01/08/05 (B309) Poème envoyé par un lecteur.

____________________ Note de l’ARDHD

Si le poème est incontestable, nous n’avons aucune précision sur les intentions ni les engagements de l’auteur. Cela dit, nous publions volontiers cette contribution (comme nous le faisons à chaque fois) dans la mesure où le message n’est pas contraire aux objectifs clairement affichés de l’ARDHD.
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Je dédie ce poème à un jeune Djiboutien qui habite à Bruxelles.

Ce jeune m’a surpris par sa réaction lors d’une sortie d’une fête djiboutienne à bruxelles le 23/07/05.

Deux amis étaient entrain d’échangés le nouveau Bi-annuel (journal du comité du MRD en Belgique) lorsque ce jeune s’est approché d’eux par curiosité. En voyant le sigle du MRD, il a d’un seul coup retiré sa main comme s’il était électrocuté et regardé autour de lui pour voir si la Bande de l’ambassade de Djibouti n’a pas vu la scène. Et enfin il s’est écarté des deux individus, illico presto. Où est-elle sa liberté de penser, sa dignité ? Les a-t-il acheté et combien coûte la renonciation de sa liberté, de sa dignité.

Combien des fois on a vu des djiboutiens excellés dans les débats sur la politique internationales au tour d’une table (politique somalienne, Iraq, politique française, …) et quittés la table subitement dès qu’une personne parle de la politique djiboutienne ou des derniers évènements à Djibouti.

Une personne sans liberté, sans dignité est-elle un être humain, ou un objet, un animal qui est la propriété de quelqu’un.

Liberté

Je vous ai vus vous prosterner aux portes de la cité et dans vos foyers pour aduler votre liberté, comme des esclaves qui s’humilient devant un tyran et l’adorent d’autant qu’il les opprime.

Oui, dans les jardins du temple et sous les murs de la citadelle, j’ai vu le plus libre d’entre vous porter sa liberté comme un joug et des bracelets de fer.

Et j’ai senti que mon cœur saignait, car vous ne serez vraiment libres que lorsque le désir d’être libre deviendra pour vous une entrave, et lorsque vous cesserez de parler de la liberté comme d’un but et d’une consécration.

Vous serez vraiment libres non pas seulement lorsque vos jours seront sans souci et vos nuits sans solitude ni chagrin, mais lorsque ces choses ne feront que ceindre votre vie et que vous vous élèverez au-dessus d’elles, nus et sans attaches.

Et comment pourrez-vous croître au-delà de vos jours et de vos nuits, si vous ne brisez pas les chaînes par lesquelles vous avez, aux premières lueurs de votre compréhension, dévié de la voie du jour?

En vérité ce que vous appelez liberté est la plus lourde des chaînes, et vous êtes éblouis par ses maillons qui brillent dans le soleil.

Ne vous faudra-t-il pas d’abord vous séparer de certaines parties de vous-mêmes si vous voulez être libres ?

S’il vous apparaît qu’il vous faut commencer par abolir une loi injuste, n’oubliez pas que c’est vous-mêmes qui l’avez inscrite sur votre front.

Et vous ne pourrez l’abolir en brûlant les livres de lois ni en lavant le front de vos juges, dussiez-vous user de toutes les eaux de l’océan.

S’il vous apparaît que c’est en renversant le despote que vous serez libres, assurez vous d’abord de détruire le trône que vous lui avez érigé dans votre cœur.

Car comment un tyran peut-il imposer sa loi à des êtres libres et fiers s’il n’existe pas une tyrannie au cœur de leur liberté et une honte au cœur de leur fierté ?

Et si c’est d’une inquiétude que vous voulez vous délivrer, n’oubliez pas que celle-ci fut bien moins imposée que choisie par vous-mêmes.

Et si c’est d’une peur que vous voulez vous affranchir, n’oubliez pas que cette peur a son siège en votre cœur et non dans la main que vous redoutez.

En vérité, tout ce qui se meut en vous-mêmes va par paires enlacées en une étreinte constante: ce que vous désirez va avec ce que vous redoutez, ce qui vous répugne, avec ce qui vous est agréable, ce que vous recherchez, avec ce que vous fuyez.

Ces choses se meuvent en vous en jeux d’ombres et de lumières où les unes ne vont pas sans les autres.

Et lorsqu’une ombre se dissipe et disparaît, la lumière rémanente devient l’ombre d’une autre lumière.

Et ainsi, lorsque plus rien n’enchaîne votre liberté,
Celle-ci devient-elle à son tour l’entrave d’une autre liberté.


Khalil Gibran

Je trouve ce texte très juste et si vrai…