16/09/03 (B212) Les « rafles » s’appellent désormais des « ratissages ciblés », mais c’est la même chose ! (AFP – DJIBOUTI)

Djibouti: ratissages "ciblés"
contre les clandestins restés sur place

DJIBOUTI, 16 sept (AFP)
– La police et l’armée ont entamé mardi des opérations
de ratissage "ciblées"
à Djibouti, à la
recherche de clandestins n’ayant pas obéi à l’ultimatum leur
intimant de quitter le pays avant lundi minuit, ont constaté des journalistes
de l’AFP.

Aux premières
heures du jour, la police a ainsi investi le secteur d’Ambouli, dans le sud-est
de la capitale.

Les policiers, sillonnant
les ruelles, ont emmené tous ceux qu’ils surprenaient à dormir
à la belle étoile dans le "Djebel" (montagne), au
centre d’Ambouli.

Ratissages et contrôles
se sont poursuivis un peu plus loin, à "Gabode", où
des abris de fortune ont poussé de chaque côté de la voie
ferrée.

Cent quatre-vingt étrangers
en situation irrégulière ont été arrêtés
dans la journée et conduits au centre de transit de la police, à
Nagad, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de la capitale,
selon le ministère de l’Intérieur.
Ils y seront séparés
par nationalités en vue de leur reconduction vers leurs pays d’origine,
a-t-on indiqué de source policière.

"Au Djebel, la police
n’est pas rentrée dans les maisons et s’est contentée de vérifier
les pièces d’indentité des personnes se trouvant dehors",
a indiqué à l’AFP un habitant du secteur Ali Ahmed Ali.

Les policiers ont toutefois
forcé les abris de clandestins, faits de branches de bois, de tôle
ondulée et de bouts de bâche plastique, a-t-on constaté.

"Nous avons mobilisé
quatre compagnies de 125 hommes et des agents des services de renseignements
et de la sécurité publique",
a déclaré
mardi à l’AFP Abdel-Nasser Cheikh, conseiller du ministre de l’Intérieur.

"Ces opérations
ciblées vont se poursuivre" a-t-il ajouté.

Pour traquer les étrangers
en situation irrégulière à Djibouti-ville, "la police
va s’appuyer davantage sur des agents du service de renseignement qui dévoileront,
avant toute intervention, ceux qui continuent de garder et de faire travailler
des gens au noir", a confirmé à l’AFP une source policière.

Les départs de
retardataires par le train ou la route seront toutefois "tolérés"
sans autre formalité, a souligné mardi le ministère de
l’Intérieur, en remerciant à cette occasion les gouvernements
voisins d’Ethiopie, d’Erythrée, du Yémen et les autorités
du Somaliland pour "leur complète coopération empreinte
de bonne volonté et leur compréhension".

Le ministre djiboutien de l’Intérieur, Abdoulkader Doualeh Waïs,
avait souligné samedi que 90% des ressortissants étrangers en
situation irrégulière avaient quitté Djibouti, ce qui
évitait le recours à des opérations systématiques
de "bouclage des quartiers et de fouilles des domiciles à la recherche
des clandestins".

M. Waïs avait alors annoncé "des opérations ciblées"
et la mise en place d’un système de contrôle d’identité
"permanent" et inopiné dans les rues.

"Deux compagnies de la police, formées de quelque deux cent cinquante
hommes, ont été créées pour mener des opérations
de vérification des cartes d’identité, des documents de voyage
ou de séjour", a précisé à l’AFP le chef
d’état-major de la police, le colonel Hassan Djama.

"L’armée a de son côté eu pour mission de rendre
la frontière plus hermétique", a-t-il ajouté.

Djibouti va reconstituer une unité de l’armée baptisée
"Groupement nomade autonome", a-t-on appris de source militaire.

Cette unité, démantelée peu après l’indépendance
de Djibouti en 1962, était composée essentiellement de supplétifs
nomades, qui assuraient un meilleur contrôle des pistes de caravaniers
et des itinéraires utilisés par les "passeurs d’hommes"
et les contrebandiers.