03/05/05 (B296) LDDH : des prisonniers politiques toujours incarcérés injustement à Djibouti.


Président de la LDDH

NOTE D’INFORMATION

DU 2 MAI 2005

 

Second « mandat présidentiel » sous les auspices

du 4 ème anniversaire d’un accord de paix violé

Beaucoup a été dit sur le contexte peu démocratique dans lequel s’est déroulée la présidentielle du 8 avril 2005, marquée par une candidature unique, un boycott massif et les traditionnels bourrages d’urnes, ôtant toute crédibilité à ce second mandat présidentiel.

Déplorant que les possibilités de tout changement politique pacifique offertes aux citoyens soient à ce point restreintes, la présente Note d’Information souhaite attirer l’attention sur les risques qu’une telle situation de blocage politique fait courir à une paix civile difficilement acquise : aucune stabilité ne peut être assurée tant que sera violé l’accord de paix du 12 mai 2001 instaurant, après une décennie de conflit armé, les premières véritables élections pluralistes.

  • Pour la première fois depuis longtemps, des prisonniers politiques arbitrairement arrêtés dans le cadre de la campagne présidentielle d’avril 2005, croupissent jusqu’à ce jour dans les geôles de Gabode : il s’agit de MM. Houssein Robleh Dabar, Awad Robleh et Abdi Osman dit Indhabour, cadres de l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ)

  • Les intolérables atteintes à la liberté d’expression, au fonctionnement normal d’un parti politique légalement constitué et au droit de vote renvoient à la persistance de réflexes de parti unique, et s’inscrivent dans le cadre général de la violation de l’accord de paix du 12 mai 2001.

  • Au niveau des réformes démocratiques, cet accord prévoit en son article 11 que soient revus le statut et la composition du Conseil Constitutionnel, afin que toutes les garanties d’impartialité soient assurées : ce point n’a jamais été appliqué. De même, l’article 16 prévoit la mise en place conjointe (FRUD-armé-Gouvernement) d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) : celle qui existe est une structure unilatéralement imposée par le pouvoir en place et composée de militants du RPP. Tout comme ont été violés l’article 10 relatif à la mise en place d’une Commission ad hoc chargé de distribuer des cartes d’identité nationale à tous ceux qui en sont abusivement privés et l’article 14 relatif à la liberté de la presse.
  • La Décentralisation , autre acquis majeur de l’accord de paix du 12 mai 2001, a été violée par le régime en place selon deux modalités ; d’une part, le projet de loi organique annexé au dit accord a été totalement dénaturé, par des amendements contraires aux dispositions de la Constitution, lors de son adoption par l’Assemblée Nationale, d’autre part, cette Loi amendée n’a encore trouvé aucun début d’application, faisant régulièrement l’objet d’une vague promesse.
  • Aucun programme cohérent n’a été dressé pour tous les points relatifs à la réhabilitation et à la reconstruction des zones affectées par le conflit. Plus gravement, les rares logements reconstruits à Obock dans ce cadre, sur financement extérieur, non seulement bafouent la dignité des nécessiteux par leurs dimensions lilliputiennes, mais sont attribuées sur la seule base de critères partisans. Les habitations détruites dans les villages de Randa et de Yoboki n’ont pour leur part bénéficié d’aucune reconstruction.
  • Au niveau de la Paix Civile et de la Sécurité, aucun programme de réinsertion des anciens combattants du FRUD-armé n’a été mis en place. Tout comme la réintégration des syndicalistes abusivement licenciés, préalable à un syndicalisme véritablement libre et sans lequel il est difficile de parler de « société civile », reste encore lettre morte.

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) consciente que dans une telle configuration, absolument rien ne permet d’avancer que ce mandat présidentiel pourra assurer la consolidation de la paix civile et le renforcement du processus démocratique, préalables indispensables à tout développement économique.

Fidèle à sa mission de prévention des conflits, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) tient à faire part de ses inquiétudes : sur quoi le chef de l’Etat pourra-t-il décemment prêter serment, lui qui n’a pas honoré celui solennellement pris le 12 mai 2001 de scrupuleusement veiller à l’application d’un accord de paix mettant fin à une décennie d’un regrettable et douloureux conflit armé interne ?

La LDDH est convaincue que seul le respect des engagements souscrits par les deux partis signataires pourra assurer la paix dont notre pays a tant besoin.