19/10/05 (B320) Le procès du 18 octobre devant la 17ème Chambre correctionnelle de Paris aura permis pour la première fois, d’exposer publiquement devant un tribunal français et devant la presse, toutes les violations qui sont commises par le régime de Guelleh et par ses proches. Compte-rendu rapide d’une audience qui a duré 10 heures d’affilée et qui s’est terminée à 23h45. (Lecteur)

L’audience a été ouverte vers 14h30 devant une salle comble. De nombreux djiboutiens qui étaient venus soutenir l’ARDHD et son Président, donc des responsables ou représentants des partis d’opposition.

Le GED était représenté par cinq témoins : MM Iftin, Alhoumekani, Yassin et Picon et Monsieur Deberkalleh,

UGUTA – TOOSA, par Ali Coubba qui a témoigné,

L’ARD était représenté par M Houmed Maki (pas de témoignage)

Le FRUD par M Kadamy, (pas de témoignage)

L’Association des femmes victimes de viol, (pas de témoignage)

SURVIE, par Mme Claude Chenaud, (pas de témoignage)

RSF par Léonard Vincent, (pas de témoignage)

On a noté la présence de nombreux djiboutiens venus à titre individuel, dont Aïnaché et un lecteur qui avait fait spécialement le voyage depuis la Suède et qui mérite un grand remerciement. Que les autres m’excusent, mais je ne peux citer tout le monde.

Côté partie civile, comme à l’habitude, il y avait des représentants de l’Ambassade, dont le Chef de la sécurité et des gardes du corps, dont certains aux mines peu engageantes et aux muscles saillants… mais ce n’est pas l’objet de ma communication.

Monsieur Schaal est intervenu en premier. Il a répondu aux questions du Juge Bonnal et il a contesté un certain nombre de documents présentés par la partie civile. Ensuite il a demandé la parole pour faire une brève présentation de l’Association et de son rôle personnel. Il a ensuite expliqué son émotion de se retrouver en face d’un avocat qui l’accusait publiquement, alors qu’il lui avait sauvé la vie.

Cette situation paradoxale a vivement impressionné la Cour.

M. Schaal a expliqué ensuite que sa mission était de redonner la parole aux Djiboutiens qui en étaient privés et de mettre le site de l’Association à la disposition de tous. Il a confirmé en public qu’il endosserait toutes les responsabilités à titre personnel, mais qu’il se refusait catégoriquement à donner le nom ou l’identité des auteurs des contributions qui sont diffusées chaque jour, afin de prévenir des mesures de représailles sur les familles restées au pays.

Il a précisé le type de représailles qui sont courantes à Djibouti, mais il a précisé qu’à titre personnel, il n’avait rien contre le Général Zakaria, au sujet duquel les témoignages seront présentés.

Ali Coubba a parlé le premier, comme témoin. Il a lu des passages de son livre « Djibouti, une Nation en Otage » dans lesquels il raconte de façon poignante et sincère, les séances de torture qu’il a subies à la Villa Christophe. Son récit était poignant. Pour la première fois, dans une audience judiciaire, on évoquait la torture de façon concrète et vécue. Merci à lui.

Roger Picon a fait état du contenu de fiches de renseignements établies par les services français sur le Général Zakaria où l’on évoquerait de possibles liens avec Al-Quaïda et des détournements de fonds.

Ali Iftin, puis Alhoumekani ont parlé de la situation dans l’Armée et des détournements de fonds à l’Etat-Major : camions revendus en encaissant l’argent, trafic sur la nourriture des soldats en opération, etc…

Abdallah Deberkalleh a focalisé son témoignage sur les massacres de vieillards à la frontière avec le Somaliland et sur la responsabilité du Général Zakaria. Il a précisé qu’à son avis, le Général était aux ordres de Guelleh qui fut l’ordonnateur, Zakaria étant l’instrument d’exécution …

Abdourahman Yassin a donné des indications précises sur un détournement de fonds à l’Ambassade de Djibouti au Yémen, au profit de Zakaria et il a raconté comment fonctionnait la méthode de détournement, telle qu’un fonctionnaire la lui avait expliquée.

Maître Aref a ouvert les plaidoiries. Contraint par tous les témoignages à reconnaître tout ce que le Président de l’ARDHD avait fait pour lui, il a dit que cela n’était pas une raison pour ne pas respecter et la loi et qu’il montrerait à M Schaal qu’il fallait savoir s’arrêter.

Puis il s’est attaché à démontrer que depuis les accords de paix de mai 2001, (savait-il qu’ils étaient dénoncés depuis plusieurs jours par l’ARD et pour quel motif ?), la situation des Droits de l’homme à Djibouti avait connu des avancées fantastiques et que le régime avait ratifié de nombreuses conventions internationales dans ce domaine. Il n’a pas précisé si elles étaient appliquées. Puis il a parlé du pluralisme et de la liberté retrouvée de la presse. Bref !

Yves Lachaux (qui s’est prétendu « Défenseur des Droits de l’Homme), deuxième avocat de Zakaria a traité le fond du dossier, accusant, comme c’est son rôle M. Schaal des pires intentions et de sa volonté personnelle de nuire au Général Zakaria, prévenant par avance tous les moyens de défense : prescription, bonne foi, etc…

Le Procureur a pris la parole pour repréciser des points de droit et pour émettre des doutes sur certaines qualifications utilisées par la Défense, estimant que certains articles incriminés ne devrait pas pouvoir être poursuivi, parce que non injurieux et non diffamatoire. Il a rappelé que M Schaal ne pouvait pas être exonéré de sa responsabilité quant aux articles publiés sur l’ARDHD, mais qu’il serait difficile de le considérer comme responsable des articles publiés sur le site « contreminables ». Il a laissé au Tribunal toute latitude pour déterminer les responsabilités et les sanctions éventuelles.

Me Calatayud a pris la parole vers 23h. Ses 45 minutes de plaidoire ont été fort convaincantes et l’on a senti un regain d’intérêt au niveau de la Cour. Il a demandé la relax de Monsieur Schaal à plusieurs titres, bonne foi, imprécisions quant à la date de mise en ligne et à la réalité des articles dénoncées par la partie civile, …

Le jugement est mis en délibéré au 22 novembre.

A noter ! J’allais oublier le principal, la présence de Mme Borrel et de son conseil Me Olivier Morice qui sont restés pendant plus d’une demi-heure, afin de montrer leur soutien à M Schaal.