24/10/04 (B269) LA VOIX AU CHAPITRE par AÏNACHÉ

 

APPEL AU CIVISME

Dans une déclaration
de mardi 19 octobre 2004, le ministre de l’Intérieur a annoncé
la réouverture des inscriptions sur les listes électorales.
Cet appel au civisme est une très bonne initiative, bien qu’elle soit
récurrente et obéisse à la période du dernier
trimestre de chaque année.

Le rappel aux inscriptions
sur les listes électorales aux jeunes arrivant à la majorité,
aux personnes qui ont changé de lieu de résidences comme ceux
qui ont négligé de s’inscrire ou qui ont voté par ordonnances
lors des dernières élections, est une bonne chose.

Le ministre de l’intérieur
est parfaitement dans son rôle, lorsqu’il rappelle aux citoyens Djiboutiens
leur devoir civique, encore faudrait-t-il que l’appel s’adresse à tous
et n’exclue pas certains citoyens parce que les autorités actuelles
( à tort ou à raison) les soupçonnent à l’avance
de  » mal  » voter.

C’est ainsi qu’il est
signalé à chaque élection que des personnes remplissant
parfaitement les conditions requises sont empêchées d’inscription
sur les listes électorales pour des raisons ethniques ou tribales,
non avoués. La plupart se voient refuser purement et simplement des
pièces d’identités.

Plus grave encore, parmi
les citoyens qui n’ont jamais eu la chance de s’acquitter de leur devoir électoral
figurent aussi, une forte population qui grossit de mois en mois à
l’étranger, pour cause d’exil politique ou économique.

Cette forte population
de la diaspora très dynamique et terriblement motivée, n’a jamais
été invitée à s’exprimer sur aucune élection
qui s’est déroulée jusqu’à présent.

Mon souhait est que cet
appel au civisme soit aussi valable pour cette population privée d’expression
quelle soit à l’intérieure ou à l’extérieure de
territoire national.

Pour que personne ne soit
oublié, il n’est pas superflu d’amplifier l’appel au civisme pratiquement
deux mois avant la date de la clôture de la liste électorale.
Cette période est suffisante pour permettre la mise en place du recensement
de la population de la diaspora, afin d’organiser en son temps, dans chacune
de nos représentations à travers le monde, la journée
des élections.

Nos représentations trouveront par la même occasion, une sorte
de crédibilité qui leur fait défaut pour le moment, car
nombreux sont les Djiboutiens troublés par l’attitude méprisante
à leur égard..

Ainsi, chaque Djiboutien
pourra s’exprimer sur le devenir de son pays sans frustration ni complexe
vis à vis de ceux qui eux ont le droit de voter, parce qu’ils se trouvent
au pays. Les autorités de Djibouti s’honoreraient de prendre, pour
ceux de la diaspora, les dispositions nécessaires afin de leur permettre
de participer aux élections.

L’argument de manque de
moyens pour permettre à la diaspora de participer aux élections
n’est plus recevable. Au jour d’aujourd’hui, des petits pays moins bien lotis
que nous font l’effort nécessaire pour leurs ressortissants.

Il m’est agréable
de rallier cet appel au civisme pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, l’incitation
aux inscriptions sur la liste électorale ne doit pas être seulement
l’affaire du ministère de l’intérieur.

La société
civile, les différents partis politiques ou tout citoyen responsable
devraient et doivent inciter nos compatriotes au devoir civique.

Je n’ignore pas que,
beaucoup des Djiboutiens sont résignés et ne croient plus aux
vertus des élections.

Les résultats des
dernières élections et notamment la dernière élection
législative du 10 janvier 2003, n’encouragent pas beaucoup de monde
à croire que le salut doit passer par les urnes.

De plus, les ressentiments
causés chez les Djiboutiens par les dernières élections,
doivent motiver plus d’un à ne pas la revivre à nouveau. Puisqu’il
faut se venger, de la manière plus que douteuse où s’est déroulé
la dernière élection, il n’est pas superflu d’être cette
fois ci, plus vigilant.

Beaucoup de Djiboutiens
se souviennent du conciliabule qui a suivi la dernière élection
législative pour déterminer les pourcentages des voix qu’il
fallait concéder à l’opposition, compte tenu du résultat
qui s’avérait lui être très favorable.

Après, paraît-t-il
quelques âpres conciliabules, il a été finalement décidé
d’accorder à l’opposition 40% des suffrages exprimés. Ce qui
a été jugé ridicule par de nombreux observateurs impartiaux.

Le ressentiment est d’autant
plus fort chez les électeurs de l’opposition, lorsqu’ils constatent
amèrement que même avec ces 40% octroyés, pour masquer
la fraude gigantesque, ces électeurs n’ont aucun représentant
à la chambre des députés.

La république
de Djibouti est le seul pays au monde où aucun parlementaire ne représente
40% des électeurs.

Mieux encore. Suite au
décès survenu, il y a maintenant plus de six mois, du député
 »élu » sur la liste présidentielle, le feu ISMAÏL YOUSSOUF
YONIS (paix à son âme), aucun député ne l’a, à
ce jour, remplacé.

Pourquoi ?

Bien que la Loi organique ( n° 5 /AN/93/3e L) concernant le règlement
intérieur de l’Assemblée Nationale le stipule dans son article
4.

Tout simplement, aussi
bizarre que cela puisse paraître, nos dirigeants ne respectent pas la
constitution. Il n’y a pas de suppléant élu.
De même, les députés nommés ministres, continuent
à conserver les deux fonctions à la fois, à commencer
par le premier des ministres.

Une fois de plus, dans quel pays existe ce genre de confusion des rôles
???

Ce blocage des institutions
ou son dysfonctionnement n’est pas nouveau, et cela n’incite pas au civisme.

Nous savons tous qu’aucune
institution ne fonctionne normalement, certaines existent en tout et pour
tout par leur intitulé. Faut-t-il énumérer les différentes
institutions qui jalonnent le journal officiel mais qui n’ont jamais fonctionnées
?

C’est la raison pour laquelle
il faut être vigilant et dénoncer les dérives institutionnelles
chaque fois que l’occasion se présente.

Ce n’est pas parce que
nos dirigeants actuels ne respectent pas les institutions qui sont en place,
que nous devons leur abandonner le terrain.

AÏNACHÉ