17/09/03 (B212) RSF / Liberté de la presse. Appel en faveur de 14 journalistes toujours incarcérés en Erythrée.

17 septembre 2003

ERYTHRÉE

Deux ans sans presse
privée
Quatorze journalistes toujours emprisonnés

Depuis le 18 septembre
2001, soit depuis deux ans, la presse privée n’existe plus en Erythrée.
Deux ans pendant lesquels les Erythréens n’ont eu pour seules sources
d’information que la presse officielle ou les quelques radios étrangères
captées dans le pays.

C’est une situation unique
au monde. Du jour au lendemain, le gouvernement a fermé tous les journaux
privés et emprisonné les principaux journalistes. L’Erythrée
est aujourd’hui le seul pays du continent africain, et l’un des très
rares sur la planète, où seule la presse gouvernementale a droit
de paraître.

Ce pays est également
la plus grande prison d’Afrique pour les journalistes. Aujourd’hui, au moins
quatorze professionnels de la presse sont emprisonnés dans des conditions
très difficiles. Les autorités ne donnent aucune information
à leur sujet et ni les lieux, ni les conditions de leurs détentions
ne sont connus. A plusieurs reprises, des membres du gouvernement d’Asmara
ou du parti au pouvoir ont qualifié les journalistes emprisonnés
de "traîtres à la nation", mais aucun chef d’accusation
officiel n’a été rendu public.

Une fois encore, Reporters
sans frontières exhorte les autorités érythréennes
à libérer ces journalistes et à autoriser les médias
privés à reparaître.

Le 18 septembre 2001,
le gouvernement ordonnait la suspension de tous les titres de la presse privée.
Dans le même temps, débutait une vague d’arrestations sans précédent
au sein de la presse érythréenne. En quelques jours, au moins
dix journalistes de la presse privée ont été interpellés
par les forces de l’ordre et conduits au poste de police n°1 d’Asmara
: Yusuf Mohamed Ali, rédacteur en chef de Tsigenay ; Mattewos Habteab,
rédacteur en chef de Meqaleh ; Dawit Habtemichael, rédacteur
en chef adjoint de Meqaleh ; Medhanie Haile et Temesgen Gebreyesus, respectivement
rédacteur en chef adjoint et membre du conseil d’administration de
Keste Debena ; Emanuel Asrat, rédacteur en chef de Zemen ; Dawit Isaac
et Fessehaye Yohannes, du journal Setit ; Said Abdulkader, journaliste du
magazine Admas, et un photographe indépendant, Seyoum Tsehaye.

Le 31 mars 2002, ces dix
journalistes ont entamé une grève de la faim. Dans une lettre
diffusée depuis leur prison, ils déclaraient vouloir ainsi protester
contre leur détention illégale et réclamaient "leur
droit à la justice". Ils demandaient notamment un procès
devant un "tribunal juste et indépendant". Le 3 avril, ils
ont été transférés dans des lieux de détention
inconnus.

Par ailleurs, en janvier
et février 2002, trois journalistes de la presse gouvernementale ont
été arrêtés : Hamid Mohamed Said et Saidia Ahmed,
de la télévision publique Eri-TV, et Saleh Al Jezaeeri, de la
radio publique Voice of the Broad Masses. Aucune explication n’a été
fournie par les autorités.

Enfin, Akhlilu Solomon,
32 ans, correspondant local de VOA, a été interpellé
à son domicile le 8 juillet 2003. Des officiels ont ensuite annoncé
qu’il avait été conduit dans un camp militaire pour faire son
service national obligatoire. Selon VOA, le journaliste avait déjà
effectué une partie de son service national et était exempté
de la suite pour raisons médicales.

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