18/10/05 (B320) Reuters : Appel collectif pour la « vérité » dans l’affaire Bernard Borrel.

17/10/2005 – 14h52

PARIS (Reuters) – Une cinquantaine de personnalités ont rendu public cette semaine un appel au gouvernement français pour qu’il déclassifie des documents « secret-défense » relatifs à la mort à Djibouti du juge Bernard Borrel en octobre 1995.

« L’Etat français doit désormais lever lui-même les obstacles qui jalonnent la procédure, notamment en remettant au juge la totalité des documents émanant des services de l’Etat et pouvant avoir un lien avec l’assassinat », écrivent-elles.

Parmi les signataires figurent le député PS Arnaud Montebourg, le député des Verts Noël Mamère, l’UDF François d’Aubert, des avocats, des magistrats français et étrangers, dont l’Espagnol Balthazar Garzon, et des intellectuels comme le cinéaste Claude Chabrol ou l’écrivain Gilles Perrault.

Le corps carbonisé du juge Borrel, coopérant français à Djibouti et conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien, a été retrouvé le 19 octobre 1995 à 80 kilomètres de la capitale.

L’hypothèse du suicide a été initialement privilégiée mais la justice s’est ensuite orientée vers la piste de l’assassinat, après des expertises médico-légales.

Des témoignages d’opposants djiboutiens, dont la validité est contestée par Djibouti, laissent penser que le chef d’Etat actuel du pays, Ismaël Omar Guelleh, pourrait être impliqué.

Début 2005, le gouvernement a livré à la juge Sophie Clément deux feuillets de documents secrets sur l’affaire, tout en gardant la confidentialité sur une quarantaine de feuillets.

Le dossier Borrel est important sur le plan diplomatique, Djibouti accueillant la principale base militaire française en Afrique. « Par crainte de perdre une base militaire française et une capacité d’intervention dans une zone sensible au plan géopolitique, tout a été tenté pour maquiller ce crime en suicide », affirment les signataires de l’appel.