14/05/05 (B298) Nous devons lutter contre ces campagnes mensongères qui visent à nous faire croire que l’opposant digne de ce nom est l’ennemi de la République de Djibouti. (Mohamed Qayaad)

En lisant « Aussi loin aussi ingrat » paru dans Djibouti Demain du 31/03/05 , je suis frappé par les jugements impitoyables qui sont portés sur le respectable professeur et écrivain Abdourahman A Waberi, qui subit des attaques implacables de la part de cet auteur digne de mépris et d’opprobre.



Si l’on suit son raisonnement, tout un chacun peut, aujourd’hui, demain, se voir abusivement soupçonné de « haïr les djiboutiens », se voir accusé d’ « ingrat» pour avoir porté un regard critique sur le régime dictatorial de Djibouti ! D’autres vont le répéter. Et le tour est joué. Ce mot lâché, plus moyen de se laver de la souillure.

Dans  » Aussi loin    aussi ingrat  » l’auteur mystérieux peu courageux habité par la peur . Peur de qui ? Certainement de l’Histoire .Qui l’aurait jugée  « d’incitation directe et publique de la haine ou à de sérieuses atteintes  à l’intégrité mentale des opposants » Il  m’ est apparu comme un homme médiocre, suffisant, présomptueux, imbus de lui-même et parfaitement cynique..

A l’appui de citations tronquées, accompagnées de commentaires perfides, l’auteur  n’a pas de mots assez méchants pour transformer les personnes épinglées, en épouvantails repoussants.

Dans cet article, l’auteur s’en prend tout particulièrement à une personnalité publique – Abdourahman A Waberi – qui s’est fermement opposée, ces dernières années, au régime détestable djiboutien. Personnalité, donc, qui a élevé la voix, pour condamner les violations d’IOG. Personnalité tout ce qu’il y a d’humainement et moralement respectable mais considérée par cet auteur – qui lui défend effrontément les violeurs du droit – comme faisant partie de ce «noyaux durs d’ingrat » qui véhiculerait « une pensée unique», teintée « de djiboutophobie ».

Et celui-là il faut le bannir.



Et si les intellectuels djiboutiens peu courageux se couchent par pure couardise, il y a peu de chance que ce discours de haine, soit pris au sérieux par le grand public. Les gens ne sont plus aussi dupes !

Tout cela est parfaitement cynique. Mais,à force de diaboliser  « l’opposition », subrepticement, Abdourahman Waberi deviendra, aux yeux des djiboutiens qui se sont insensiblement pénétrés de ce « discours de haine » pernicieux, aussi dangereux que le djiboutien en rébellion contre la dictature. Qui versera une larme quand la milice d’IOG tentera d’assassiner  Waberi ? (Eh oui il est rentré  » sain et sauf  » mais qui sait,certainement pas la prochaine fois ).

Mais, là encore, c’est le pompier pyromane. Il n’y a pas plus manichéen que l’auteur de cet article. Il y a le camp des justes d’un côté, son camp et le camp des « anti-iog » de l’autre côté ; camp qu’il soupçonne « d’ingratitude ».

Irrévérencieux, on se demande quel démon de la méchanceté le travaille. D’où procède cette haine envers Abdourahman Waberi ?

Et d’abord, comment peut-on éprouver la haine ? Ou bien est-ce une attitude voulue, un choix délibéré parce qu’on se plaît à haïr les choses et les êtres, voire Dieu ?

On dirait, qu’à travers ce discours de haine, l’auteur met en jeu comme un désir d’autodestruction, et que le « fardeau du moi » est tellement pesant, que la seule solution de s’en sortir est la déraison.

Combien de temps les Djiboutiens vont-ils encore supporter sans réagir que des provocateurs et des manipulateurs à la solde d’IOG, qui se sentent finalement plus Djiboutiens que Waberi, continuent de fomenter des troubles pour diviser les citoyens ?

Ce discours de haine qualifié de propagande consiste à aire des amalgames et participe de ce processus de déshumanisation de l’écrivain,  qui conforte les intérêts de la clique au pouvoir à Djibouti . Processus qui va toujours de pair avec le lynchage de ceux qui osent contrecarrer leurs mensonges et appeler à plus d’humanité envers leurs compatriotes .

Quand ce plumitif qualifie Waberi, qu’il ne connaît pas, « d’ingrat », il se révèle être lui-même un prêcheur de haine magistral. Haine de ceux qui défendent des valeurs de justice et qu’il piétine allégrement. Haine de ceux qui ne partagent pas sa haine de l’anti-iog .

Ce discours de haine en plus d’être faux,est trompeur,donc nuisible.Puisque leurs promotteurs militent, c’est qu’ils espèrent convaincre. Les spécialistes de la communication parlent alors du pouvoir du discours,et affirment que les mots tuent.

En effet,ces discours de haine ne deviennent efficaces que dans les mains de l’Etat. L’endoctrinement de masse suppose un média de masse et plus précisément un diffuseur unique sans possibilité de critique, La Nation, L’ADI, DJIBOUTI DEMAIN,  par exemple .

Combien de personnalités respectables n’ont-elles pas déjà été salies, par le passé, par ce genre de simplifications ?  le philosophe Omar Osman Rabeh – pour ne citer que l’une des plus célèbres d’entre elles – a énormément souffert d’avoir été abusivement soupçonné « d’ingratitude », « de traîtise» et que sais-je encore .



En réalité, ce discours de haine vise à faire taire les défenseurs des opprimés djiboutiens qui critiquent le système tortionnaire ioguiste, et à durcir les lois qui permettraient de les bâillonner.

Vous l’avez compris, la critique de la politique tribale d’IOG et toutes les souffrances qu’elles génèrent,n’est pas acceptable pour cet auteur. Apporter son soutien à un Etat qui nie le droit d’exister aux Djiboutiens, ce n’est pas une position défendable. Qu’importe ! Il s’agit pour les Rifki, les Kenedid et les Chehem Watta de donner un coup de main à IOG au moment où, malgré tous les efforts déployés au dehors par ses défenseurs pour tenter de sauver son statut de victime et pour l’embellir, son image de « démocrate » s’effrite. On ne peut pas tromper le monde indéfiniment.



Nous devons refuser cette grille de lecture tendancieuse et régressive. Nous devons lutter contre ces campagnes mensongères qui visent à nous faire croire que l’opposant digne de ce nom  est l’ennemi de la République de Djibouti.

  Mohamed Qayaad