30/09/05 (B318) Deux communiqués de SURVIE concernant le TCHAD et le TOGO et l’attitudes des autorités françaises.

TCHAD : communique SURVIE du 27 septembre 2005

« Tchad : silence de la France »

Il y a 60 jours, une quarantaine d’organisations africaines, américaines et européennes adressaient une Lettre ouverte à l’attention du ministre français des Affaires étrangères, du Commissaire européen au Développement et du Président de la Banque Mondiale. Cette Lettre mettait en lumière la dégradation de la situation au Tchad, l’emprisonnement de plusieurs journalistes indépendants ainsi que le discours du 14 juillet de l’Ambassadeur de France au Tchad, véritable feu vert pour les agressions contre la liberté de la presse du Président tchadien Idriss Déby.

Répondant le 16 août, la Banque mondiale s’est contentée de rappeler « l’importance de la liberté de la presse » et, de façon plus générale, « de l’accès du public à l’information dans le contexte du développement et de la lutte contre la pauvreté ».

Deux mois après, la Commission européenne nous assure de « son attachement à l’accès du public à l’information », en se disant prête à « soulever, dans le cadre du dialogue politique prévu par la Convention de Cotonou, et avec l’accord des Etats membres, la question de ces emprisonnements ».

Quant au ministre français des Affaires étrangères, celui-ci semble avoir jugé inutile de nous honorer d’une quelconque réponse à notre interpellation.

Les journalistes arrêtés et incarcérés au Tchad ont été remis en liberté le 27 septembre par la Cour d’appel de N’Djaména. Les organisations de défense des droits de l’Homme, jointes à N’djaména, nous avaient préalablement informés que le Président Déby avait décidé qu’il en serait ainsi. Il semble que la mobilisation sur la question ait contribué à cette libération. Elle aurait également obligé la communauté internationale, la France notamment, à exercer une amicale pression sur le pouvoir tchadien afin de mettre fin à une situation devenue embarrassante.

Nous invitons la communauté internationale à ouvrir les yeux sur la situation au Tchad au lieu de faire semblant de s’en soucier. Les intimidations à l’égard de la presse indépendante et les défenseurs de droits de l’homme, la dégradation de la situation socio-économique malgré l’arrivée des revenus pétroliers, enfin la récente révision de la constitution, sont des signes trop inquiétants pour l’avenir du pays pour ne pas être pris en compte par tout politique le concernant.

Lettre ouverte du 28 juillet 2005 initiée par l’association Survie.

Nous venons d’apprendre l’arrestation du directeur d’une radio privée tchadienne, journaliste d’origine iranienne résidant au Tchad depuis plusieurs décennies, qui serait menacé d’expulsion. Si elle est confirmée, elle sera l’illustration que l’accès du public à l’information est encore loin d’être une réalité tchadienne.

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TOGO : communiqué SURVIE du 28 septembre 2005

Togo : des rapports contradictoires.

La mission du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a enfin rendu public un rapport attendu depuis trois mois. Ce rapport attribue la responsabilité majeure des événements qui ont déchiré le Togo, de février à mai 2005, au pouvoir qui se maintient en place par la force. Le rapport de la commission d’enquête nationale sur ces mêmes événements, curieusement rendu public le lendemain, décharge les « autorités » togolaises de toute responsabilité.

La Mission du Haut commissariat aux droits de l’Homme chargée d’établir les faits qui ont déchiré le Togo du 5 février au 5 mai 2005 affirme que ses rencontres avec divers interlocuteurs ont « permis à la Mission de vérifier l’existence d’une réelle stratégie de la tension orchestrée par un groupe occulte au cœur du pouvoir : ce groupe, face à l’imprévu, semble s’être fixé comme horizon unique la conservation coûte que coûte du pouvoir ».

Diligenté par le gouvernement togolais, le rapport de la commission d’enquête nationale « sur l’élection présidentielle du 24 avril 2005 » rejette toute critique et nie un ensemble de faits (dont nombre sont relevés dans le rapport de mission du Haut commissariat aux droits de l’Homme) avérés.

Le ministère français des Affaires étrangères à déclaré, mardi, que la France étudiera le rapport du Haut commissariat avec ses partenaires de la communauté internationale. Nous sommes d’avis que la France devra se pencher sur l’affirmation du HCDH selon lequel « les déclarations d’amitié du Président français au défunt Président [togolais] et l’appui de la France au processus électoral ont été politiquement interprétés comme la confirmation du soutien de la France au pouvoir togolais ». Puis comparer les deux rapports, celui du HCDH et celui du pouvoir togolais, afin de se prononcer sur leurs valeurs comparées…

Le rapport de mission du HCDH devra être suivi par l’identification des principaux responsables des événements que ce rapport commence à cerner. Il conviendrait que la France, en liaison avec ses partenaires de la communauté internationale, préconise et obtienne que cet exercice soit exécuté afin que l’avenir du peuple togolais ne se fonde pas sur l’impunité de ceux qui prétendent le diriger.