25/01/05 (B282) AFP / Le Monde: Enquête sur la mort du juge Borrel: Djibouti dit « collaborer » avec Paris

DJIBOUTI – Les autorités
de Djibouti ont affirmé mardi « collaborer pleinement » avec
la justice française dans son enquête sur la mort en 1995 du
juge français Bernard Borrel dans ce petit pays stratégique
de la Corne de l’Afrique.

L’enquête a été
conduite de « bout en bout par les autorités françaises
dans le cadre de commissions rogatoires internationales avec lesquelles Djibouti
a collaboré pleinement », selon un communiqué du ministère
djiboutien des Affaires étrangères.

Djibouti n’a pas interféré
dans le « traitement judiciaire de l’affaire Borrel » et il n’y a
jamais eu d’enquêtes parallèles, l’une djiboutienne concluant
« au suicide » et l’autre française privilégiant « l’assassinat »,
selon le même texte qui met en cause des « nostalgiques de l’époque
coloniale ».

Djibouti est une ancienne
colonie française, qui abrite la plus grande base militaire française
à l’étranger.

« Le corps du juge
Borrel a été trouvé par des gendarmes français,
acheminé vers un hôpital militaire français, examiné
par des médecins français qui ont conclu au suicide et en fin
de compte rapatrié par les bons soins des autorités françaises
à Toulouse où il fut enseveli », précise le ministère
djiboutien.

« A aucun moment,
les autorités djiboutiennes ne sont intervenues d’une manière
ou d’une autre », affirme le texte.

Plusieurs enquêtes
sur la mort du juge Borrel ont en fait été menées.

Une enquête djiboutienne,
à laquelle ont participé des gendarmes français basés
à Djibouti, avait conclu à un suicide par le feu.

De son côté,
la justice française a mené sa propre enquête, qui n’a
toujours pas abouti et qui vise à déterminer s’il s’agit d’un
suicide ou d’un assassinat. Cette enquête se focalise de plus en plus
sur l’entourage de l’actuel président djiboutien, Ismaël Omar
Guelleh.

Le communiqué du
ministère des Affaires étrangères n’aborde pas l’expulsion,
décidée récemment par Djibouti, de six coopérants
français, ni l’arrêt depuis le 14 janvier de l’émetteur
en modulation de fréquence de Radio France Internationale (RFI).

Le communiqué fait
état également, sans donner de date précise, de la convocation
par la justice française de l’ambassadeur de Djibouti à Paris.
La justice « s’est ensuite rétractée et s’est excusée
après coup des entorses faites aux usages diplomatiques », a assuré
le ministère.

Il a enfin réaffirmé
« la ferme détermination de Djibouti de ne pas dévier d’un
iota de la voie que lui dictent la promotion et la protection de ses intérêts
nationaux ».

L’enquête sur la
mort du juge Borrel a connu des développements récents avec
la décision de la justice française d’ordonner l’audition du
chef des services secrets djiboutiens, Hassan Saïd, sur une éventuelle
subornation de témoins.