04/04/05 (B292B) GED : communiqué du Mouvement de Libération Nationale sous la signature d’Ali Iftin, général de division à titre temporaire.

Au moment où M
Ismaïl OMAR GUELLEH invite les électrices et les électeurs
djiboutiens à participer à une réédition du simulacre
d’Élections présidentielles prévues pour le 8 avril 2005,
l’opposition politique djiboutienne, le Gouvernement en Exil et le Mouvement
Djiboutien de Libération Nationale n’ont cessé de saisir les
opportunités offertes pour rappeler inlassablement toutes les alertes
et les appels faits précédemment.

Appels lancés à
la communauté et à l’opinion internationales pour que s’instaure
une médiation entre le pouvoir politique en place à Djibouti
et les représentants de ladite opposition.

Des démarches directes
furent effectuées à maintes reprises – tout particulièrement
par le Secrétaire général du GED – vers la diplomatie
française du Quai d’Orsay avec le souhait qu’elle fasse émerger
et coordonne l’instauration d’un dialogue entre toutes les parties en présence.
Ces démarches concernaient les violations des droits de l’homme, la
grande misère, et l’oppression que vit le peuple djiboutien à
la lumière d’un examen de la situation politique, économique
et sociale dans le pays.

Parallèlement à
toutes ces indispensables sollicitations à une médiation, nos
appels à l’émergence d’un dialogue nécessaire que nous
n’avons eu de cesse de proposer au régime de M Ismaïl OMAR GUELLEH
constituaient bien plus une " Alerte et une mise en garde " d’une
grande fermeté qu’un simple message politique notamment sur la violence
en période d’Élections avec un risque permanent de soulèvement
des populations, surtout de notre jeunesse désespérée
car très majoritairement sans emploi.

La réponse qui
nous fut opposée ne tarda pas.

M Ismaïl OMAR GUELLEH
est le candidat unique à sa propre "réélection aménagée"
dans un simulacre de scrutin. Il a pris toutes ses dispositions pour qu’aucun
réel candidat de l’opposition ne puisse mener une campagne électorale
dans des conditions respectant le Code électoral et son Droit d’expression.

Force est donc de constater
que le refus d’instaurer des Élections présidentielles libres
à Djibouti, sous un réel et sincère contrôle international,
ne permet pas à chacun et à chacune de voter en pleine liberté
et responsabilité pour le candidat de son choix.

Face à cette déplorable
situation et à leur corps défendant, le Gouvernement en Exil
présidé par M Mahamoud IDRISS AHMED, les partis politiques regroupés
au sein de l’UAD dirigée par M Ismaël GUEDI HARED, le MDLN et
toute l’opposition politique – unis plus que jamais en ces circonstances historiques
– n’ont eu d’autre alternative que de lancer conjointement une Campagne de
boycott desdites Élections tout en la justifiant.

L’histoire se répète
éternellement, face à la dictature la désobéissance
civile devient par la force des choses la seule alternative dont disposent
les citoyens et les citoyennes. Comme nous l’avons déclaré à
diverses reprises, c’est une responsabilité qui appelle à davantage
de responsabilités de chacun et de chacune pour que s’instaurent la
République et l’État de Droit.

Les chemins de la "pensée
unique" dans un pays passent souvent par des lieux qui ne sont que sources
de conflits et de misères humaines, voire de morts.

Les événements
d’une extrême gravité qui se sont produits ces jours derniers
au Nord Est du pays étaient prévisibles. Ils sont la conséquence
directe de l’enfermement dans lequel persiste le régime de M Ismaïl
OMAR GUELLEH et de l’ignorance dans laquelle il tient les populations de notre
pays et leurs droits.

La force et la fraude
étant les deux armes principales de la dictature qui règne actuellement
à Djibouti, ordre a été donné par le pouvoir de
tenter de contraindre par la violence les électeurs de ladite région
du Nord Est du pays.

Des affrontements armés
s’en sont suivis entre les forces du Mouvement Djiboutien de Libération
Nationale et la " garde prétorienne " du régime d’Ismaïl
OMAR GUELLEH envoyée sur place pour faire acte de répression.

Bien que limitées
dans leur ampleur, ces confrontations armées se sont traduites par
des morts et des blessés alors que le Mouvement Djiboutien de Libération
Nationale prend de l’ampleur dans la capitale et dans chaque région.

Le sang des Djiboutiens,
souvent celui des femmes, des enfants et des hommes sans défense, n’a
que trop été versé par le passé. Ceci a laissé
des traces dans le coeur de bien des familles dans notre pays. Qui pourrait
s’en satisfaire ?.

Pour toutes ces raisons,
nous demandons :

– aux hautes autorités
françaises de faire entendre raison à M Ismaïl OMAR GUELLEH
aux fins qu’il reporte les élections présidentielles à
une date ultérieure et qu’il accepte l’instauration d’un dialogue vers
l’émergence d’un véritable pluralisme politique avec le respect
de ses droits dans notre pays.

– aux Forces Armées
étrangères présentes sur notre sol national, de ne pas
s’ingérer – en aucun moment et de quelque manière que ce soit
– dans les événements qui pourraient suivre – dans les jours
et les semaines à venir – et de confirmer ainsi leur indispensable
neutralité.

La France étant
le premier bailleur de fonds des Finances publiques djiboutiennes, nous considérons
qu’elle a la faculté diplomatique et la capacité pour faire
évoluer le régime actuel de M Ismaïl OMAR GUELLEH vers
une ouverture à la démocratie avec la nécessaire émergence
du respect des libertés publiques.

Une fois encore, nous
réaffirmons le fait incontestable que les événements
qui se sont déroulés dans la région du Nord Est de notre
pays – et qui pourraient s’étendre si le régime en place venait
à persister dans son enfermement politique – furent, sont et seront
demain une " affaire de Djiboutiens entre Djiboutiens ".

L’intérêt
géopolitique de la République de Djibouti est évident
pour les grands pays alors que l’émergence d’un État de Droit
et de " bonne gouvernance " doit être la priorité des
grandes diplomaties étrangères présentes sur notre sol
et qui disposent d’une influence indéniable.

Ceci fait donc obligation,
aux uns et aux autres, de mettre tout en œuvre afin d’éviter une
" togolisation " ou une " ivoirisation " de la situation
économique, sociale et politique dans notre pays.

Plus que jamais, chaque
geste entraîne après soi une responsabilité éternelle.

L’histoire récente
des pays d’Afrique le confirme, il y eut des gestes omis qui furent condamnés.
Au-delà des populations, c’est l’histoire qui l’a fait et le ferait
demain car elle a grande mémoire.

Bruxelles
le lundi 04 avril 2005.