14/09/03 (B212) Les derniers clandestins somaliens de Djibouti prennent la route : derrière eux tristesse, désolation et fin d’un système économique de proximité. (AFP)

DJIBOUTI, 13 sept (AFP)
– Sur l’Avenue 26, dans un quartier populaire de Djibouti-ville, les derniers
immigrés clandestins, résignés au départ, s’entassent
à dix, voire plus, dans des véhicules tout-terrains, avant de
prendre la route vers la Somalie.

« Il n’y a plus personne
dans le quartier, les boutiques et les restaurants sont fermés, il
n’y a plus de cuisiniers », déplore Abduselam, un jeune Djiboutien.
Il regarde ses anciens voisins, des Somaliens, occupés à plier
bagages samedi en fin d’après-midi.

L’ultimatum lancé
fin juillet par le ministère djiboutien de l’Intérieur aux clandestins,
essentiellement somaliens et éthiopiens, pour qu’ils quittent l’ancienne
colonie française expire lundi à minuit. Il avait d’abord été
fixé au 31 août, puis reporté.

Ils sont 70.000, soit
90% d’entre eux, à avoir déja quitté Djibouti depuis
le mois d’août, selon le ministère.

« Nous sommes de la
même tribu, de la même famille que les Somaliens. Là-bas,
Nous sommes les bienvenus. Nous ne sommes pas contents que le ministre parle
comme ça », affirme Said, un autre jeune Djiboutien du quartier
qui assiste aux départs.

Assise sur la plage arrière
d’une voiture prête à partir, Lema Djama, Somalienne, ne semble
pourtant pas mécontente de « rentrer au pays ».

« Je suis venue ici
quand j’avais quinze ans. J’ai épousé un Somalien à Djibouti,
il me rejoindra dans deux jours », se réjouit-elle.

Tous ces véhicules
se rendent au poste frontière de Loyada, entre Djibouti et la Somalie,
où les sorties vers la Somalie ont lieu entre 15h00 et 17h00 locales
(12h00 GMT et 14h00 GMT).

Là, des Djiboutiennes
accroupies tiennent des liasses de shillings somaliens à la main, et
proposent aux migrants de changer de l’argent avant de retourner dans leur
pays d’origine.

Tout se passe dans le
calme, et la police des frontières djiboutienne compte les véhicules
en laissant passer hommes et femmes sans leur demander de documents.

A Djibouti-ville, l’exode
des clandestins n’est pas perdu pour tout le monde.

A quelques rues de l’avenue
26, dans le « quartier sept », des adolescents récupèrent
et emportent des bouts de tôle et des branchages: les restes des abris
de fortune que des immigrés clandestins viennent de quitter définitivement.