens, les Somalis, les Erythréens »,
explique au correspondant de l’AFP l’administrateur du camp, Souleiman Elmi.

Les infirmes, les mal-voyants
et surtout les femmes enceintes ont été regroupés au
centre du camp, près du dispensaire.

« Ma grande préoccupation
concerne les femmes enceintes à leur septième ou huitième
mois de grossesse, et dont une trentaine, anémiques, ont un besoin
urgent de perfusion », indique Souleiman.

Le camp, vaste étendue
aride parsemée de quelques arbustes, a déjà enregistré
deux naissances depuis vendredi dernier, quand les immigrés sont arrivés
en masse.

Le travail administratif
consiste d’abord à distinguer les « demandeurs d’asile » des
« migrants économiques », qui risquent d’être refoulés
et reconduits dans leur pays d’origine.

Une rumeur circule en
effet dans le camp sur la présence de Djiboutiens qui se seraient mêlés
aux réfugiés dans l’espoir de partir avec eux dans des pays
d’accueil, en Europe ou aux Etats-Unis.

« Nous ne sommes pas
concernés par les migrants économiques et les Djiboutiens »,
explique ainsi un représentant du HCR.

« Il ne faut pas qu’ils
pensent qu’on va les ramener à Djibouti, il faudrait plutôt planifier
leur transport vers la frontière », ajoute-t-il.

Le PAM et le HCR ont en
tout cas refusé pour l’heure de livrer des aides alimentaires individuelles
ou familiales à tous ceux qui ont été regroupés
à Aour-Aoussa. Ils veulent qu’une distinction soit faite entre « réfugiés »
et « migrants économiques », insistent leur personnel.

Certes, jusqu’ici, un
seul repas chaud est livré par jour, mais tout le monde mange. « Les
gens ont emporté des denrées, ainsi qu’un peu d’argent qui attire
de petits commerçants venus des localités voisines d’Ali-Sabieh
et de Dikhil », explique Djama, un responsable de l’ONARS.

Ethiopiens ou Somaliens
cuisinent entre eux, et forment de longues files d’attente pour recevoir une
louche de riz assaisonné d’une sauce aux légumes.

Mêmes alignements
en permanence devant les points d’eau et les sanitaires.

Pour accélérer
l’opération d’identification, les responsables du HCR et de l’ONARS
expliquent qu’ils vont regrouper d’abord ceux qui sont munis, depuis leur
arrivée à Djibouti, d’une attestation de demandeur d’asile délivrée
par l’un ou l’autre de ces deux organismes.

Une « Commission d’éligibilité »
se penchera ensuite sur les cas des autres. Il faudra notamment distinguer
les Somalis originaires du sud, qui ne peuvent regagner leur région
en raison des troubles qui l’agitent, de ceux du « Somaliland » ou
de « l’Ogaden », plus paisibles.

« Beaucoup pensent
pouvoir se cacher dans ce camp pour éviter les rafles », explique
à l’AFP le secrétaire exécutif de l’ONARS, Ahmed Houssein
Affi.

Le gouvernement de Djibouti
a annoncé que tous les immigrés en situation irrégulière
seraient appréhendés à compter du 15 septembre.

« Nous allons traiter
humainement et dignement tous ces gens, mais le gouvernement reste ferme quant
à sa décision d’expulser les étrangers en situation irrégulière »,
ajoute-t-il.