24/07/04 (B257) Devrait-on mettre des limites à la liberté de parole et de penser ?

Il ne faut pas [que le
peuple] sente la vérité de l’usurpation: elle a été
introduite autrefois sans raison, elle est devenue raisonable ; il faut la
faire regarder comme authentique, éternelle, et en cacher le commencement
si on ne veut qu’elle ne prenne bientôt fin. Pascal, Pensées.

L’heure n’est plus à la résignation ou aux règlements
de comptes. Les Djiboutiennes et les Djiboutiens doivent se mobiliser pour
faire barrage à ces écrits xénophobes.

Certes, il est vrai comme
l’avait mentionné un de vos lecteurs (B256), leurs motivations nous
échappent, leur inconscient joue un grand rôle dans leurs écrits,
mais ils préfèrent l’ignorer pour avoir l’illusion d’être
maître de leur comportement.

En fait, leur vrai liberté
consistera à connaître leurs désirs et leurs peurs inconscients.

Ils cesseront d’être obscurs et pourront être maîtrisés.
J’en doute fort.

A mon humble avis, rien
que sur le plan psycho-linguistique, il s’avère qu’ils souffrent d’une
instabilité chronique mentale.

La liberté de parole
constitue un traît essentiel de la démocratie, et il serait très
instructif de faire une distinction entre le monde des valeurs, des idées
et celui des techniques mises en oeuvre pour les partager, pour en convaincre
autrui sans être grossier et vulgaire.

Disposer d’une opinion
n’engage que soi. Elle est sacrée, on devrait donc, en théorie
comme en pratique, pouvoir tout dire. Tout dire, oui, mais pas n’importe comment
et encore moins des insultes gratuites voire un style agressif, diffamatoire
incitant ouvertement à la haine raciale.

Il serait indispensable
de ne pas autoriser, dans l’ARDHD, certains discours, non pas tant en fonction
de leur contenu, que de leur caractère contraignant pour ceux qui les
reçoivent.

L’ARDHD s’honorerait mais
aussi se protègerait, d’établir des normes à ce sujet.
N’est-ce pas dans l’apprentissage de l’échange de la parole que nous
apprenons à être citoyen ?

Ces écrits – tels
 » les Dallols » « les criquets » – démontrent sans
l’ombre d’un doute que les responsables ne sont autre que cette faune d’agents
secrets djiboutiens et/ou les propagandistes ioguistes, spécialistes
de la désinformation, de la déstabilisation, d’experts en attentats,
en raids de toutes sortes et en coups montés.

Dans leur conception de
voir les choses triomphe une illusion véridique substituant au monde
réel un univers de fiction dans lequel les éléments paranoiaques
jouent un rôle essentiel.

Ainsi vont pouvoir être
identifiées des catégories entières « d’ennemis objectifs »,
les a-ethnistes sournoise menace à leur « nation ethnisée »,
les comploteurs et saboteurs somalilandais, acharnés à détruire
les acquis de la République djiboutienne ou plutôt de la bande
mafieuse, autant de représentations mythologiques qui permettent d’expliquer
tous les insuccès et de susciter ces nécessaires frayeurs qui
fait de leur délinquant terroriste(IOG)un protecteur indispensable.

Bref, le virtuel devient
leur norme et le réel le signe du luxe.

Mais sur le fond, il convient
de se demander si toutes ces facettes ne sont pas des moyens de contrôler
les esprits, de les contraindre à ne pas penser de manière libre,
informée et autonome.

Faire ici une différence
entre les djiboutiennes/djiboutiens, reviendrait à tomber dans l’un
des pièges destinés à distraire de l’essentiel en divisant
pour régner.

Ces écrits racistes
et xénophobes peuvent servir à détourner du vrai problème,
celui de la misère -économique, sociale et intellectuelle -,
de la pénurie.

On ramène la condition
d' »exclu », et de « pauvreté » à des questions
de différences ethniques, qui n’auraient rien à voir avec la
loi de la dictature ioguiste. Alors que ce sont ces opprimés djiboutiens,
comme toujours et depuis toujours, qui sont exclus.

En masse.

Pourquoi se scandaliser
au prétexte qu’elles déstructurent, en vérité,
des vies entières, des familles, et annulent toute sagesse politique
ou économique ? Faudrait-il dénoncer aussi tous ces termes hypocrites,
scélérats ? Oui, mais de nos jours, cette dictature ioguiste
représente un facteur négatif, hors de prix, inutilisable, nuisible
au profit ! Néfaste.

L’avènement de
l’internet bouleverse donc l’équilibre socio-culturel, les citoyens
sont désormais libres et ne sont plus, à l’égard du pouvoir
dictatorial ioguiste, en position d’esclaves, car ce pouvoir ce sont eux qui
l’exercent.

En démocratie,
la parole est reine et fraie la voie des honneurs publics à ceux qui
acquièrent la maîtrise. Dans quel but ?

L’objectif n’étant
pas de tromper pour le plaisir de tromper mais de libérer l’homme de
tout ce qui peut faire entrave à sa liberté. C’est l’homme qui
fait sens et donne sens au réel.

Ces personnes n’ont plus
à se cacher derrière une réthorique idéologique
attisant une violence.

Il me semble qu’à
chaque occasion, cette clique minoritaire nous montre leur mentalité
tribale.

Cependant, il serait très
bénéfique de les censurer au risque de détroner la fameuse
radio milles collines. Car nous nous trouvons face à des véritables
« friches étatiques » ou tout est permis une aubaine pour les
« médias tueurs » ex « La Nation » Radio milles collines
etc. . .

Il me semble utopique
et illusoire de prétendre à atteindre une liberté d’expression
absolue car toute liberté doit être soumise à un cadre
contraignant et démocratique.

Ne dit-on pas que « la
liberté de l’individu s’arrête là où commence celle
des autres ».
Il est du devoir moral et éthique que L’ARDHD se positionne et n’accepte
pas que ce genre d’articles soit publié sous prétexte de la
faiblesse de la liberté d’expression.

Que fait alors ? Laisser
les choses telles quelles sont ? Je ne le pense pas.

Le réveil d’anciennes
rancoeurs ethniques, le sentiment d’injustice et la volonté revencharde
constituent des facteurs d’instabilité et d’insécurité
majeurs.

L’oubli, le pardon et
l’abandon du sentiment impératif de vengeance nécessiteront
des années de patience et d’efforts concertés.

N’est-il pas temps d’arrêter
de conditionner l’opinion publique en l’orientant vers des objectifs destinés
à entretenir l’idée des non-issas, éternelle victime.

Comment en sommes-nous
venus à ces amnésies, à cette mémoire laconique,
à cet oubli du présent ? Qu’est-il arrivé pour qu’aujourd’hui
sévissent une telle impuissance des uns, une telle domination des autres
? un tel acquiescement de tous à l’une comme à l’autre ? un
tel hiatus ?

Comment de tels discours
n’engendrent-ils pas la tentation de se replier sur soi-même ?

Comment les convaincre
qu’il s’agit là d’un dernier effort républicain ? D’un dernier
espoir pour la société qui les brime, oui, pour elle aussi ?
Pour elle, surtout !

Comment leur faire entendre
qu’elle est, comme eux, prise dans les mailles d’un filet, dans des histoires
fictives, truquées, qui lui, masquent son Histoire ?

L’interrogation réflexive
sur ces auteurs de ces écrits évoque parfois celle de ces malades
psychasthéniques dont parlera Pierre Janet dans « l’automatisme
psychologique « (1889), malades qui, à force de se demander cent
fois s’ils ont bien refermé la porte derrière eux et de vérifier
dans leur calepin l’adresse à laquelle ils doivent se rendre, finissent
par oublier le but de leur sortie et par ne plus sortir du tout.

Il serait à ranger
ces individus du côté des incapables, des impuissants, voire
des râtés de l’existence et de la société.

Mohamed
Qayaad