30/06/05 (B304) RSF / ETHIOPIE : Reporters sans frontières exige l’abandon des charges contre quatre rédacteurs en chef.

Reporters sans frontières demande aux autorités éthiopiennes de « cesser de prendre les journalistes pour des boucs émissaires de l’instabilité du pays », après l’inculpation pour diffamation des rédacteurs en chef de quatre hebdomadaires paraissant à Addis Abéba. L’organisation estime que les autorités n’ont d’autre choix que d’ordonner l’abandon des charges pesant contre eux.



« Sous son vernis démocratique, le gouvernement de Meles Zenawi est perclu de tabous, a déclaré Reporters sans frontières. Une fois de plus, les journalistes payent le tribut d’un mauvais climat politique, sous le prétexte facile de la diffamation. L’information qui a valu aux quatre rédacteurs en chef d’être raflés puis inculpés a pourtant été confirmée par une agence de l’ONU. A moins d’estimer que le journalisme en soi est un crime, les autorités éthiopiennes doivent abandonner les charges pesant contre eux. »



Le 28 juin 2005 à 11 heures, Befekadu Moredo, Zelalem Gebre, Dawit Fassil et Tamrat Serbesa, respectivement rédacteur en chef des hebdomadaires en amharique Tomar, Menilik, Asqual et Satenaw, ont été interpellés et interrogés par la police. Il leur était reproché d’avoir rapporté que des pilotes de l’armée de l’air, en formation au Bélarus, avaient demandé l’asile politique, alors que l’Ethiopie était marquée par des violences post-électorales. Après avoir comparu devant un tribunal qui leur a signifié leur inculpation pour « diffamation », ils ont été libérés après sept heures de détention, contre le paiement d’une caution de 2 000 birrs (190 euros).



Selon l’agence nationale éthiopienne ENA, ils avaient été arrêtés à la demande du ministère de la Défense pour avoir « sali la bonne réputation » de celui-ci et « tenté d’éloigner l’armée du peuple éthiopien ». Les articles incriminés avaient paru la semaine précédente dans la presse locale et internationale, et la demande d’asile politique de huit pilotes éthiopiens avait été confirmée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).



Après les élections générales contestées du 15 mai, la police avait ouvert le feu sur des manifestants qui protestaient contre la victoire annoncée du parti du pouvoir. Le bilan était d’au moins 36 morts parmi les civils. Tomar, Menilik, Asqual et Satenaw avaient critiqué les brutalités policières et les rafles massives qui avaient accompagné ces manifestations.

Leonard VINCENT

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