07/04/05 (B292B) Djibouti / RFI / Présidentielle: la partie est jouée d’avance.

La campagne pour l’élection
présidentielle se termine comme elle a commencé: avec un seul
et unique candidat, le président sortant, Ismaël Omar Guelleh
qui visite les principales agglomérations du pays et qui appelle les
Djiboutiens à ne pas bouder les urnes.

La campagne officielle
pour l’élection présidentielle du vendredi 8 avril se referme
sans grand suspense. Le président sortant, Ismaël Omar Guelleh
est le seul candidat en lice pour ce scrutin. L’opposition dans son ensemble
ayant décidé de boycotter cette consultation, le président
Guelleh a la course gagnée d’avance. La seule inconnue est le
taux de participation. Ismaël Omar Guelleh est assuré de se succéder
à lui-même, malgré le ton très humble qu’il
a adopté lors de ses différents meetings en appelant ses concitoyens
à juger «si j’ai rempli mes engagements antérieurs
et de décider si je mérite le renouvellement de votre confiance»,
déclare-t-il. L’issue de la consultation ne fait aucun doute,
mais le clan présidentiel redoute la désertion des bureaux de
vote, ce qui ferait le jeu de l’opposition qui appelle au boycott du
scrutin.

Ismaël Omar Guelleh,
âgé de 58 ans, est le candidat de l’Union pour la majorité
présidentielle (UMP). En avril 1999, il avait été élu
pour un mandat de 6 ans en succédant à Hassan Gouled, le premier
président de Djibouti qui a accédé à l’indépendance
en 1977. Ismaël Omar Guelleh avait été élu avec
75% des suffrages. Il brigue son second et dernier mandat comme le stipule
la constitution. Le président, confortablement élu, dispose
également d’une majorité exclusive à l’assemblée
nationale. La mouvance présidentielle avait raflé la totalité
des 65 sièges de l’assemblée nationale à l’issue
des élections législatives du 10 janvier 2003. L’opposition
avait dénoncé une fraude massive.

L’opposition unie
boycotte

Le multipartisme intégral,
instauré en 2002 qui modifie un autre texte limitant le nombre de partis
politiques à quatre n’a pas changé la donne politique à
Djibouti. Le Front pour la restauration de l’unité de la démocratie
(Frud) qui avait lancé en 1991 une rébellion armée s’est
transformée en parti politique en en septembre 2002 et devient l’Alliance
républicaine pour le développement (ARD), le principal mouvement
de l’opposition. Son leader, Ahmed Dini Ahmed, ancien Premier ministre,
meurt en septembre 2004 et laisse l’opposition politique sans représentant
charismatique.

Le Mouvement pour le renouveau
démocratique (MRD), l’Union de la jeunesse djiboutienne (UJD)
et le Parti djiboutien pour le développement (PDD), ont chacun renoncé
à présenter un candidat et se retrouvent avec l’ARD au
sein d’une coalition, l’Union pour l’alternance démocratique
(UAD) pour former un bloc politique contre le pouvoir du président
Guelleh. Après avoir en vain demandé la refonte et la révision
des listes électorales qui datent du scrutin législatif contesté
de 2003 et la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante
(Ceni), l’opposition s’est résous à un boycott total
de la présidentielle du 8 mars. A son mot d’ordre s’associe
un autre mouvement en exil, «UGUTA Allons de l’avant», en
langue Afar. Houmed Daoud, le représentant à l’information
de ce mouvement publie un communiqué dans lequel il signale l’arrestation
de six personnes, accusées de faire campagne en faveur du boycott.

Depuis quelques jours
les autorités djiboutiennes ont lancé une campagne de sensibilisation
et de retrait des cartes d’électeurs au moment où les partis
de l’opposition signalent aux organisations de défense des droits
de l’Homme et à la communauté internationale toutes les
irrégularités qui empêchent, selon eux, un bon déroulement
du scrutin. En revanche, une vingtaine d’observateurs de la Ligue arabe,
de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie
sont déjà présents dans la capitale djiboutienne pour
vérifier le bon déroulement des opérations. Ils seront
secondés par des observateurs de l’Union européenne, du
Canada et des Etats-Unis et se répartiront la supervision des bureaux
de vote, deux cent-huit au total. Pour une population de 750 000 personnes,
un peu plus de 200 000 électeurs sont appelés aux urnes. Pour
l’opposition le nombre de bulletins nuls et les abstentions donneront
la mesure de «la crédibilité ou non de Guelleh.»

Didier
Samson