17/05/05 (B298) Lettre ouverte à Guelleh (Lecteur)

Ces modestes lignes n’ont pas pour ambition de présenter négativement votre bilan mais il s’agit juste d’une vision personnelle qui sera fondée pour certains et insensée pour d’autres.

Pour être très honnête, la situation actuelle de Djibouti est meilleure que la fin des années 90 mais la vie reste néanmoins très difficile pour bon nombres de nos compatriotes.

Le chômage est très élevé dans notre petite république qui compte pourtant moins d’un million d’habitants. Vous me direz qu’il est très difficile de faire baisser considérablement le chômage dans un pays dépourvu d’industries où l’Etat est le principal employeur, certes, mais le véritable problème qui crée un malaise social est l’injustice devant le chômage. L’accès à l’emploi est un véritable parcours de combattant pour certains. Croyez-vous qu’il est normal de rester inactif au minimum une année avec un bac +4 ou +5 dans notre chère république qui manque tant de personnels qualifiés. Il est vrai vous avez instaurer un système de concours pour éradiquer ce fléau qu’est le clientélisme mais en même temps vous vous en doutez qu’il est rarement respecté. Par exemple lorsque l’on recherche un cadre dans les finances, effectivement l’annonce est passée dans le journal la nation et le concours a bien lieu mais il est évident qu’une personne est déjà « réservée » pour ce poste.

Notre système sanitaire est inexistant et vous n’avez pas le droit de dire que tout va bien surtout pas dans ce secteur qui nous est très cher et vous le comprendrez bien. Qu’est-ce qui est plus important que la santé Monsieur le Président. Nous ne disposons pas d’un hôpital mais d’une morgue et il est d’ailleurs très déconseillé de tomber malade chez nous. Toutefois, je peux concevoir que vous faites des efforts pour améliorer cette situation mais il faudrait beaucoup plus, il faut que ça soit une priorité de chaque instant.

L’environnement, ah l’environnement ! C’est un bien grand mot chez nous. Je pense même qu’il n’existe pas dans notre vocabulaire. Est-ce un secret pour vous, Monsieur le Président, si je vous dis que notre capitale est une véritable décharge. Il ne fait pas bon vivre chez nous avec toutes ces odeurs omniprésentes et permanentes. Permettez-moi de vous lancer un défi.

Un jour en allant à votre lieu travail, essayer de prendre la route d’Arta, de passer par le rond point d’Engueila puis de continuer sur la route qui sépare le supermarché nougaprix et le marché, et tout cela la vitre de votre berline baissée. La vision de l’horreur et l’odeur vous dégoûteront tellement que vous réagirez aussitôt. Je suis persuadé que vous lisez dans le journal la nation toutes les « actions » du district pour garder notre ville propre mais ces articles ne sont destinés qu’à vous seul (ils vous montrent qu’ils agissent) puisque nous citoyens de base voyions que ce ne sont que des mensonges.

L’insalubrité est aussi due à la population flottante qui n’a d’autres choix que de faire ses besoins naturels sur les trottoirs. Limiter ce flux massif de cette population réduirait considérablement ce problème.

Aussi, il faudrait le reconnaître, la population djiboutoise est responsable de son environnement qui ne cesse de se détériorer. Mais avant de responsabiliser une population, il faut d’abord la sanctionner pour ses fautes et ce n’est qu’ensuite que le bon réflexe s’installe.

Il faut que chaque chef de quartier soit tenu responsable de la dégradation de l’environnement dans son quartier.

Notre Ministre de l’intérieur, qui n’a pas poursuivi son projet de limiter la présence exagérée d’une population immigrée (et partiellement exclue de la société civile, par manque de moyens), a perdu sa crédibilité dans la lutte contre l’immigration clandestine. Qui prendrait au sérieux ses appels à la télé. Lui -a-t-on mis des bâtons dans les roues ? C’est dommage pour son autorité.

La grogne des afars. Pourquoi pensez-vous que cette couche de la population se « plaint » toujours plus que d’autres. Après toutes les injustices qu’ils ont subies depuis l’indépendance et qu’ils continuent de subir, on se fait une raison. Le massacre d’Arhiba, les exécutions sommaires et viols dans le nord, la discrimination à l’emploi qui est beaucoup plus accentuée pour eux, le quartier d’Arhiba délaissé dans ses eaux stagnantes et puantes.

Il y avait déjà une usine d’eau minérale à Tadjoura et au lieu de la remettre en état de fonctionner (ce qui coûterait moins cher), vous décidez d’ouvrir une autre à Ali-Sabieh. Une cimenterie sera aussi mise en place dans cette même ville et rien au nord où le chômage est endémique. Comment voulez-vous qu’ils le prennent ?

Mais, je le souligne et j’insiste, cela ne veut pas dire que je suis contre la lutte pour la baisse du chômage à Ali-Sabieh bien au contraire. Comme vous l’a si bien dit un notable de cette région, faites la même chose pour toutes les régions.

Tendez-leurs votre main, Monsieur le Président, et vous dormirez mieux. Evitez les provocations.

Un conseil, lorsque vous décidez de faire un discours au nord, parlez-leur en français, votre message passera mieux, c’est le but non. Et, pour votre discours solennel de l’Aïd, n’excluez pas les non somali en parlant en somali, de grâce faites un discours en français parce que tout le monde ne comprend pas la langue somalie.

Le gouvernement ! Le gouvernement djiboutien est constitué de 19 ministres dont 10 issas, 6 afars, 1 issak, 1 gadaboursi et 1 arabe. C’est un fait qui serait acceptable s’il trouvait sa justification dans les talents ou dans l’expérience, mais nous savons tous que ce n’est pas le mérite qui fait vos Ministres, mais leur appartenance tribale et leur fidélité au système. Le plus regrettable est que la disparité est encore plus flagrante dans les administrations ou les établissements publiques.

Malgré tous mes critiques, je vous reconnais quelques mérites et quelques succès, mais ils sont si « minces » qu’ils ne compenseront jamais tout le mal que vous avez fait au pays.