01/10/05 (B318) UDT : 36 militants syndicaux licenciés au port et une douzaine sont encore incarcérés par le régime de Guelleh, sous la directive d’Abdourahman Borreh, qui viole tous les accords et toutes les conventions internationales sur le travail, pourtant signées et ratifiées par Djibouti.

COMMUNIQUE

Instaurée en règle de gestion de notre pays depuis près d’une décennie, La phobie antisyndicale a, encore une fois élargi son lot de victimes. Une fois de plus. Le dernier développement du conflit social entre le syndicat UTP (Union des Travailleurs du Port, affilié à l’UDT) et les autorités du port de Djibouti, est alarmant et inquiétant pour l’avenir.

Ce différend dégénère et aboutit à une catastrophe sociale pour des dizaines de travailleurs et leurs familles. Pourtant, la portée de ce conflit pourrait raisonnablement être limitée eu égard aux revendications, somme toute des plus banales, du syndicat.

Les sources du conflit:

Le 30 juin 2005, I’UTP adresse une lettre au ministre du transport et de l’équipement (ministre de tutelle). Le syndicat se plaint notamment:
– du non respect répété par les autorités portuaires, de la législation nationale et même du règlement intérieur du port, et ceci au détriment des travailleurs de cet établissement;
– D’une absence avérée de dialogue sincère de la part de ces mêmes autorités vis-à-vis du syndicat ce qui se traduit par des violations, par le port, des engagements formels signés lors de rencontres tripartites (port, ministère de l’emploi et syndicat).
– Des licenciements abusifs et des humiliations permanentes à l’égard des travailleurs, (humiliations opérées ou validées par la direction des ressources humaines).

Toutes ces allégations sont corroborées par des situations et des cas décrits avec beaucoup de précision ; des procès verbaux sont cités en référence.

Devant le mutisme du ministère sollicité, le conflit éclate et le syndicat appelle à la grève générale limitée pour le 14 septembre 2005. Toutes les procédures légales préalables sont respectées.

La gestion du conflit.

La grève ayant paralysé le port, les décideurs se résolvent à négocier. La situation se calme et les bases d’un dialogue social semblent jetées entre le port, le Ministre de l’emploi et le syndicat. Dans ce cadre, les parties conviennent d’une rencontre tripartite pour le 24 septembre 2005. Contre toute attente, les autorités du port boycottent celle-ci et décident d’employer la manière forte. Le même jour, 11 syndicalistes considérés comme les leaders sont licenciés. Les cartes d’accès au port leurs sont retirées par la police.

La grève reprend en réaction. Une répression sans merci s’abat alors sur les travailleurs. Les interpellations policières s’enchaînent. Près de 165 agents du port sont enfermés dans le tristement célèbre camp de détention de Nagad dans des conditions épouvantables, Ils seront soumis aux cruelles intimidations désormais classiques visant à les faire signer des documents incriminant les leaders syndicaux et l’engagement de ne plus jamais recourir à la grève.

Les demandes d’explications (document professionnel) leur sont distribuées par la police pendant qu’ils sont en détention. Les leaders, eux, sont détenus et interrogés dans les locaux de la police criminelle. Ils sont traduits devant une cour de justice à huit clos et sont envoyés en dépôt à la prison civil de Gabode depuis le mercredi 28 septembre 2005.

Le licenciement pour cause de grève touche à ce jour 36 personnes (voir ci dessous). Parmi eux figurent des travailleurs en congé maladie longue durée. Pour beaucoup d’entre eux ni préavis, ni indemnités ne sont accordés. Une douzaine de syndicalistes croupissent en prison (voir cidessous).

Nos sentiments face à cette nouvelle dérive

Tout porte à croire que le port règle ses comptes avec ses agents. Des propos menaçants et sans concession, ont été tenus à la télévision, par M. Abdourahman M.M. Boreh, commerçant de la place et président du l’Autorité du Port et de la D.D.P. Compte tenu de ses liens très étroits avec le tout puissant président de la République, il est à craindre que cette intervention n’augure rien d’encourageant en terme de paix sociale.

Nous avons toutes les raisons de croire que la purge n’est pas terminée et que bien d’autres travailleurs sont menacés de licenciement. Nous constatons avec consternation que l’usage de la force et la répression sont privilégiées en réponse au mécontentement de citoyens productifs et responsables. Nous appelons, tous les travailleurs, les défenseurs des droits humains, la communauté nationale et internationale à se solidariser avec les victimes de ce conflit et à agir de manière à ramener les autorités portuaires et le gouvernement à la raison.

L’UDT condamne vigoureusement ces violations flagrantes des droits syndicaux et humains. Ceci est à l’encontre des conventions de l’OIT relatives à la protection de travailleurs et à leur droit à se défendre en organisation. La république de Djibouti les a pourtant bel et bien ratifiées sans jamais vraiment se soucier de les appliquer.

Djibouti le 30 septembre 2005
Souleiman A. Mohamed
Secrétaire Général Adjoint.