17/05/05 (B298) Le nouvel Observateur / Borrel : Chirac veut une instruction rapide.

Recevant son homologue djiboutien, le chef de l’Etat a souhaité que l’instruction sur la mort du juge Borrel soit menée « dans les meilleurs délais ».

Le président Jacques Chirac a évoqué mardi matin 17 mai le décès du juge Bernard Borrel avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, en souhaitant que l’instruction soit désormais menée « dans les meilleurs délais ».

Les avocats de la veuve de Bernard Borrel, Mes Olivier Morice et Laurent de Caunes, devaient demander dans la matinée à un juge d’instruction de Versailles (Yvelines) l’audition du président Guelleh en qualité de témoin, ont-ils annoncé dans un communiqué.

Le juge versaillais Thierry Bellancourt est chargé d’une enquête pour subornation de témoin dans laquelle des officiels djiboutiens auraient tenté de faire pression sur un témoin du dossier principal.

Celui-ci, qui porte sur les conditions du décès de Bernard Borrel, est instruit par la juge parisienne Sophie Clément.



« Scandaleux »



« Rien ne s’oppose à la convocation d’un président en exercice en qualité de témoin », rappellent les avocats qui jugent « scandaleux » que la France « tolère la venue de M. Guelleh » alors qu’Elisabeth Borrel attend « depuis dix ans » que « les commanditaires et les exécutants » du meurtre de son mari « soient enfin mis en cause ».

Bernard Borrel a été retrouvé mort et brûlé le 19 octobre 1995 face à l’Ile du Diable à Djibouti. Elisabeth Borrel soutient que son mari a été assassiné et accuse le président Ismaël Omar Guelleh d’être le commanditaire du crime.

Une version fermement contestée par Djibouti, où des premières investigations entreprises après la découverte du corps du magistrat ont conclu à son suicide. Une thèse appuyée par les premiers juges d’instruction français, mais mise à mal par de nouvelles expertises médico-légales qui concluent au meurtre de Bernard Borrel.



Pas de tensions



Selon son porte-parole de l’Elysée, Jérôme Bonnafont, Jacques Chirac « a rappelé que la justice est indépendante et conduit l’instruction dans le respect de ce principe ». Toutefois, a-t-il ajouté selon Jérôme Bonnafont, « le parquet demande au juge d’instruction de mener celle-ci, qui se prolonge depuis maintenant dix ans, dans les meilleurs délais ».

« Il n’y pas de tension entre nous et la France », a affirmé le président Guelleh en quittant l’Elysée.

Lors de leur entretien en tête-à-tête à l’Elysée, Jacques Chirac a rappelé que la France accordait « une importance particulière à Djibouti », premier bénéficiaire par tête de la coopération française en Afrique.

Leur discussion a porté sur la coopération entre les deux pays, sur les affaires africaines, et notamment la situation en Côte d’Ivoire, et sur le sommet du millénaire qui doit se tenir à l’ONU en septembre.

Unique candidat à sa succession, le président Ismaïl Omar Guelleh a été réélu le 7 avril dernier pour un second mandat de six ans. (Avec AP)