12/02/05 (B285) LIBERATION – Suite du feuilleton. La Commission consultative du Secret Défense donne un avis favorable au déclassement de nouveaux documents « Secret Défense ». (Info transmise par un lecteur)

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Note de l’ARDHD

Le feuilleton continue. Reprenons les grandes lignes.

Pris de fébrilité
et ayant peur de déplaire à Guelleh (on se demande bien pour
quelles raisons ?) le porte-parole du Quai d’Orsay s’emmèle dans ses contradictions et se prend les pieds dans les grosses ficelles qu’elle voulait nous faire avaler : elle se précipite pour annoncer qu’une copie du rapport d’instruction
sera envoyé à Djibouti …

Nous avions émis
des réserves en estimant que c’était une ingérence incacceptable
dans le partage des pouvoirs au niveau de la République. Cela a été
confirmé ensuite à trois reprises :
– Refus de la Juge Clément de remettre une copie du rapport,
– Réactions très diplomatiques mais fermes du Parquet de Paris,
qui a soutenu la décision de la Juge,
– Annonce par Me Morice du dépôt d’une plainte à l’encontre
de la Porte-parole du Quai d’Orsay (Ce qui n’est pas vraiment fréquent
…. !)

En dépit
de cela, les autorités françaises, avec pour seul souci, celui d’accorder
un soutien abusif à la dictature en place à Djibouti, essayent
de passer en force avec la complicité du Ministre français et
Garde des sceaux, qui estime que l’accord de la Juge n’est pas nécessaire.

Or dans les raisons
de son refus, la Juge Clément avait souligné qu’il était
dangereux d’envoyer un rapport contenant des dossiers classés ‘Secret
Défense’, car ils pourraient compromettre les agents français
de la DST.

En donnant un avis
favorable à la déclassification de nouveaux documents (et spécialement
au moment précis où le contexte est un peu « chaud »),
la Commission consultative a-t-elle voulu donner un soutien à la Juge
Clément ? En effet, plus il y a aura de pièces émanant
de la DST ou des services secrets dans son dossier, plus son argumentation
sera solide… Nous aurions tendance à accréditer cette version.

Si après
cela, le Ministre de la Justice essaye encore de passer en force, cela montrera
sans équivoque possible, que le Gouvernement français n’a pas d’autre choix actuellement que de soutenir
Guelleh, quelles qu’en soient les conséquences et le prix à
payer (surtout dans le contexte Côte d’Ivoire et Togo … où
elle aurait plutôt intérêt à faire profil bas, comme
on dit !). Comme il n’y a pas de bonté d’âme ni de charité
dans le domaine diplomatique, serait-ce la preuve que le Gouvernement français
et probablement les plus hauts dirigeants sont soumis non pas à un
chantage, mais sont sensibles à des informations que Guelleh pourrait
diffuser …. et le moment pourrait arriver vite !

Bien sur ce n’est
qu’une supposition, mais le soutien abusif et honteux que la France accorde
à Guelleh et le zèle pour essayer de le dédouaner dans
l’affaire Borrel est devenu trop excessif … pour être vraiment honnête
!

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Extrait de Libération (B Vital-Durand)

Affaire Borrel: le
secret défense à peine dévoilé

Une note de deux feuillets
de la DST rejoint le dossier sur la mort du juge
.
Par Brigitte
VITAL-DURAND samedi 12 février 2005 (Liberation – 06:00)

La Commission consultative
du secret de la défense nationale a émis, vendredi, un avis
favorable à la déclassification partielle de documents de la
direction de la surveillance du territoire (DST). La demande avait été
faite par la juge Sophie Clément dans le cadre de son instruction ouverte
pour l’assassinat, en 1995 à Djibouti, du magistrat français
Bernard Borrel. Son dossier contient déjà un certain nombre
de documents classés «secret défense», extraits
par la Commission consultative des placards de l’Intérieur et de la
Défense. La mort du juge pourrait, en effet, être liée
à des affaires de trafic d’armes, ou de terrorisme. Sont évoqués
des liens avec l’attentat antifrançais dit «du Café de
Paris», en 1990, à Djibouti.

L’annonce de cette dernière
déclassification, parue au Journal officiel de vendredi, indique qu’elle
porte sur une note de la DST datée du 25 janvier 2000, de deux feuillets
simples recto, précise le JO. Le reste du dossier demeure secret. Ce
qui fait fulminer Olivier Morice, l’avocat d’Elisabeth Borrel, la veuve du
magistrat. L’avocat assure que le dossier intégral comporte une quarantaine
de feuillets : «En autorisant la déclassification de deux feuillets,
on se moque de nous, proteste-t-il. Cela confirme que nous sommes en présence
d’une affaire d’Etat et que certaines notes sont considérées
comme susceptibles de remettre en cause l’intérêt national.»

Au nom de ce même
«intérêt national», le Quai d’Orsay avait accepté
de transmettre le dossier judiciaire aux autorités du pays qui le réclamaient.
Un de ses volets met en cause l’entourage de l’actuel président de
la République.

Le 8 février, la
juge Sophie Clément a refusé de se séparer de son dossier,
évoquant notamment ces documents classés «secret défense»
dont, écrit-elle, «la transmission compromettrait gravement les
intérêts fondamentaux du pays et la sécurité de
ses agents». Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) appuie cette
démarche en dénonçant vendredi «toute tentation»
de transmettre «les pièces d’une procédure couverte par
le secret de l’instruction : une telle pratique reviendrait à autoriser
un contournement inadmissible du juge d’instruction […] pour des motifs
purement diplomatiques».