13/09/04 (B263) RSF : ERYTHREE – Expulsion du dernier journaliste étranger à Asmara.

Le correspondant en
Erythrée de la BBC et de l’agence Reuters a quitté le pays jeudi.


Jonah Fisher, collaborateur de la BBC Radio et seul correspondant permanent
étranger en Erythrée, a été expulsé d’Asmara,
après avoir vu son accréditation soudainement supprimée.

« Nous dénonçons
cette expulsion arbitraire qui avait été précédée
de nombreuses pressions des autorités érythréennes sur
Jonah Fisher », a déclaré Reporters sans frontières.
« La situation en Erythrée est unique, puisque ce pays est, avec
14 journalistes incarcérés, la plus grande prison d’Afrique
pour la profession et l’un des rares au monde où la presse privée
est interdite. »

Aucune raison n’a été
donnée pour justifier cette expulsion. « Mais je peux deviner
que je les ai énervés une fois de trop avec des reportages »,
a expliqué Jonah Fisher à l’Agence France-Presse (AFP) après
son départ. Parallèlement, dans un témoignage publié
sur le site de la BBC, le journaliste a précisé : « Lors
d’une conversation, trois semaines avant mon expulsion, le ministre érythréen
de l’Information, Ali Abdu Ahmed, a qualifié ma manière de rapporter
l’information de raciste et négative. Il a terminé en ajoutant
qu’il savait pour qui je travaillais réellement. »

Jonah Fisher a également
déclaré que ses appels téléphoniques et ses mails
étaient sous surveillance. « Toutes discussions avec les représentants
du gouvernement d’Asmara ont échoué et j’ai été
informé que j’avais besoin d’une autorisation du ministère de
l’Information pour circuler à l’intérieur du pays, autorisation
que je n’ai jamais obtenue. Ce n’était donc pas une grande surprise
quand j’ai appris que j’avais trois jours pour quitter le pays », a
ajouté le journaliste.

Jonah Fisher avait notamment
publié, fin mai, dans le quotidien britannique The Independent, un
article intitulé : « Pour certains Erythréens, la liberté
est synonyme de prison et de torture ». L’article évoquait un
rapport d’Amnesty International sur les violations des droits de l’homme en
Erythrée.

Reporters sans frontières
rappelle que toute activité de médias privés a cessé
en Erythrée depuis septembre 2001. Le gouvernement a fait fermer tous
les journaux privés et emprisonner les principaux journalistes.