30/09/05 (B318) Mohamed Aloumekhani répond à un lecteur dont nous avions publié un article critique. Il appelle les véritables opposants à être présents le 18 octobre au Palais de Justice de Paris pour défendre le Président de l’ARDHD et pour témoigner devant les journalistes de la situation à Djibouti.

J’ai lu avec soin les critiques qui ont été formulées, par un lecteur, à mon endroit sur votre site. Certes, je regrette que ce lecteur n’ait pas le même courage que celui de tous les membres du GED et qu’il agisse de façon anonyme, mais le courage n’est pas distribué de façon égalitaire..



 
J’ai bien compris qu’il s’agissait d’une provocation téléguidée et je n’ai pas l’intention de rester silencieux.



Au contraire, il me semble important de préciser ma position.

Bien entendu, que ce soient les dirigeants de l’UAD, du MRD, du FRUD, de l’ARD, d’UGUTA ou d’autres partis d’opposition, nous avons tous compris qu’il faudrait d’abord passer par la fin du régime dictatorial de Guelleh, pour pouvoir instaurer la démocratie dans notre pays et pour redonner au peuple les conditions du choix de ses dirigeants dans la liberté et la transparence, sans fraude électorale ni pression.

C’est dans cet esprit que nous avons pris l’initiative au GED d’appeler au rassemblement de tous les opposants sous la même bannière : « Le mouvement djiboutien de libération nationale », où nous invitons tous les opposants sincères à se réunir autour d’un même objectif : « Comment organiser et gérer la fin du régime de Guelleh ? ».


La manifestation devant l’Ambassade des Emirats Unis apparaît comme une erreur politique majeure, car comme l’écrivait votre lecteur : il ne faut pas se tromper de cible. C’est Guelleh et son régime qui sont notre cible et non pas les pays voisins.

S’il n’y avait pas Guelleh et son immense appétit d’enrichissement, Dubaï n’aurait pas reçu la concession du Port, de l’aéroport et des douanes. Les coupables ne sont pas les autorités de Dubaï, mais bien celles de Djibouti.

Le moment semble très mal choisi de manifester devant l’Ambassade des Emirats Unis alors que nous aurons besoin de l’aide, du soutien et de l’amitié de tous nos frères des pays voisins, pour remettre en marche la République et la Démocratie : il est inutile de nous le cacher !

Certes, au départ, l’intention des organisateurs de cette manifestation est louable, puisqu’ils cherchent à faire parler de la situation à Djibouti, des malversations commises par Guelleh et du durcissement du régime qui harcèle les travailleurs et les syndicalistes et qui violent les Droits de l’Homme. Mais ils se trompent simplement de lieu et de jour !


Je tiens à rappeler à tous les opposants qu’il ont une excellente occasion de médiatiser la situation à Djibouti, le 18 octobre devant le Tribunal de Paris qui devra statuer sur la plainte déposée par le Général Zakaria contre l’ARDHD. Avec mes amis du GED, nous avons aussitôt répondu « Présent ». La liste des témoins sincères et engagés est riche et je sais que nous ne serons pas les seuls, pour dire tout ce que nous avons vu, afin d’apporter notre soutien personnel au Président de l’ARDHD, qui contribue bénévolement depuis plus de huit années, à la communication active de tous les Djiboutiens de l’opposition et qui a toujours pris fait et cause pour toutes les victimes du régime et les opposants, sans exception et quels que soient les risques.


Entre bien d’autres qualités, je lui reconnais le courage mais surtout la persévérance pour continuer son action désintéressée et si utile pour nous tous. Chaque matin, je m’étonne qu’il ait encore envie de poursuivre la publication du site, alors que la reconnaissance, c’est le moins que l’on puisse dire, n’est pas toujours au rendez-vous.


Prenez par exemple, l’affaire du 18 octobre : que s’est-il passé ? En 2003, le jour de l’arrestation de DAF, fidèle à ses engagements, l’ARDHD a immédiatement pris fait et cause pour lui et a alerté l’opinion mondiale sur les conditions de son incarcération. Elle a publié les messages d’encouragement des lecteurs et relayé les appels à manifester. C’est bien ce que le Général Zakaria, l’un des piliers de la dictature, lui reproche.


Avez-vous jamais lu une ligne de remerciement de DAF sur le site du MRD ?


S’est-il exprimé dans le cadre de cette plainte et du procès ?


Viendra-t-il témoigner non seulement pour soutenir l’ARDHD, mais aussi, profitant de cette occasion pour s’exprimer publiquement sur la situation à Djibouti et sur son opposition ?


Je n’ai pas l’information définitive aujourd’hui, mais il semble bien qu’il n’y ait malheureusement qu’une seule réponse à toutes ces questions : « NON ».

Personnellement je regrette l’ingratitude de nos compatriotes dans cette affaire, car il ne sera pas le seul absent de marque parmi les dirigeants qui se réclament de l’opposition, FRUD, ARD, ….


Est-ce l’image que certains dirigeants Djiboutiens de l’opposition, se réclamant de la défense du peuple, souhaitent donner de notre pays ? Notre peuple est-il constitué d’ingrats, dénués du sens de la responsabilité et de la reconnaissance ? Certes non, mais ces dirigeants contribuent à propager et à institutionaliser « cette image dramatique » auprès de la communauté internationale et surout de ceux qui sont nos amis fidèles parmi les fidèles.


Triste image que nous donnerions de notre pays et de ses traditions d’amitié, de solidarité et d’ouverture, si nous n’étions pas présents ce jour-là !


Alors je demande simplement au lecteur qui s’est exprimé à mon sujet de nous préciser : qui est l’opposant sincère, travaillant sans ambiguïté pour la fin du régime et qui ne l’est pas ?


Je reconnais une nouvelle fois qu’il a raison de dire qu’il ne faut pas se tromper de cible : ce n’est pas DubaÏ, c’est bien Guelleh, notre problème ! Et personnellement, je ne me suis jamais trompé de cible.


Je suis certain que ce lecteur anonyme, (dont l’identité n’a pas été difficile à déterminer), mettra un point d’honneur à venir en personne, le 18 octobre pour défendre à nos côtés, le Président de l’ARDHD et pour témoigner de la situation que subissent nos compatriotes. S’il ne le faisait pas, serait-il encore utile qu’il prenne sa plume pour se positionner en donneur de leçons ?